Bourcy, Thierry – Soulié François-Henri « Le songe de l’astronome»(2016)
Thierry Bourcy est auteur et scénariste, né le 22 juin 1955 à Vannes, dans le Morbihan, est un écrivain, scénariste et dramaturge français. Il a publié plusieurs romans policiers historiques ayant pour héros Célestin Louise, flic et soldat de la Première Guerre mondiale.. Il a reçu le prix de Saint-Maur en poche en 2010 pour Le Château d’Amberville.
François-Henri Soulié est un homme de théâtre aux multiples casquettes: écrivain, comédien, marionnettiste, scénographe, metteur en scène et scénariste.
Il a reçu le prix du premier roman du festival de Beaune en 2016 pour Il n’y a pas de passé simple, paru aux éditions du Masque.
Romans : Série policière historique Les Aventures de Célestin Louise, flic et soldat
Autres romans : Il était tout froid dans l’est (2015) – La Mort de Clara (2015)
Série policière Les aventures de Skander Corsaro : Il n’y a pas de passé simple – Un futur plus que parfait – Le présent n’a plus le temps – Impératif imprévu
Série policière historique Capitaine Joseph Kassov : Le Songe de l’astronome (2016) – La Conspiration du globe (2017) – Ils ont tué Ravaillac (2018)
Série historique Occitania : Angélus (2020) – Magnificat (2021) – Requiem (2022)
10/18 – 1.09.2016 – 260 pages (tome 1)
Résumé : L’Empereur Rodolphe II de Habsbourg organise une somptueuse fête dans son château de Prague, à l’occasion de laquelle le grand astronome, astrologue et alchimiste Tycho Brahé doit présenter sa nouvelle conception du cosmos. Au nombre des prestigieux invités, le peintre Spranger, l’astronome Kepler, assistant du Maître, Sophie, la sœur de Tycho, le médecin et alchimiste Michael Maier, l’ambassadeur de Suède le chevalier Gustaf Löwenhielm, ainsi qu’un représentant de l’Église, l’inquisiteur Robert Bellarmin, connu pour avoir envoyé le philosophe copernicien Giordano Bruno au bûcher.
L’enjeu est de taille : savoir si le grand astronome fait tourner le soleil autour de la Terre, ou l’inverse, ce qui serait une hérésie… Mais lorsque l’homme de science est retrouvé empoisonné dans le cabinet de monstruosités du château, le prince décide d’enfermer tous ses invités jusqu’à ce que le coupable soit démasqué.
Mon avis : Bienvenue dans l’Europe du début du XVIIe siècle (1601) et plus particulièrement dans la belle ville de Prague où se situe le roman, et où Tycho Brahé finira sa vie de manière plutôt brutale (la question de sa mort naturelle ou pas fait toujours débat mais il semblerait que ce soit la théorie de la mort naturelle qui l’emporte) Ce presque huis-clos historique qui met en lumière le personnage trop peu connu – à mon avis – de Tycho Brahé, astronome danois, personnage intéressant au nez d’or, mathématicien Impérial de la cour de l’empereur Rodolphe II, astronome, féru d’astrologie…(je vous invite à aller sur Wikipédia pour en apprendre plus sur ce personnage) En fin de vie il aura pour assistant un certain … Johannes Kepler dont le nom est nettement plus connu… Ce roman est un chaudron dans lequel se mêlent des ingrédients tels que les secrets, intrigues, complots, agents secrets, mensonges, dissimulation, faux-semblants, meurtres, poisons, de mythologie aussi … Il y a un net coté ésotérique dans le livre, mais c’est on ne peut plus logique quand on parle d’alchimie… Pour ce qui est de la science et de ses avancées, il y a encore fort à faire pour que les hypothèses s’imposent quand en face, il y a l’Eglise… Le contexte politique et artistique est également très présent, ce qui est un atout majeur pour moi. On y retrouve l’inquisiteur Bellarmin, on y parle des massacres et des victimes de l’Inquisition, de la peur, de la responsabilité de l’Eglise dans les bains de sang , Eglise qui reproche la clémence envers les luthériens. Coté artistique, rencontre avec Caravaggio (le Caravage) … encore à ses débuts… , Archimboldo…
J’ai bien aimé ce premier tome des enquêtes du Capitaine Joseph Kassov . On côtoie du beau monde à la cour de l’empereur Rodolphe II, mais sous le vernis, ils sont tous plus pourris les uns que les autres…
Extraits :
Au fil des mois, l’Art de Musique, comme on surnommait l’alchimie, prenait dans l’esprit du prince une importance de plus en plus grande. Sa bibliothèque s’était enrichie de quantité de vieux grimoires ésotériques qui parlaient de soufre et de mercure, de lion vert, d’œuf et de vaisseau. Cette quête-là, au fond, le satisfaisait plus, elle le prenait tout entier, corps et âme : la permutation qui mène à l’or philosophal, c’est d’abord la transformation de soi-même. Et peut-être un terme à cette anxiété qui le minait.
