Philippon, Benoît « Joueuse » (2020) 246 pages

Philippon, Benoît « Joueuse » (2020) 246 pages

Auteur : Né en 1976, Benoît Philippon grandit en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. Il devient scénariste puis réalisateur pour le cinéma. Après « Cabossé » (2016) publié dans la Série Noir et Mamie Luger (2018), il publie « Joueuse » (2020) puis « Petiote » (2022)

Editions Les Arènes – 04.03.2020 – 365 pages / Livre de poche – 10.03.2021 – 346 pages

Résumé :

Maxine est une de ces femmes à qui rien ne résiste. Elle tombe sous le charme de Zack, joueur de poker professionnel comme elle, mais elle n’en montre rien. Un manipulateur professionnel ne dévoile jamais son jeu. Maxine propose à Zack une alliance contre un concurrent redoutable. Piège ou vengeance… Zack n’en sait rien. Mais comment résister à la tentation du jeu ? Maxine est une tornade qui défie le monde Joueuse est une partie de poker virtuose où chacun mise sa vie.
Un nouveau livre jubilatoire, teigneux, drôle et renversant, de Benoît Philippon, l’auteur du best-seller Mamie Luger, qui décidément aime les héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux.

Mon avis :

Une fois encore une femme à l’honneur. Après Guillemette et Berthe (Mamie Luger) j’ai fait connaissance d’une autre forte femme (en apparence), Maxine. Une fois encore une rencontre réussie avec des personnages « cabossés » dont il a le secret. Une fêlée dans tous les sens du terme : elle est un peu folle mais surtout elle est fissurée de partout, et même fracturée. Et malgré ce passé que l’on soupçonne plus que sombre, elle avance, elle est plus que là.. et elle assure !
Quant aux autres personnages, eux-aussi partent de loin… Entre Zack qui a été élevé dans l’optique « manipulation et mensonge », Jean le gamin surdoué et Baloo, le colosse noir, … on ne peut pas dire que ce sont des personnages qui ont eu un parcours facile et conventionnel…

Et surtout le thème principal de livre : l’atteinte à l’intégrité des femmes, le viol, la maltraitance des femmes et des enfants… Voilà pourquoi il a été étiqueté auteur féministe.
Et toujours ce coté O.L.N.I … toujours aussi déjanté, mais avec une humanité qui va au-dessus de tout.

Extraits :

Dès que ça nécessitait réflexe, stratégie, veine, arnaque, il lui expliquait les rouages. Son vieux lui a tout appris, de l’appât du gain à la méfiance de l’adversaire. Il lui rabâchait que la société est fondée sur le mensonge : « L’État t’arnaque, les impôts te volent, ton patron te ment, ta femme te trompe, y a pas de raison de rentrer dans le rang. T’es pas un mouton. Sauf si t’as un penchant pour les abattoirs. Tu veux finir à l’abattoir, toi ? »

 

« Le système, t’es forcé d’y participer, que tu le veuilles ou non. Par contre, y a des moyens de tirer ton épingle du jeu et d’en sortir gagnant. Faut pas hésiter à la jouer tordue. Eux se privent pas, toi non plus. On appelle ça la manipulation. Faut bien connaître les règles, pour mieux les contourner. Tout est question de mensonge.

Il arrive qu’elle oublie son rouge à lèvres mais jamais elle ne sort sans son .45 au fond de son sac.

Il se trouve que la belle n’a de la biche que les yeux, a suivi de longues heures de cours de self-defense, hostilité de l’époque oblige, et n’aime pas, mais alors pas du tout, les mains baladeuses.

La séduction est un jeu. Comme au poker, il faut en maîtriser les règles pour se donner des chances de conclure. La première : choisir le lieu propice et le bon timing qui rendra l’adversaire moins combatif.

Sous le vernis de son attractive apparence s’alignent les cicatrices. Sa faille, elle a choisi de l’enfouir, là où elle a mal.

Pour connaître le droit chemin, faut aussi avoir fréquenté le mauvais, non ? Sinon on fait pas la différence.

Elle se ment en se disant qu’elle prépare son mental, sachant bien, au fond d’elle-même, lors de rares éclairs de lucidité, qu’elle se saborde en s’abrutissant. Telle une alcoolique à coups d’ivresse, elle croit se donner du courage en faisant l’inverse : elle alimente sa peur.

Maxine a réussi, d’une pierre deux coups, à traumatiser deux connards de machos en les mettant dans la peau d’une femme victime de viol.

 

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