Aoyama, Michiko « La Bibliothèque des rêves secrets » (2022) 352 pages
Autrice: Autrice et journaliste japonaise, née le 9 juin 1970 dans la province d’Aichi.
Finaliste du Prix des libraires au Japon, « La Bibliothèque des rêves secrets », son premier roman, s’est immédiatement hissé en tête des ventes avant de connaître un succès international..
L’auterice a une expérience en bibliothèque : elle y travaille quatre fois par semaine depuis 2020 et pendant l’été (de juin à septembre) depuis quatre ans. (Source ActuaLitte)
Editeur Nami – 15.05.2022 – 352 pages / J’ai lu – 24.05.2023 – 348 pages (traduit par Alice Hureau)
Romans : « La Bibliothèque des rêves secrets » (2022) « Un jeudi saveur chocolat » (2023) – « Un lundi parfum matcha » (2024) – « La forêt au clair de lune » (2024)
Résumé:
Femme imposante et énigmatique coincée entre le paravent et le bureau d’angle du coin Conseils d’une petite bibliothèque en plein coeur de Tokyo, Sayuri Komachi attend patiemment ceux qui décident de venir la voir. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, salariés ou retraités… ils sont au croisement de leur vie. Et à chacun, la mystérieuse bibliothécaire propose un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu’ils croyaient être venus chercher.
Mais ce choix ne relève pas du hasard, car derrière cette lecture imprévue et surprenante se dessinent les premiers jalons d’un nouveau départ.
Un roman choral poétique qui célèbre le pouvoir des livres et l’importance qu’une personne attentive et attentionnée peut avoir sur le destin d’autrui.
Mon avis:
J’avais déjà lu de cette autrice « Un jeudi saveur chocolat » que j’avais trouvé délicat mais qui ne m’avait pas touché plus que ça. Cette fois c’est différent. J’ai beaucoup aimé.
Certains l’ont estampillé « feel-good » mais je ne suis pas d’accord. Le livre est beaucoup plus profond que ça. Tout en finesse et en nuances, avec beaucoup de tendresse et d’humanité.
Et avec des personnages tendres et attachants, jamais intrusifs mais toujours proches. Un petit bijou.
Au fond de la bibliothèque, sous la pancarte « Conseils » il y a la bibliothécaire, Sayuri Komachi… Elle est cachée derrière un paravent et il faut se pencher pour la voir. Et quand vous lui demander un livre, ou un rayon, elle vous imprime une feuille avec ce que vous lui avez demandé et elle vous fait cadeau de deux choses: un conseil de lecture qu’elle a choisi pour vous et un petit cadeau qu’elle a fait de ses mains.. Et vous allez vous apercevoir que ces deux choix qui n’ont strictement rien à voir avec votre demande vous réorienter votre vie, vous révéler à vous même, remettre votre vie sur des rails, raviver vos aspirations, réorienter votre vie, faire éclore vos rêves cachés, vous mettre sur la route de la vie et de l’espoir, vous donner confiance en l’avenir.
Que vous soyez vendeuse dans un grand magasin comme Tomoka, une jeune fille de 21 ans qui a quitté sa province pour aller réussir à Tokyo, Ryô, comptable de 35 ans, Natsumi, jeune maman de 40 ans qui se voit rétrogradée au service documentation de son entreprise sous prétexte qu’elle a maintenant une enfant et ne sera plus disponible comme avant, Hiroya, jeune chômeur de 30 ans ou Masao, retraité, quelque soit votre âge ou votre situation, le livre que va vous proposer la bibliothécaire va vous ouvrir une porte sur l’espoir, sur une autre façon de voir l’avenir, va faire entrer la lumière dans la vie et vous permettre de découvrir un chemin pour sortir de l’ombre et vous permettre de retrouver le chemin des rêves …
Ce livre est porteur d’espoir pour celles et ceux qui manquent de confiance en eux et sont peu à l’acte dans la société. Il démontre aussi qu’il y a une vie hors du monde du travail et hors de la sphère familiale. Et que l’important est d’avoir quelque chose qui nous fait vivre, un intérêt, une passion. D’un coté le travail et de l’autre un intérêt…Si on peut cumuler les deux, c’est encore mieux. Il faut se faire confiance, ne pas être sous l’emprise d’un chef, d’un travail ou d’un environnement qui nous ronge et nous empêche de nous épanouir.
J’ai découvert qu’il existe à Tokyo un endroit qui s’appelle Cat’s Meow Books. Une librairie sur les chats, avec des chats. Le site officiel de la librairie précise, non sans humour, que les chats recueillis sont « embauchés en tant qu’employés » et qu’en contrepartie, 10 % des recettes sont reversées à une association de protection des chats. (Note de la traductrice)
Extraits:
Quelle indication sur mon caractère donnait mon travail vu de l’extérieur ? Un inconnu devinerait-il qui je suis ?
