Vellas, Christian « Au plus profond du moins profond » – nouvelles (2022) 136 pages
Auteur : Christian Vellas, Nîmois d’origine mais Genevois d’adoption, en marge de sa carrière à la Tribune de Genève (journaliste et chef d’édition), a écrit une vingtaine d’ouvrages : chroniques, romans, ouvrages historiques sur Genève (la ville et son canton), recueils de légendes suisses.
Slatkine – 23.05.2022 – 136 pages
Résumé :
Sept nouvelles inspirées de vécus familiaux. Fictions bien sûr, mais la réalité n’est pas loin. Histoires qui effleurent la surface des choses, puis se prolongent vers la complexité des relations humaines ordinaires. Du moins profond au plus profond.
Comment a-t-on réussi à partager un héritage entre dix enfants sans léser personne ? Comment accepter qu’à la suite d’une recherche généalogique, on découvre qu’un intrus porteur d’une maladie génétique rare avait pris la place d’un grand-père jusqu’ici r reconnu ? Pourquoi une coupure de presse, relatant les méfaits d’un maniaque tondeur de fillettes, a-t-elle été conservée dans un dossier familial ? Sans oublier de rappeler l’exploit de cet aïeul qui tua un sanglier légendaire pour venger la pauvre chienne Diane…
Mon avis :
J’avais lu il y a des années « La Corneille Bonaparte » (02.2012) et je redécouvre avec plaisir la plume de cet auteur. Je remercie les Editions Slatkine de m’avoir envoyé ce recueil de nouvelles. Moi qui suis peu attirée en règle générale par les nouvelles j’ai renoué avec plaisir avec le genre ( mais j’ai préféré les plus longues aux plus courtes… on ne se refait pas).
Un petit mot sur chacune des sept nouvelles:
Au plus profond du moins profond :
Alors celle-ci est vraiment trop courte ! Quand St Pierre voit son quota sauvetage d’innocents dépassé… que peut-il faire? Va-t-il aller jusqu’à négocier avec le diable via les anges ou laisser mourir un mal programmé ?
Testament d’un faussaire :
Beaucoup aimé cette nouvelle qui nous parle de l’injustice ressentie par un faussaire qui n’a aucun succès quand il peint un tableau sous son vrai nom et qui a du succès quand il fait un tableau et le signe d’un nom de peintre reconnu, comme Gauguin, Cézanne, Chagall, Dali, et bien d’autres. Dur de n’exister que dans l’ombre des autres et ne pas pouvoir exister par soi-même… Avec en toile de fond le monde des escrocs de l’art…
Le secret de famille est dans l’arbre :
Les racines, savoir d’où l’on vient, connaitre ses origines est pour moi une chose extrêmement importante. Je ne pouvais donc qu’être intéressée par le sujet et je n’ai pas été déçue. Reconstituer un arbre généalogique, c’est se plonger dans le passé, dans l’histoire, dans les vieilles photos, les lettres… C’est plein d’émotion, de surprises – bonnes et mauvaises.
C’est aussi l’occasion de rappeler que la Suisse n’a pas toujours été un pays riche et que de nombreux suisses ont choisi l’exil plutôt que la misère. J’en profite pour signaler un livre auto-édité, une saga familiale que j’ai beaucoup appréciée de Chatton, Pierre-François « Les partants » (2021) 386 pages, qui a fait l’objet d’un article sur ce blog .
Le diable boit une bière :
Quel est le pouvoir de l’argent? Le Diable parviendra-t-il à corrompre Marie? Je n’ai pas accroché… pas assez d’émotion pour moi et trop courte pour que j’ai le temps de rentrer dans le sujet.
Le partage :
L’éternel problème de l’héritage, des querelles qui suivent le décès des proches au sein d’une fratrie. La solution ? Réunir tout le monde, diviser avant de disparaitre, en expliquant le pourquoi des choix. C’est ce que fait une mère de dix enfants, âgés de 37 à 64 ans. Sauf que cela n’est pas simple de satisfaire tout le monde… Beaucoup aimé.
Nous n’irons plus au bois, les cheveux sont coupés :
J’aime beaucoup aimé la description de Dunkerque au sortir de la guerre. J’ai eu l’impression de errer avec le personnage dans les ruelles détruites, de ressentir l’atmosphère de ruines et de délabrement, de vide… Par contre l’histoire du personnage m’a moins intéressée… Mais rien que pour la promenade, cela valait la peine…
Le sanglier des Noirettes :
C’est la plus longue et c’est nettement ma préférée.
L’histoire d’un braconnier qui veut tuer un sanglier légendaire, qui a échappé à toutes les battues. Pourquoi ? À la fois pour la viande, mais surtout pour venger la mort d’un chien. Il en profite d’ailleurs pour rendre hommage au dévouement de son chien actuel, Biscuit, qui va être celui qui lui permettra de pister le sanglier jusqu’au bout, au péril de sa vie et pour évoquer la fidélité des chiens à leur maîtres, au-delà de la mort. Le récit de cette traque au sanglier, les heures passées à l’affut sont l’occasion de se replonger dans l’histoire du village, les souvenirs, de regarder la nature, de se replonger au plus profond de ses émotions.
J’ai noté une jolie phrase « un coeur qui ne sert plus est parfois long à déverrouiller »