Pasques, Jean-François « Fils de personne » (2022) 416 pages Série Victoire Beaumont tome 03

Pasques, Jean-François « Fils de personne » (2022) 416 pages Série Victoire Beaumont tome 03

Auteur: Capitaine de police et écrivain de roman policier.  Chimiste de formation, il a quitté son laboratoire de recherches par manque d’espace. Il est entré dans la Police Nationale, un peu par hasard.
Jean-François Pasques est actuellement en poste en Sécurité publique à Nantes. Il a auparavant travaillé une quinzaine d’années à Paris, notamment dans un groupe criminel du 1er district de police judiciaire.

Romans:
Sans suites (2010) – La Bascule (2012) – A toutes fins utiles (2013) – Des Gens Normaux (2014) – Le seul témoin (2021) 

Série Victoire Beaumont  : De l’intérieur (2017) tome 1 – Mortelle canicule (2019)  tome 2 – Fils de personne (2022) tome 3 

Fayard – poche – 09.11.2022 – 416 pages – Prix Quai des Orfèvres 2023

Résumé :
Un numéro de téléphone, un exemplaire de La Peau de chagrin et un briquet de la Légion étrangère. C’est tout ce qui est retrouvé sur le cadavre d’un homme abandonné dans un bassin du jardin des Tuileries. Alors qu’il piétine déjà dans une enquête sur la disparition de trois jeunes femmes, le commandant Julien Delestran est chargé de l’affaire. Le numéro de téléphone est sa première piste : c’est celui du CNAOP, l’organisme permettant aux enfants nés « sous X » de retrouver leurs parents biologiques. 

Mais tandis que le commandant essaie d’avancer sur cette nouvelle enquête, la précédente se rappelle à lui quand sa hiérarchie lui adjoint l’aide d’une psychologue. Tout d’abord sceptique face à cette  » ingérence ». Delestran est bien obligé de reconnaître que Claire Ribot sait mettre au jour la vérité aussi bien que le plus fin des limiers. Et qu’elle ne sera pas de trop pour sonder, avec son groupe, les tréfonds de l’âme humaine…

Mon avis:

Le cadavre d’un homme est retrouvé dans un bassin du jardin des Tuileries. Au premier abord, il semble que ce soit un sans-abri, mais bien vite on se rend compte que ce n’en est pas un.
Des disparitions inquiétantes – au nombre de trois – qui mettent la police parisienne sur les dents;  aucun indice , pas le moindre point commun entre les trois femmes qui se sont volatilisées.
L’arrivée d’une psychologue dans le service du Commandant Delestran qui se méfie des psychologues et leur est carrément hostile car leur forme de savoir lui fait défaut.
Heureusement que Victoire Beaumont, sa collaboratrice,  va arrondir les angles entre son supérieur et la psy et faire en sorte que cette dernière s’intègre à l’équipe et puisse mettre ses compétences au service de l’enquête.

Une enquête menée patiemment, des pistes à suivre, un fil qui se tire et qui, petit petit, permet de faire que les petits indices se recoupent. Des rapports entre la police et les gens de la rue plein de tendresse aussi. J’ai particulièrement aimé le contact entre la vieille prostituée et le Commandant. Des personnages attachants, une enquête passionnante. Un thriller psychologique comme je les aime. Pas de sang inutilement versé, l’humain au centre du roman.
J’ai passé un excellent moment et je vous le recommande. Beaucoup aimé ce roman policier sans violence. Je vais lire les premiers tomes de cette série. J’ai attaqué par le 3 ( Prix des Orfèvres) et j’ai envie de retrouver les personnages.

Extraits:

La lecture était peut-être un moyen de subsistance, une façon de ne pas tomber dans l’oubli en gardant sa dignité pour cet homme manifestement instruit.

« Être flic, c’est s’embarquer pour nulle part avec l’intention de s’y perdre. »

Le silence semblait avoir de la consistance, il vous enveloppait comme un voile.

Des livres comme une carapace, une enveloppe placentaire, dans un désordre patiemment organisé. Malgré le confinement, on se sentait enrobé dans une atmosphère protectrice.Des livres comme une carapace, une enveloppe placentaire, dans un désordre patiemment organisé. Malgré le confinement, on se sentait enrobé dans une atmosphère protectrice.

Une bibliothèque était comme un album photographique, « Dis-moi ce que tu lis et je te dirai qui tu es. »

Il n’était pas rare qu’au cours d’une enquête on se sente proche d’une victime, d’un témoin, voire d’un criminel.

– J’ai tendance à me méfier des gens excessivement gentils, cela cache toujours quelque chose.

il détestait tous ces grands experts aux mains propres se servant des gens pour valider leurs théories. Il suffisait de les voir à la barre d’une cour d’assises se contredire en invoquant le même savoir selon l’intérêt qu’ils défendaient. Il lui paraissait plus sûr, et donc moins dangereux, de faire l’inverse, de rechercher la théorie en partant de la pratique. Mais, en fouillant plus en profondeur, cette méfiance policière à l’égard de tous ces intervenants extérieurs trahissait une inquiétude se transformant progressivement en peur. Les flics n’avaient jamais eu peur des voyous ou des criminels et voilà qu’ils se mettaient subitement à se méfier de professionnels innocents, tout simplement parce qu’ils grignotaient leur décor jusqu’à les déposséder inéluctablement de leurs affaires. Le policier n’était plus le seul maître sur son île. En somme, on leur volait leur jouet. C’était bien entendu un choc générationnel. Si les plus jeunes avaient perdu le sens de l’humain par la force des choses, ils avaient largement compensé dans la résolution des affaires par l’apport des nouvelles technologies. La fin justifiait-elle les moyens ? Finalement, c’était un peu toujours la même question. Elle pouvait conduire à des situations absurdes si on ne trouvait pas le juste, et si difficile, équilibre. Tout devenait compliqué, obligeant le flic généraliste à se spécialiser en perdant une vision d’ensemble sur son cœur de métier. 

Tu verras, c’est un monde viril, la police. C’est une belle virilité, une espèce de carapace pour ne pas laisser entrevoir des petites fragilités. C’est pour ça que ça leur fait un peu peur, les psys. Ils ont l’impression d’être vus de l’intérieur sans qu’ils puissent rien y faire, même si ce n’est pas eux qu’on regarde.

On a échangé quelques mots, mais c’étaient les silences qui parlaient pour nous.

Une vie accablée en somme, qu’on noie volontairement dans le dénuement et l’abandon avec, pour entretenir une petite lueur malgré tout, les livres pour seule compagnie.

One Reply to “Pasques, Jean-François « Fils de personne » (2022) 416 pages Série Victoire Beaumont tome 03”

  1. Voilà le genre de série qui me parle, Soeurette…
    Des bons personnages, une intrigue solide et de la pycho… Pas besoin d’exagération en hémoglobine pour un bon polar 😉
    Je note 🙂

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