Heller, Peter « La rivière » (2021)

Heller, Peter « La rivière » (2021)

Auteur : né le 13 février 1959 à New York, est un écrivain américain de récits d’aventures et de romans. Il vit actuellement à Denver.Poète, grand reporter nature et aventure, ardent pratiquant du kayak, de la pêche et du surf, et adepte des voyages à sensations fortes, Peter Heller est devenu romancier avec son page-turner post-apocalyptique et néanmoins solaire, La Constellation du chien (2013) et salué comme une révélation. Talent confirmé par Peindre, pêcher et laisser mourir (2015), Céline (2015 et 2019), La Rivière (2021)

Actes Sud – 05.05.2021 – 295 pages Céline Leroy (Traductrice), Rodica Prato (Cartographe)

Résumé :
Wynn et Jack, étudiants en pleine possession de leurs moyens, s’offrent enfin la virée en canoë de leurs rêves sur le mythique fleuve Maskwa, dans le Nord du Canada. Ils ont pour eux la connaissance intime de la nature, l’expertise des rapides et la confiance d’une amitié solide. Mais quand, à l’horizon, s’élève la menace d’un tout-puissant feu de forêt, le rêve commence à virer au cauchemar, qui transforme la balade contemplative en course contre la montre.

Ils ignorent que ce n’est que le début de l’épreuve. Parce que toujours ses histoires, profondément humaines, sont prétextes à s’immerger dans la beauté des paysages, et parce qu’il a lui-même descendu quelques-unes des rivières les plus dangereuses de la planète, Peter Heller dose et alterne admirablement les moments suspendus, l’émerveillement, la présence à l’instant, et le surgissement de la peur, les accélérations cardiaques, la montée de l’adrénaline.

Ses descriptions relèvent d’une osmose enchanteresse avec la nature ; ses rebondissements, d’une maîtrise quasi sadique de l’engrenage. Ce cocktail redoutablement efficace — suspense et poésie — est sa marque de fabrique. La Rivière n’y déroge pas.

Mon avis : C’est mon été canoé-kayac …
Après le magnifique voyage en compagnie de Weymouth, Adam Weymouth  «Les rois du Yukon – Trois mille kilomètres en canoë à travers l’Alaska » et le coup de cœur absolu pour le livre de Taylor Brown  « Le fleuve des rois » (2021)  , je me réjouissait de lire ce livre que m’avait très chaudement recommandé une très chère amie. Et là… immense déception … Je n’ai pas du tout aimé ce livre, pas aimé la façon d’écrire… enfin la sauce n’a absolument pas pris.
Je m’attendais à un livre sur la nature, mais la nature est passée totalement au second plan et les descriptions techniques et le coté thriller/chasse à l’homme ont nettement dominé le récit…
Mais pour qui veut se lancer dans l’aventure sportive : le matériel est super bien décrit… Alors certes il y a une belle histoire d’amitié, il y a la lutte pour la survie (pour échapper aux flammes – et surtout au méchant armé d’un fusil  – lutte aussi contre le temps pour sauver la vie d’une femme blessée) mais mis à part quelques belles phrases sur le feu, j’ai eu l’impression de suivre le côté expédition en canoé de deux gars qui sont dans le pétrin jusqu’au coup… Cela m’a aussi sacrément fait penser au livre Délivrance…
Bref, pour moi le flop (presque)  total.

Extraits :

Wynn et lui avaient cela en commun, un regard littéraire posé sur le monde. Ou au moins un amour des livres, de la poésie, de la fiction et des récits d’expédition.

Mais il y avait aussi du brouillard. Le vent le déchira pour en faire une brume épaisse sans pour autant le dissiper. Ils n’avaient jamais rien vu de tel.

C’était ça, l’aventure : affronter des dangers qu’on n’avait pas envisagés.

Un ours donnait un coup de griffe, mordait et déchiquetait, il ne donnait pas un coup de matraque et un coup de poing avant de luxer une épaule.

“Ton problème, c’est que tu as la foi. Tu crois tout et tout le monde. Tu as foi dans l’univers. Tout le monde est gentil jusqu’à preuve du contraire. Tu es une espèce de chiot, en fait.”

Les aurores boréales venaient juste de lui montrer ce que la fournaise et les étincelles feraient quand elles bondiraient par-dessus la rivière. C’était comme un présage – ou plutôt : une bande-annonce – et c’était comme si chaque fragment, chaque respiration de la nuit était emplie de chant – et de silence. C’était terrifiant et d’une beauté inqualifiable.

[…] aux yeux des Cree et d’autres populations du Nord, ces lumières étaient les esprits des morts qui venaient juger les vivants, de sorte que, quand apparaissaient les aurores, les gens laissaient les enfants les moins sages à l’intérieur des maisons pour ne pas offenser les ancêtres.

À cet endroit, la rivière coulait entre deux parois d’arbres noirs, ce qui rendait le crépuscule encore plus épais. Ils sentaient l’odeur des épicéas, piquante et froide, comme si les arbres soupiraient à la fin d’une longue journée.

L’embrasement ne fut pas total, sinon ils n’auraient plus été là. Mais ils sentirent passer les bourrasques et entendirent les arbres s’embraser et pousser des hurlements inhumains à moins qu’ils ne viennent d’un esprit tourmenté, une flambée, un craquement de protestation, et les branches carbonisées qui tombaient sur la barre de gravier. Et le vent retomba. Cette férocité. Pareille à une expiration.

Il était toujours fasciné par l’implacabilité et la violence de la nature. Si belle et totalement insouciante. C’était fascinant. La complexité de son intelligence aussi. Son équilibre. Ses compensations discrètes. À croire qu’une justice anonyme régnait partout. Il ne s’avancerait pas davantage. Mais comparée aux mécanismes de la nature, l’intelligence vorace et autosatisfaite des humains paraissait bien faible, pas plus grande.

Informations :

Les Adirondacks : Les monts Adirondacks sont un massif cristallin dans le nord-est de l’État de New York. Situés dans le prolongement des montagnes Appalaches, ils sont pourtant géologiquement constitués des mêmes roches que les monts Laurentides du Canada. Ils sont bordés à l’est par le lac Champlain et le lac George, qui les séparent des montagnes Vertes (Vermont). La limite sud est constituée par la vallée de la Mohawk. Au-delà de la rivière Noire, on trouve à l’ouest le plateau de Tug Hill, et au nord le fleuve Saint-Laurent. Les Adirondacks représentent un cinquième de la superficie de l’État de New York et comptent 4 000 cours d’eau.

Vocabulaire :
épilobe : espèce de plantes herbacées vivaces du genre Epilobium de la famille des Onagraceae. On trouve cette espèce dans toutes les zones tempérées de l’hémisphère nord.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *