Sansom, C.J. « Révolution » (2020)
Auteur : Né en 1952 à Édimbourg, Sansom a suivi ses études à l’université de Birmingham, où il a obtenu un Bachelor of Arts (Licence) et un Ph.D. (Doctorat) en Histoire. Après de multiples emplois, il a décidé de se « recycler » en tant qu’avocat-conseil. Il a quitté son travail afin de devenir écrivain à temps plein.
Les Larmes du diable a gagné le prix Ellis Peters du roman historique décerné par la Crime Writers’ Association en 2005 et il fut finaliste du même prix pour ses romans Dissolution et Prophétie.
La plupart de ses livres se déroulent au XVIe siècle et son personnage principal est l’avocat Matthew Shardlake, qui travaille pour lord Thomas Cromwell dans les deux premiers romans de la série, puis pour l’Archevêque Thomas Cranmer dans les deux suivants et enfin pour la reine Catherine Parr dans le dernier. Il a également écrit « Un hiver à Madrid » qui est un thriller d’espionnage qui se déroule en Espagne en 1940 et « Dominion » ( Et si les nazis avait conquis l’Angleterre ? Et si la Seconde Guerre mondiale avait pris fin en 1940 ? Soudain, l’Histoire prend un tout autre tournant…)
Du même auteur : « Un hiver à Madrid » (2008) – « Dominion » (2014)
Série « Matthew Shardlake » : Page sur la série – Dissolution (2004) – Les Larmes du diable (2005) – Sang royal( 2007) – Prophétie( 2009) – Corruption(2011) – Lamentation( 2016) – Révolution( 2020)
Tome 7 « Révolution »
Belfond – 5-11-2020 – 1104 pages (Tombland, 2018) – Pocket – 25.11.2021 – 1363 pages
Résumé : Mêlant histoire et suspense, une nouvelle enquête de Matthew Shardlake, l’avocat bossu, humaniste et brillant. 1549, la révolte gronde dans les campagnes anglaises, et Shardlake enquête sur un meurtre mystérieux qui pourrait remettre en cause toutes ses certitudes… Toujours aussi haletant, un septième volume qui réjouira les nombreux fans de CJ Sansom. Angleterre, été 1549 Deux ans après la mort d’Henry VIII, l’Angleterre glisse lentement mais sûrement dans le chaos.
Le souverain en titre, Edward VI a 11 ans et c’est son oncle, Edward Seymour, le duc de Somerset, qui lui sert de régent. Le peuple n’apprécie pas l’influence grandissante des protestants et la guerre contre l’Ecosse est un désastre. Quant à la situation économique, elle est catastrophique : l’inflation ne fait que croître et parmi les paysans, la révolte gronde. Depuis la mort du vieux roi, Matthew Shardlake travaille comme avocat au service de la plus jeune fille d’Henry VIII, Lady Elizabeth.
Le meurtre de Edith Boleyn, femme de John Boleyn, un proche de Lady Elizabeth, pousse Shardlake et son assistant Nicholas Overton à se rendre à Norwich où ils retrouvent l’ancien assistant de Shardlake, Jack Barak. Ils ont à peine le temps de commencer leur enquête qu’une violente révolte paysanne éclate dans la région. Sous la houlette d’un certain Robert Kett, plus de mille paysans battent la campagne, expropriant les propriétaires et les nobles, avant d’installer un grand campement à l’extérieur de Norwich.
Tandis qu’à Londres le gouvernement prépare la contre-attaque et s’apprête à réprimer la révolte, Shardlake découvre que le meurtre d’Edith pourrait bien avoir un lien avec tous ces troubles politiques…
Deux ans après la mort d’Henri VIII et alors que l’Angleterre glisse lentement mais sûrement dans le chaos, Matthew Shardlake se voit confier une délicate mission par lady Elisabeth, la fille du défunt roi. John Boleyn, l’un de ses plus proches amis, est accusé du meurtre de sa femme, la mystérieuse Edith. Or, non seulement lady Elisabeth est convaincue de l’innocence de son ami, mais l’inculpation de Boleyn pourrait bien venir compromettre sa propre sécurité et sa possible accession au trône.
Shardlake accepte donc de se rendre à Norwich, sur les lieux du crime, afin d’éclaircir les sombres circonstances de la mort d’Edith. Mais à peine a-t-il commencé son enquête qu’une violente révolte paysanne éclate dans la région. Shardlake découvre alors que le meurtre d’Edith pourrait avoir un lien avec tous ces troubles politiques.
