Yuzuki, Yûko « Le loup d’Hiroshima »(2018)

Yuzuki, Yûko « Le loup d’Hiroshima »(2018)

Autrice : est une auteure japonaise de romans policiers, née le 12 mai 1968 dans la préfecture d’Iwate.
Grande lectrice depuis l’enfance, elle regarde avec sa mère des séries télévisées policières dès l’adolescence, dont Jinginaki Tatakai, une série de films de 1973 à 2003 retraçant la guerre des gangs à Hiroshima et qui sera le sujet de son roman Korō no chi (Le Loup d’Hiroshima). Si elle apprécie les œuvres de Maurice Leblanc ou d’Agatha Christie, sa préférence va néanmoins à Conan Doyle : « Dans Sherlock Holmes, plus que la résolution de l’énigme, c’est la relation entre Holmes et le docteur Watson qui m’interpelle »1[source insuffisante]. Son style porte également l’empreinte de Seichō Matsumoto et de Hideo Yokoyama, deux auteurs importants de romans policiers au Japon, tous deux souvent comparés à Georges Simenon dans leurs préoccupations sociales.

Romans : Vérité clinique – Le Potager de la fourmi – L’Erreur de calcul de Pareto – Le Cerisier imputrescible – Gentosha (La Respiration sucrée de la plante carnivore) – La Pluie tant attendue – Cela manque de logique – Le Tournesol sur l’échiquier

Série avec l’avocat (ex-policier) Sakata Sadato : Le Dernier des témoins – Le Désir secret du procureur, nouvelles – Le Destin du procureur, nouvelles

Série Lieutenant Hioka : Le Loup d’Hiroshima (tome 1) – L’Œil du chien enragé (tome 2)

Atelier Akatombo – 07.06.2018 – 320 pages / Gallimard – Folio 21.01.2021 – 378 pages (The blood of wolves – Traducteurs : Dominique et Frank Sylvain)

Résumé :
Juin 1988, préfecture d’Hiroshima. Le commandant Ôgami a la réputation d’être l’un des meilleurs enquêteurs du Japon, mais aussi d’être trop proche des yakuzas. Sa hiérarchie le trouve ingérable, pourtant elle ne peut se passer de lui. Surtout au moment où une guerre des gangs menace. Entre bandits d’honneur et truands vicieux, la tension monte dangereusement. C’est dans ce contexte périlleux que le jeune Hioka est propulsé adjoint du commandant. Il découvre vite que l’image de loup solitaire d’Ôgami est justifiée. Ses méthodes sont brutales. Tandis qu’une relation de maître à disciple se noue entre eux, une course contre la montre commence. Mais n’est-il pas déjà trop tard pour éviter un bain de sang?

Mon avis :
Plongée dans le monde de la pègre japonaise, des règlements de compte, des yakuzas.
Plongée aussi dans le monde de la police, de la corruption, des magouilles…

Au début du roman, un jeune flic intègre un groupe chargé de la chasse aux yakuzas, de la lutte contre les gangs. Il va être sous les ordres d’un personnage controversé, Ôgami, à la fois flic avec des résultats extraordinaires et très lié au monde des yakusas. Une relation particulière va se tisser entre les deux. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Ôgami et la plongée dans ce monde glauque, même si parfois c’est un peu difficile de suivre. Toujours mon problème avec les noms japonais… Des caractères bien trempés, très atypiques et originaux et le courant est bien passé entre eux et moi. Le vieux va entreprendre de former le jeune, de lui expliquer le milieu des yakusas, les codes de l’honneur ; il va lui présenter des figures de la Mafia locale, et il va se mouiller pour éviter que la guerre des gangs reprenne. Pas toujours dans la plus stricte légalité….
Et ça bouge, il se passe des choses, et on apprend beaucoup sur certains côtés spécifiques à la société asiatique mais au final que ce soit au Japon ou ailleurs, les relations Mafia/Police semblent se ressembler…

Merci au Challenge « L’été lisons l’Asie » qui avait un item « Yakuzas » de m’avoir incité à lire ce livre… Je dois dire que ce n’était pas gagné d’avance… et je ne l’ai pas regretté. Et maintenant j’ai envie de lire la suite des aventures du jeune flic Hioka…

Extraits :

On va faire dans l’arrestation massive même s’il faut les déloger un à un. Rébellion contre l’autorité, entorse à la législation sur les armes à feu, possession de stupéfiants, organisation de paris clandestins, tout est bon.

Les yakuzas vivent depuis toujours dans un monde déraisonnable. Si le boss dit blanc, même les corbeaux sont blancs. Ouais, c’est le genre de types à qui on a affaire. Donc, nous aussi on doit vivre dans un monde déraisonnable. Sans ça, impossible de comprendre le mode de pensée des truands.

« Pour un inspecteur, le muscle est important, mais l’usage de sa tête l’est encore plus. » Le lieutenant avait vite compris qu’exercer sa mémoire était vital. Pour pouvoir arrêter un suspect, il fallait connaître ses traits, sa taille, ses lieux favoris, ses préférences culinaires, ses passe-temps, son type de femme et ses penchants sexuels. Et mémoriser toute cette information était indispensable.

Lorsqu’on écoute quelqu’un raconter son histoire, on ne dévoile rien de ce qu’on sait. Parce que ça risque de filtrer ensuite n’importe où. Une règle de base quand on recueille un témoignage.

N’oublie pas la Voie de l’honneur. Un yakuza qui n’est pas respecté ne mange pas.

De façon surprenante, les autres, d’ordinaire si diserts, ont fermé leur gueule comme des huîtres à marée basse. Bref, si on attaque de front, on se cassera les dents.

Dans la calligraphie qu’Ôgami avait conçue dans sa tête, un seul trait restait à tracer. Mais il lui manquait le pinceau et l’encre nécessaires.

— On connaît de nombreux cas où des criminels avaient décapité leur victime pour enterrer séparément la tête du reste. Une fois interrogés, ils ont répondu en tremblant que tête et corps auraient pu se ressouder et revenir à la vie. De façon surprenante, les criminels sont souvent très superstitieux.

One Reply to “Yuzuki, Yûko « Le loup d’Hiroshima »(2018)”

  1. Je dois avouer que le sujet me plaît, mais les extraits me semblent quelque peu ordinaires et loin de valoir des passages de Raymond Chandler et de son détective Philip Marlowe.
    J’ai nourri ma jeunesse au polar ricain d’avant-guerre et d’après, ainsi que de la truculence quasi rabelaisienne de San Antonio, voire quasi dithyrambique dans l’allégorie et la métaphore épithétique quand San-A nous tartinait deux pages pour clamer à l’envi la même chose.

    Ici, pas d’allégorie pour peindre une image écrite d’un supplément d’âme.

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