Le rose corail renvoyait une image positive et douce, et cette teinte avait aussi été adoptée parce qu’elle convenait aux femmes de tous âges, ce que j’avais constaté depuis mon arrivée.
— Je me suis dit qu’on travaille pour manger, alors ne pas pouvoir manger parce qu’on travaille, c’est ridicule.
Il n’y avait ni pari ni défi. Disons simplement que c’était un emploi calme et logique qui ne nécessitait pas le moindre enthousiasme.
Un rêve ne peut pas « se terminer » tant qu’il existe. Il restera pour toujours un rêve magnifique. Même si tu ne le réalises pas, c’est aussi un choix de vie. Car rêver sans plan déterminé n’est pas quelque chose de mal. ça permet de profiter pleinement de la vie.
Des chats, des livres, de la bière. Être entouré de ce qu’on aime.
Les humains vivent sur le sol, donc dans la majorité des cas, ils ne voient des plantes que leurs fleurs ou leurs fruits.
Si l’on pense aux patates douces ou aux carottes, les « racines » en terre tiennent le rôle principal. Alors que du point de vue de la plante, les deux parties maintiennent un équilibre et sont aussi indispensables l’une que l’autre.
« Tu es venu jusqu’ici exprès pour savoir ce qui se trouve au-delà du rêve, non ? »
Un rang. Une identité, un rôle spécifique à chaque monde, sur terre et sous terre.
Un système sans rapport de dominance, où les deux activités sont aussi importantes l’une que l’autre. À l’image d’un couple, je crois.
Dans le monde de l’astrologie, la lune représente les événements, les émotions, le corps et les changements vécus aux stades de la mère, de l’épouse, de l’enfant.
Chacun trouve un sens qui lui est propre au petit plus. De même pour les livres. Le lecteur associe des phrases à sa propre vie et en retire quelque chose de personnel, sans lien avec l’objectif initial de l’auteur.
— La valeur d’un livre est plus dans ta propre interprétation que dans la puissance de ses mots.
Le célibataire envie le marié, le marié envie le parent, et le parent envie le célibataire. C’est un manège qui tourne en rond. Je trouve ce phénomène intéressant, chacun court uniquement derrière son prédécesseur, il n’y a ni premier ni dernier. En d’autres termes, le bonheur n’a ni climax ni ligne d’arrivée.
Parfois on veut rester soi-même, mais on change, et parfois on tente de changer, mais on reste soi-même.
Tous les parents souhaitant que leurs enfants croient au père Noël hébergent un véritable père Noël dans leur propre cœur. Pour cette raison, beaucoup d’enfants sentent que le père Noël sur son traîneau “existe” bel et bien.
J’évoluerai, les pieds ancrés dans le sol, les yeux levés vers le ciel.
J’avais refusé d’entendre ses compliments. Pour moi, ce n’était que de la flatterie. Parce que je ne croyais ni en moi ni en autrui.
Le go est un jeu profond. Il ne s’agit pas seulement de récupérer les positions de l’adversaire, il fait aussi réfléchir sur la vie et la mort. Chaque partie est une aventure à elle seule.
je pense que deux personnes qui sont en lien forment déjà une société. Grâce à un point de tangente, passé ou futur.
La vérité, seul l’auteur la connaissait. Mais chaque lecteur interprétait le texte à sa manière, et c’était là tout l’intérêt.
Image : feutrage à l’aiguille
3 Replies to “Aoyama, Michiko « La Bibliothèque des rêves secrets » (2022) 352 pages”
Enorme coup de coeur pour moi !!!
Lorsque j’ai commencé le deuxième chapitre, je me suis dis, « ah dommage, ce sont des nouvelles » mais celles-ci sont reliées par un point commun : la bibliothécaire Sayuri Komachi et au fil des chapitres, tout prend sens…
Si vous lisez ce livre, peut-être que, tout comme moi, vous vous demanderez : « Quel livre m’aurait conseillé cette bibliothécaire hors du commun et quel feutre à l’aiguille me donnerait-elle en petit plus avec LE livre ?… »
Ah contente que tu aies eu le coup de coeur. J’ai tellement aimé aussi. Comme toi, je ne suis pas fan des nouvelles : il me faut le temps de connaître les personnages. Et ici, les rencontres forment un tout .
Décidément, il y a beaucoup de thèmes oniriques, ce mois-ci. Pas pour me déplaire.