Mon avis :
Quelle joie de retrouver Messire Shardlake, Barak et les autres. Enfin surtout ces deux là car ce sont nettement les deux personnages récurrents qui prennent la plus grande place dans la série. Et que d’aventures dans ce septième tome. On y retrouve également l’ennemi de toujours, Lord Richard Rich…
Le contexte historique est extrêmement perturbé, que ce soit au niveau social ou religieux. C’est en effet la période où les offices religieux vont passer du latin à l’anglais, et cela ne plait pas à tout le monde ; de fait cela divise la société en deux camps ; il y a le problème des clôtures illégales et des terrains communaux ; il y a les conflits sociaux, la Guerre en Ecosse…
Alors partons direction le Norfolk, plus particulièrement Norwich … en compagnie du sergent royal Matthew Shardlake et de Nicolas – gentilhomme désargenté – avec comme point de départ la mission confiée par Lady Elisabeth de sauver un homme de sa famille, John Boleyn accusé d’avoir tué sa femme Edith. A Norwich, il retrouvera Barak, son ancien assistant, qui a perdu sa main droite dans une aventure précédente. Et il ne sera pas uniquement question de le défendre mais bien de mener une enquête sur les circonstances du meurtre de cette pauvre femme.
Puis direction l’énorme camp de « Mousehold Heath » qui a effectivement existé en compagnie de nouveaux personnages font leur apparition et en tête de liste les frères Kett, tout particulièrement Robert Kett, dont le livre retrace la rébellion. Ce qui intéressant dans ce tome c’est que la vedette est donnée aux gens du peuple, au peuple – et plus particulièrement aux paysans qui se révoltent en Angleterre en 1549. C’est passionnant d’en savoir davantage sur la classe et le statut social des gens à cette époque.
Beaucoup d’humanité dans la description des gens du « petit peuple » et des « campeurs », ceux qui habitent dans le « camp des rebelles ( Simon le fumeux) mais aussi Joséphine – l’ancienne domestique de Messire Shardlake qui a quitté Londres avec son mari et est tombée dans la misère.
Quand aux personnages riches, ils sont épouvantables (Gawen Reynolds, le père d’Edith et ses petits-fils les jumeaux – les notables du coin …
Je ne vais pas vous en raconter davantage mais sachez que la vie du Sergent Royal Shardlake et de ses acolytes ne tient qu’à peu de choses…
A la fin du livre du roman , il y a un essai historique passionnant sur la période.
Je conseille vivement cette série historique (à commencer par le début) ; il y a non seulement le côté historique mais les relations entre les personnages, les enquêtes …
Extraits :
Il y a d’abord l’amour, puis le mariage, puis la trahison, puis la mort.
Je me dis que le vieux roi Henri lui-même n’aurait pas approuvé ce qui se passait, mais le pouvoir était désormais entre les mains du duc de Somerset et de Cranmer, qui conduisaient l’Angleterre à mi-chemin entre l’ancienne religion et celle des radicaux du continent tels que Zwingli et Calvin.
C’est le terrain communal, messire Shardlake. Que les propriétaires fonciers veulent clôturer en maints endroits. Chaque vache appartient à un villageois et donne le lait de sa famille. Les bœufs et les chevaux tirent leur charrue. Les arbres fournissent le bois d’œuvre et du fourrage pour les cochons durant la saison. Le marais donne des roseaux et du gibier d’eau pour la cuisine. Sans le champ communal, aucun village ne peut survivre.
« La société est semblable au corps humain. Ceux qui possèdent l’instruction et le lignage constituent la tête, et la tête dirige les gens comme nous, qui sommes les mains. Les gens du commun sont les pieds. Ils ne savent faire que marcher derrière la charrue. Ils ne peuvent pas dicter les règles.
Nous ne souhaitons pas renverser la société, mais la réformer, et la seule façon de le faire c’est que le peuple ait son mot à dire…
Il est vrai que la classe des gens de qualité était elle-même organisée comme une « société hiérarchisée », avec des divisions sociales entre bourgeois, chevaliers et les divers rangs de la noblesse maintenus fermement par les « lois somptuaires » qui définissaient la façon dont pouvaient s’habiller les personnes appartenant aux différentes classes. Il est également vrai que le statut de personne de qualité n’était pas seulement une question de richesse, mais également de règles de conduite.
Au XVIe siècle, même le servage – l’enchaînement du serf à la terre de son seigneur – n’avait pas complètement disparu dans certaines régions, y compris dans le Norfolk
Un gamin dans la foule montra son derrière au héraut. Comme je le décris dans Révolution, c’était une insulte habituelle à l’époque Tudor
Image : Mousehold Heath ( Sous le chêne de la justice)
4 Replies to “Sansom, C.J. « Révolution » (2020)”
Si ma pile n’était déjà pas si haute, je pense que je foncerais sur le premier tome de la série car cette période de l’histoire anglaise m’intéresse beaucoup 🙂
Certes ce sont des pavés, mais ils se lisent très facilement. Et je ne peux que te les recommander vivement !
A quand la suite .y a t’il une suite après révolution ?
aucune idée… J’espère…