Wells, Benedict « Hard Land» (2022)

Wells, Benedict « Hard Land» (2022)

Auteur:  Benedict Wells est né en 1984 à Munich. A l’âge de 6 ans il commença son parcours dans trois internats bavarois. Après son diplôme en 2003, il emménagea à Berlin. C’est là qu’il décida de se consacrer à l’écriture plutôt qu’à des études universitaires. Pour assurer sa subsistance, il fit plusieurs petits boulots. En 2008, il publia un premier roman applaudi par la critique Becks letzter Sommer, qui lui valut le prix Bayerischer Kunstförderpreis (prix Bavarois des arts et de la littérature). Le roman a été adapté à l’écran et projeté dans les salles de cinéma en 2015. Son troisième roman « Fast genial » a acquis une grande notoriété et s’est retrouvé au classement des meilleures ventes pendant plusieurs mois. Après des années passées à Barcelone, Wells est récemment rentré à Berlin. Benedict Wells est déjà l’auteur de plusieurs romans, dont « La Fin de la solitude » et « Le Dernier été ». En 2019 il publie un recueil de nouvelles « La vérité sur le mensonge«  (RL2019).  « Presque génial«  parait en français à la RL2020 et « Hard Land  » en 2022.  Depuis La Fin de la solitude, tous ses romans sont publiés par Slatkine & Cie et repris au Livre de Poche. « Hard Land », paru en Allemagne en 2021, est resté 52 semaines dans la liste des meilleures ventes du Spiegel et a déjà été cédé dans 17 pays.

Slatkine & Cie – 02.05.2022 – 304 pages (Traduit de l’allemand par Dominique Autrand)

Résumé :
« Cet été je suis tombé amoureux et ma mère est morte. »
Sam, quinze ans, a trouvé un job de vacances dans un vieux cinéma de quartier, à Grady, Missouri. Sa vie va basculer.
Une merveilleuse histoire d’amour et d’amitié, par le plus talentueux romancier de la nouvelle littérature allemande.

« Un magnifique roman, qui touche au plus profond, au plus sensible, au plus tendre, au plus joyeux aussi. »   Florence, librairie de Port Maria

 

Mon avis :
Un de mes gros coups de cœur de l’année ! Un livre magnifique tout en sensibilité et finesse sur des sujets difficiles.
Un livre sur la jeunesse, sur le passage à l’âge adulte, sur la difficulté d’être un adolescent, sur le deuil, sur l’acceptation des gens comme ils sont et aussi l’acceptation de soi-même, de se trouver soi-même, de se comprendre et de comprendre les gens qui nous entourent, sur la solitude, la peur, l’amour, l’amitié… C’est un livre sur le rapport aux autres, à la maladie, à la mort, le deuil, la perte d’un être proche, sur les relations entre adultes et adolescents, entre mère et fils, entre frère et sœur, fils/fille et père…
Direction le Missouri, pour passer l’été en compagnie de Sam, 15 ans et bientôt seize. Quelle angoisse que la perspective de passer l’été à s’ennuyer ferme, entre un père avec qui il ne s’entend pas et qui est au chomage et sa mère malade. Et pire encore, voilà que les parents de Sam envisagent de l’envoyer chez ses cousins, qui ont fait de lui leur souffre-douleur !
Une idée ! Il va se faire engager dans le cinéma du coin qui vit ses derniers mois et cela va l’occuper quelques heures et surtout il va échapper aux autres possibilités. Certes, lui qui est solitaire et peu sociable, cela va le faire sortir de sa zone de confort, mais c’est moins pire que le reste !
Sam est introverti, mal dans sa peau, il a du mal à s’intégrer De plus son seul copain a déménagé.  Ce job d’été au cinéma va l’obliger à faire la connaissance de trois autres jeunes : Brand Hightower (un black, membre vedette d’une équipe de football local et force de la nature), Cameron (un fils de riche qui est gay ce qui ne passe pas dans une petite ville du Missouri) et Kirstie (la fille du proprio – dont il va tomber amoureux) ; Les trois ont deux ans de plus que lui et ne vont pas tarder à quitter la petite ville pour aller à l’Université. Pas facile pour Sam de faire connaissance surtout que les autres ne font pas un pas vers lui… Lui qui a peur de tout ce qui est nouveau, de tout ce qui pourrait lui arriver (de bien ou de mal d’ailleurs), qui est tout sauf sur de lui.
Petit à petit des liens vont se former entre les quatre ados et on va découvrir les failles et faiblesses de chacun.
L’auteur nous livre une magnifique analyse de caractères : les jeunes mal dans leur peau, les taiseux, les difficultés de communiquer (les causes enfouies : le passé, la peur, la maltraitance, la honte…).
A force de chercher son vrai moi, Sam réussir a-t-il à surmonter le terrible été pendant lequel il fêtera ses 16 ans…

A la fin du roman le Sound Track … et priorité à Springsteen…

Merci aux Editions Slatkine pour la découverte un nouveau livre de cet auteur. Un vrai coup de coeur.

 

Extraits :

En produits lisibles… Les livres, ces machins rectangulaires en papier ?

J’ignore si mon « je » avait enfin réussi à sortir de mon « moi ». Ou si nous étions assis là tous les deux.

Mon père me faisait souvent penser à un store baissé. Ce jour-là j’ai au moins pu glisser un coup d’œil entre les lames.

Il devrait y avoir un mot pour ce sentiment, a-t-elle dit. Quelque chose comme euphancolie. Tu es fou de bonheur et en même temps tu es nostalgique parce que tu sais que tu vas perdre quelque chose ou que ce moment va finir. Que tout va finir.

A l’évidence, rien ne pouvait la surprendre ; elle avait assez d’imagination pour s’attendre à tout.

Ils n’arrêtaient pas de rire, mais je les sentais mélancoliques à l’idée du départ : chaque au revoir laisse une cicatrice. Chaque grand moment n’est bientôt plus qu’une image dans le rétroviseur qui devient de plus en plus petite.

Je pensais au jour le jour, et je comprenais peu à peu que le deuil n’est pas un sprint : le deuil est un marathon. Et sur ce parcours il y avait des endroits où ça allait mieux et d’autres où j’étouffais presque.

J’ai toujours cru que le deuil voulait dire qu’on est triste. Je crois maintenant qu’être en deuil signifie qu’on n’éprouve plus grand-chose.

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