Blondel, Jean-Philippe « G229 » (2011)
Auteur : Jean-Philippe Blondel enseigne l’anglais dans un lycée près de Troyes depuis une vingtaine d’années.
Il mène en parallèle une carrière d’écrivain, en littérature générale : Et rester vivant (2011) G229 (2011), 06 h 41 (2013), Un hiver à Paris (2014). Mariages de Saison (2016), La mise à nu (2018), La grande escapade (2019) aux éditions Buchet-Chastel). Il publie en jeunesse chez Actes Sud Junior : Un endroit pour vivre, Au Rebond, Blog (prix NRP littérature jeunesse), (Re)Play ! (Prix des ados du salon Livres et Musiques de Deauville), Brise-glace (Prix des lycéens autrichiens, Prix RTS Littérature Ados, Prix des Lecteurs du Mans et de la Sarthe) et Double Jeu, Il est encore temps (2020)
Buchet-Chastel – 06.01.2011 – 240 pages
Résumé :
» Je vous ai accordé une salle. Une salle, vous savez, ça n’a pas de prix. C’est la 229, bâtiment G. G229. Allez chercher la clé chez la concierge. Bon, je crois que cet entretien est terminé. Nous nous croiserons souvent désormais. Bienvenue ici. » Je remercie le proviseur, mais il ne m’écoute déjà plus. Un proviseur, ça a beaucoup de choses à penser. Un prof, non.. Un prof, ça ne pense qu’à une chose, ses classes. Puis soudain, il est de nouveau là, présent. Il me fixe. Il dit : » Le plus dur, dans le métier, vous savez, c’est de manier le on et le je. » Je réponds que euh, je ne suis pas sûr de comprendre. » C’est une institution, l’école. Vous entrez dans un bulldozer. Il faut arriver à en devenir membre sans perdre son individualité. Ce n’est pas aussi facile qu’on le croit, vous verrez. Le on et le je. Réfléchissez-y. Bonne chance ! »
Mon avis :
J’aime bien l’univers de Blondel. Cette fois-ci il nous invite en « salle G229 ». La salle G229, c’est l’univers professionnel d’un enseignant, un prof d’anglais de lycée. C’est aussi une vie de prof à l’extérieur du lycée. Au départ, son rêve était de partir au loin … en Amérique du Sud. La vie en a décidé autrement… il n’a jamais quitté la salle G229, une salle dans laquelle les élèves se sont succédés… il les a vu passer, puis il a eu en classe les enfants de ses élèves. Il nous parle de sa vie de prof, de ses angoisses, de son quotidien, de ses joies et de ses déceptions. Il nous parle aussi de la vie du temps des cassettes et des virées entre amis, des voyages d’étude. Il parle aussi des relations humaines, des liens qui lient un prof et ses élèves, même une fois le temps du lycée passé.
Un livre humain, tendre et désenchanté parfois, un livre sur le métier de prof qui est pour ce prof une vocation, sur ses moments de bonheur et ses moments de doute. UN joli retour en arrière vers les années lycée.
Extraits :
Le lycée ne devait être qu’un point de passage. Un tremplin vers l’ailleurs. L’ailleurs se sera finalement évaporé ici.
Les forts en gueule, les timides, les gros, les grands, les maigres, les roux, les blonds, les bruns, les punks, les émos, les métals, les rien-du-tout, les riches, les pauvres, les blancs, les noirs, les beurs, les filles, les garçons, les enthousiastes, les blasés, les pleurnicheurs, les rieurs, les indéfinissables. Ils passent. Ils marquent. Ils s’effacent. Parfois ils manquent.
« Le plus dur, dans le métier, vous savez, c’est de manier le on et le je. » Je réponds que euh, je ne suis pas sûr de comprendre. « C’est une institution, l’école. Vous entrez dans un bulldozer. Il faut arriver à en devenir membre sans perdre son individualité. Ce n’est pas aussi facile qu’on le croit, vous verrez. Le on et le je. Réfléchissez-y. Bonne chance ! »
Ou les titres du journal de vingt heures, tendance suicidons-nous pendant qu’il en est encore temps.
Le drame, c’est le fondement de l’adolescence. Le léger paraît trop léger. Le léger, c’est après qu’on en a besoin, quand les relations humaines deviennent compliquées et les problèmes quotidiens difficilement gérables.
Ils ne parlent plus du roman, ils parlent d’eux, le roman vit en eux, les personnages les hantent, l’année se termine et leur scolarité aussi, ils sont au bord, tout au bord de ce que sera leur existence, ils sont happés par l’avenir mais ils voudraient encore regarder en arrière, une dernière fois
Etre prof, c’est être quitté tous les ans, et faire avec.
On décide quand même d’organiser un voyage pédagogique, parce que c’est important, parce que l’anglais est une langue vivante et que cette langue vivante, il faut la voir vivre à défaut de la parler, puisque les élèves la parleront très peu durant le séjour, à part avec leurs enseignants
On n’a plus qu’une envie : rentrer. Retrouver, à la maison, des preuves de sentiments puissants. Enfouir sa tête dans le creux de l’épaule de sa femme.
Inspecteur, ils savent – celui qui arrête, qui interroge, qui juge, qui cherche la petite bête et qui la trouve. Police, éducation, même combat.