Kerr, Philip « Les Pièges de l’exil » (2017) 395 pages – Série Bernie Gunther tome 11

Kerr, Philip « Les Pièges de l’exil » (2017) 395 pages – Série Bernie Gunther tome 11

L’Auteur : Philip Ballantyne Kerr est un auteur écossais, né le 22 février 1956 à Edimbourg (Ecosse) et mort le 23 mars 2018 à Londres. Il a fait ses études de droit à l’université de Birmingham. Il a ensuite travaillé dans la publicité et comme journaliste free-lance, avant de remporter un succès mondial avec sa trilogie située dans le Berlin de la fin des années trente et de l’immédiat après-guerre (Un été de cristal, La Pâle Figure, Un requiem allemand), avec le détective privé Bernie Gunther, également présent dans The One From the Other (2006). Alors qu’il avait annoncé la fin de Gunther après la publication de la trilogie, il lui consacre de nouvelles aventures depuis 2006.

Lien vers la série Bernhard Gunther (Bernie)

Editions du Seuil – 09.03.2017 – 4387 pages/ Points poche 03.05.2018 – 395 pages – Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Philippe Bonnet.

Tome 11 : The Other Side of Silence (2016)  Les Pièges de l’exil (en français 2017) – se déroule milieu années 50

Résumé : Les retour de Bernie Gunther – Au milieu des années 1950, Bernie Gunther est l’estimé concierge du Grand-Hôtel de Saint-Jean-Cap-Ferrat, sous une identité d’emprunt qui le met à l’abri des représailles et des poursuites (il figure sur les listes de criminels nazis recherchés). Mais son ancienne activité de détective et son pays lui manquent. Pour tromper son ennui, il joue au bridge avec un couple d’Anglais et le directeur italien du casino de Nice. Introduit à la Villa Mauresque où réside Somerset Maugham, l’auteur le plus célèbre de son temps, il trouve enfin l’occasion d’éprouver quelques frissons : Maugham, victime d’un maître chanteur qui détient des photos compromettantes où il figure en compagnie d’Anthony Blunt et de Guy Burgess, deux des traîtres de la bande de Cambridge, a besoin d’un coup de main… Très vite, la situation se corse, car Gunther est dangereusement rattrapé par son passé. Le roman offre un éblouissant portrait romanesque de l’écrivain, ancien espion de la Couronne, tout en entraînant le lecteur dans une machination palpitante.

Mon avis:

C’est toujours un plaisir de retrouver Bernie. Un Bernie qui traverse une mauvaise passe, sa troisième épouse vient de le quitter. Il va, par un heureux concours de circonstance, alors qu’il végète comme concierge du Grand-Hôtel de Saint-Jean-Cap-Ferrat faire la connaissance du neveu de Somerset Maughan et être invité à faire le 4ème au bridge chez l’écrivain, alors âgé de 82 ans. Ce dernier va lui raconter sa vie, ses rencontres avec Churchill et bien d’autres personnes; et nous allons également découvrir un autre pan dru passé de Bernie.
Leur relation ne va pas s’arrêter là. Maughan, victime d’un chantage, il va demander à Bernie de l’aider; et là, le passé va rattraper à la fois Bernie qui séjourne en France sous une fausse identité et Maughan qui a été agent secret. En effet un homme très dangereux – militaire SS , maître chanteur hors pair – également sous fausse identité – a reconnu Bernie et compte bien s’en servir pour arriver à ses fins. Au fil des pages nous allons découvrir la relation de haine qui unit les deux hommes.
Et puis il y a la rencontre avec la jolie Anne French, une écrivaine qui souhaite écrire la biographie de Somerset Maugham…
Et toujours cet humour … Je ne vous en dévoile pas plus et vous laisse savourer… et peut-être vous donner l’envie de découvrir la vie et l’œuvre de Somerset Maugham…

Cette enquête de Bernie fait partie de mes favorites ; on y retrouve des personnalités bien connues, le contexte historique ( le naufrage du Wilhelm Gustloff, le vol de Chambre d’ambre du palais de Tsarkoïe Selo, près de Leningrad), de espions de toutes nationalités, le chantage , la problématique des homosexuels, la trahison, la manipulation, les complots, la Stasi, le MI5, le MI6.

Repris dans les notes en fin de roman:
Bon nombre d’espions sont cités dans le roman ; tout d’abord W. Somerset Maugham fut réellement un espion britannique et dirigea effectivement un vaste réseau d’agents secrets à Petrograd en 1917. Il mourut, à l’âge de quatre-vingt-onze ans, à Nice, en décembre 1965.
Font également partie de l’intrigue: son neveu Robin Maugham, Guy Burgess, Anthony Blunt , Kim Philby, John Cairncross, Sir John Sinclair, Patrick Reilly, Sir Roger Hollis

Extraits:

Ces derniers temps, je suis concierge au Grand-Hôtel de Saint-Jean-Cap-Ferrat. C’est un peu comme être policier, si diriger la circulation est l’image que l’on se fait du travail de policier – et j’en sais quelque chose. 

la Côte d’Azur : un lieu où le grand âge et la beauté précoce vont main dans la main, d’ordinaire à la plage, dans les magasins, à la banque et ensuite au lit, même si ce n’est pas toujours dans un ordre aussi convenable.

C’est ce qu’il y a de formidable avec le bridge. Personne ne discute vraiment de quoi que ce soit. C’est le jeu idéal pour les gens qui ont quelque chose à cacher.

Elle avait cette allure insouciante et décontractée que les femmes passent des heures à fignoler devant une glace.

Nous qualifier de « voisins » revenait à comparer un oursin à une pieuvre géante.

Les maîtres chanteurs fonctionnent sur le même principe que la Mafia. Ils s’attaquent à une minorité de gens vulnérables qui ne peuvent pas s’adresser à la police. Leur pouvoir réside dans notre besoin de silence.

Garder le silence sur qui et sur ce que l’on est constitue une seconde nature chez les pédérastes anglais. Les choses ne se sont guère améliorées depuis l’époque d’Oscar Wilde.

Personne ne songeait à l’avenir, parce que personne ne pensait en avoir un. Vraiment, vous n’imaginez pas combien la vie peut être facile quand vous pensez qu’il n’y aura pas de lendemain.

Maugham a toujours maintenu des liens étroits avec ses vieux copains des services secrets britanniques. À bien des égards, c’était l’agent idéal : un homme extrêmement perspicace, sans parler de sa discrétion naturelle. Il a même écrit un livre sur l’espionnage, intitulé Mr Ashenden, agent secret. 

– Les historiens d’art font d’excellents espions, répondit Maugham. En art comme dans la vie, les choses ne sont pas tout à fait ce dont elles ont l’air. 

j’avais presque autant de talent pour la fiction que Somerset Maugham lui-même. Ce qui était peut-être le cas, d’ailleurs ; pour un type aussi malhonnête que moi, écrivain a tout l’air d’être un bon métier.

– La revanche est quelque chose de personnel. Un acte de passion. On prend une revanche pour un tort qu’on a subi. Tandis que, à mon avis, la vengeance a rapport avec la justice. Ce qui est très différent. On venge des crimes, vous ne pensez pas ?

Sans émotion, la souffrance n’est que de la souffrance ; ce sont les sentiments humains qui en font un supplice aussi atroce. 

Image : Villa Mauresque et Somerset Maugham (source Pinterest) 

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