l’astronome sortit d’un tiroir un coffret enfermant un paquet de cartes portant chacune un numéro et un nom : les lames du Tarot des avatars, dont certains prétendaient qu’il venait de l’Égypte des pharaons. Il ôta avec précaution les cartes de leur écrin, battit le jeu, le coupa et tira quatre lames qu’il disposa en croix. Il y eut d’abord l’Étoile, qui lui était familière, et à sa droite la Lune. Devant lui se plaça l’Hermite, l’image du vieux philosophe cherchant sa vérité à la lumière de sa modeste lanterne, et il pensa à la Pierre philosophale. Enfin, tout en haut, le Pape, une autre image paternelle,
Car c’était évidemment le Soleil qui tournait autour de la Terre et non pas l’inverse, comme le soutenait ce petit roquet myope de Kepler !
Au fil du temps le nain était devenu une sorte de miroir de l’astronome. Un miroir étrange qui devinait ses pensées et pouvait s’exprimer à sa place.
Connais-tu ce dicton latin qui dit que la roche Tarpéienne est proche du Capitole ?
Un caprice, pour un prince, est un ordre qu’il se donne à lui-même. C’est-à-dire qu’il devient de facto une obligation pour tous.
Il s’appellerait donc Giuseppe. En dialecte vénitien cela devint « Seppe » et enfin Jepp, lorsque des années plus tard, il arriva en Flandres dans les bagages de l’ambassadeur hollandais.
Il est toujours amusant de constater combien un homme doté de certaines capacités intellectuelles en semble tout à fait dépourvu lorsque cela touche au domaine du sentiment.
— L’astrologie est la putain qui fait le trottoir du ciel pour permettre à sa noble maîtresse l’astronomie de poursuivre ses travaux.
il venait de refermer la couverture d’un livre dont la lecture l’avait passionné mais dont la fin le laissait étrangement inassouvi. Un mélange bizarre de soulagement et de regret. Le drame achevé se dénouait dans sa tête avec l’évidente simplicité d’un fil d’Ariane. Sans le formuler tout à fait, Kassov se désolait au fond de son cœur que les causes dérisoires qu’il avait découvertes eussent des effets aussi lamentables. Tant de morts qui auraient pu être évitées !
Vocabulaire et Informations :
Athanor : Fourneau dans lequel les alchimistes placent le récipient qui contient la matière de la pierre philosophale.
En latin « arx Tarpeia Capitoli proxima. »
Le Capitole est le cœur du pouvoir religieux de la République romaine. Sur cette même colline se trouve la roche Tarpéienne d’où les condamnés à mort étaient précipités pour l’exécution de leur condamnation.
n entendant les cris des oies du Capitole depuis sa maison, Marcus Manlius Capitolinus, en 390 avant J.C., partit à l’assaut des Gaulois qui tentaient d’envahir discrètement la colline et, ainsi, sauva Rome. Manlius fut couvert d’honneurs. Cependant, il fut peu après accusé de tenter de se faire sacrer roi et fut jeté de la roche Tarpéienne.
(source : Wiktionnaire)
Vertumne, dont le nom signifie « tourner, changer », est le dieu des jardins et des vergers dans la mythologie romaine. D’origine étrusque, son culte fut adopté par les romains qui lui construisirent un temple à Rome, près du marché aux légumes et aux fruits dont il était le dieu tutélaire. Il est principalement connu pour son amour pour la nymphe Pomone et la cour déguisée qu’il lui fit pour en faire son épouse. Le festival consacré à Vertumne s’appelait Vertumnalia et avait eu lieu le 13 août.
Méduse (ou Medusa dans sa version italienne d’origine) est le titre donné à deux peintures à l’huile sur toile de lin du peintre lombard Caravage, l’une exécutée vers 1597, puis en 1597 ou 1598 pour la seconde version. Ces œuvres sont montées sur des boucliers de parade en bois de peuplier.