Magee, Michael « Retour à Belfast » (RL2024) 432 pages

Magee, Michael « Retour à Belfast » (RL2024) 432 pages

Auteur:

Né en 1990 à Belfast, Michael Magee est le rédacteur en chef du magazine littéraire Tangerine, basé en Irlande du Nord. Ses textes ont été publiés dans The Stinging Fly, Lifeboat et The 32: The Anthology of Irish Working-Class Voices. Retour à Belfast, son premier roman, qui sera traduit en plus d’une dizaine de langues, a été récompensé par plusieurs prix et unanimement salué par la presse anglo-saxonne.

Albin-Michel – Collection Les grandes traductions – 21.08.2024 – 432 pages – traduit par Paul Matthieu (« Close to home » 2023)
Lauréat du Rooney Prize et du Nero Award 

Résumé:
« Il est coincé ici pour toujours, pas vrai ? Comme une souris prise au piège, il continuera à se tortiller dans les rues de Belfast jusqu’à son dernier souffle ». Après des études à Liverpool, Sean Maguire est de retour à Belfast parmi les siens. Il retrouve le quartier ouvrier où il a grandi, dans une ville meurtrie par plusieurs décennies de conflit entre catholiques et protestants, et où la prospérité promise par les accords de paix se fait toujours attendre. 

Sean n’a qu’une hâte : repartir dès que possible. Mais il est vite rattrapé par ses vieilles habitudes: les nuits blanches, l’alcool et la coke, l’argent emprunté, les loyers impayés et les boulots précaires. Jusqu’à ce qu’à ce moment fatidique où, lors d’une soirée, il commet un acte impardonnable. Pourra-t-il échapper à un destin tout tracé ? Ecrit au cordeau, ce premier roman aborde avec une remarquable lucidité des sujets très contemporains : masculinité toxique, déterminisme social et secrets de famille. 

A travers ce roman d’apprentissage extrêmement poignant, c’est le portrait de l’Irlande du Nord que brosse Michael Magee.

Mon avis:

Un jeune homme de 22 ans, Sean,  revient à Belfast après ses études. Il se trouve confronté à la misère, à la difficulté de trouver un travail et un logement et très rapidement va retomber dans sa vie d’avant : alcool, drogue, fréquentations douteuses. Les conditions de vie sont difficiles et l’ambiance pesante. Famille, amis, tous sont des personnages facturés; son frère survit avec les traumatismes de son enfance, sa mère est également au fond du trou. Tous les personnages du roman semblent ne jamais être autrement que sous l’influence de drogue ou d’alcool ce qui induit un état de violence latent et pour ainsi dire permanent.
Suite à une bagarre dans un bar, Sean – qui plaide non coupable – va devoir faire des heures de travaux d’intérêt général et payer une amende en plus des petits boulots (dans des bars) qu’il accepte pour survivre. La vie est dure, le contexte extrêmement pénible et malsain, le sentiment d’impuissance, d’injustice, de non-avenir plombe sa réalité.
Sean retrouve une ancienne petite amie, Mairead; si cette dernière semble avoir évolué en bien , il s’avère que ce n’est qu’une façade. La précarité est au centre du roman. Comment s’en sortir, même si on a fait des études, dans un monde dans lequel il n’y a pas d’avenir, pas de travail, et peu d’espoir que ça change?
Si le contexte est noir, les personnages sont très attachants. On sent qu’ils voudraient aller de l’avant, s’en sortir, mais qu’ils retombent . Dans ce contexte sombre, il y a une tendresse qui lie les acteurs du livre au-delà de leur malêtre et de leurs frictions. Ils ont malgré tout des rêves…
Sean, qui a fait des études littéraires, se raccroche à la lecture.

Un livre dur, poignant, qui décrit une dure réalité: le manque d’opportunités pour les jeunes et les moins jeunes dans un contexte de crise économique et sociale. Les années passent mais rien ne change et le résultat est le mal de vivre. Un constat sur l’état de la société, pas vraiment d’histoire, si ce n’est la vie d’une famille éclatée mais qui garde le contact et essaie de s’aider comme elle peut… 

Impossible de ne pas penser à Irvine Welsh et « Trainspotting » même si l’un se passe à Belfast et l’autre dans l’Edimbourg des années 90… Autre siècle, autre lieu, même atmosphère, même constat…

Un grand merci à Francis Geffard, aux Editions Albin Michel pour cette belle découverte.
@terres_amerique

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