Arditi,  Metin »L’île de la Française » (2024) 229 pages

Arditi,  Metin »L’île de la Française » (2024) 229 pages

Auteur : Metin Arditi est un romancier suisse d’origine turque. Envoyé spécial de l’UNESCO pour le dialogue interculturel, il accomplit de fréquents voyages en Israël et en Palestine, en Turquie et en Arménie. A Genève, il préside la fondation Pôle Autisme.

Ses romans : Victoria-Hall, (2004) – Dernière Lettre à Théo, (2005 Actes Sud) – La pension Marguerite, (2006) – L’imprévisible, (2006) –  : La fille des Louganis, (2007) – Loin des bras, (2009) – Le Turquetto, (2011 – Prix Jean Giono) – Prince d’orchestre, (2012) – La confrérie des moines volants, (2013) – Juliette dans son bain, (2015) – L’enfant qui mesurait le monde, (2016 – Prix Méditerranée 2017) – Mon père sur mes épaules, (2017) – Carnaval noir (2018) – Rachel et les siens (2020) – L’homme qui peignait les âmes (2021) – Tu seras mon père (2022) – Le Bâtard de Nazareth (2023) – L’île de la Française (2024)

Grasset – 06.03.2024 – 228 pages

Résumé:

Eté 1950. L’île grecque de Saint-Spyridon vit dans la tristesse. Après quatre années de guerre civile, la misère est partout. Odile, photographe à Paris, y possède une maison. Les habitants l’appellent i Gallida, la Française. La jeune Clio l’aide au ménage. Pressée par la nécessité, elle entre comme novice au monastère. Elle y introduit la photographie, dont Odile lui a révélé les secrets. Ses photos des femmes du couvent font scandale. 

Pénélope disparaît. Odile est honnie. Toute l’île la conspue, l’injurie. Où est Pénélope ? Qu’as-tu fait de Clio ? Mystérieux et âpre comme l’île, le roman de Metin Arditi brasse ses thèmes favoris : l’art, l’exil, la foi et les corps. La tragédie est toujours grecque.

Mon avis: 

Cala faisait un petit moment que je n’avais pas lu un livre de Metin Arditi et j’ai renoué avec un coup de coeur.
Heureusement que Saint Spyridon est connu pour faire des miracles … Car le début du roman dans cette île grecque magnifique nous laisse plutôt présager du contraire…
Un couple de français André et Odile sont propriétaires d’une petite maison sur l’île – ils viennent y passer toutes leurs vacances –  et sont très aimés  par les habitants de l’île. Ils sont amoureux de la culture grecque – lui est professeur de grec ancien –  au point d’avoir appelé leur fille Pénélope. Pénelope qui est très jalouse d’une jeune fille grecque, Clio, qui vient faire le ménage à la maison et que sa mère apprécie infiniment . La petite Clio, petite orpheline de 13 ans va malheureusement devoir quitter le village et prendre le voile, entrer au Monastère d’une île voisine pour échapper à la misère. La vie au Monastère va se révéler nettement plus dure et effrayante que ce qu’elle imaginait.
Quand Odile, devenue veuve, va revenir sur l’île suite à la disparition de sa fille Pénélope (suicide? fuite? décès?) Clio va avoir une permission exceptionnelle : sortir du monastère pour aller aider Odile quelques heures par jour pour l’aider et la soutenir : la découverte de l’art de la photographie va lui insuffler une bouffée d’insouciance et surtout la mettre sur la voie de la renaissance! Et je m’arrete là pour ne pas vous raconter l’histoire !
Un livre magnifique, humain, qui parle de soi et des autres, de souffrance et de joie, du rejet et de l’acceptation de soi, et aussi de la photographie, cet oeil qui révèle aux yeux de soi-même et des autres.
Un vrai coup de coeur que je vous recommande vivement. 

Extraits:

Ce qui ne l’empêchait pas de s’interroger : y avait-il sur Terre ville plus belle, plus raffinée, plus grecque, aussi, que Constantinople ? Même ce nouveau nom, Istanbul… D’où venait-il ? Du grec ! is tin Póli, à la Ville

La photo, c’était la mémoire, et la Grèce, l’éternité. Une façon de ne pas mourir, malgré ses blessures.

— Les mutilations et les photos, c’est la même chose. Tu veux te convaincre que tu existes et tu te mutiles… La photo ne grave pas la vie dans la chair, elle l’inscrit sur le papier, mais le propos est le même. Rendre l’instant éternel.

Que l’objectif de l’appareil permettait à la fois d’éloigner et de rapprocher le photographe de son sujet. Qu’en définitive, photographier ou entrer au monastère, c’était la même chose : ne plus s’occuper de soi pour s’occuper de l’autre. 

D’après son fils, les cas de disparition se résolvaient en quelques jours ou s’enfonçaient pour toujours dans le mystère. 

L’homme ne pouvait viser la perfection qu’à la condition d’être déifié corps et âme. Âme ET corps.

— Se mutiler, poursuivit Andonìa, c’est rejeter le cadeau de la vie. C’est le mépriser. Quelqu’un t’offre des fleurs, et voilà que tu te mets à leur arracher les pétales, devant lui. Que penserait-il de toi ?

Peut-être que la photographie l’avait obligée à prendre de la distance. Et en même temps à se rapprocher des autres. Elle ne les voyait plus de la même façon.

Le souci de cacher avait laissé place à la joie de se découvrir, à soi-même comme à autrui. Un mot avait pris au sein du monastère : la Révélation, c’était le Dévoilement. En grec : l’Apocalypse… Le début d’une ère nouvelle. 

Une île sous la protection de saint Spyridon, le thaumaturge… Celui qui fait des miracles…

3 Replies to “Arditi,  Metin »L’île de la Française » (2024) 229 pages”

  1. Je découvre cet auteur grâce à ton commentaire, Cat et j’ai beaucoup aimé ce livre.
    Pas grand chose à ajouter : douceur, volupté, sensualité et sensibilité pour traiter de sujets difficiles… Je me laisserai encore tenter pas d’autres livres de cet auteur !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *