Sadeghi, Alexandre « Le Sutra des Damnés » (RLE2024) – 434 pages

Sadeghi, Alexandre « Le Sutra des Damnés » (RLE2024) – 434 pages

Auteur: D’origine suisse et chinoise, Alexandre Sadeghi est l’auteur de nouvelles littéraires et policières publiées en Suisse et reconnues en France et en Grande-Bretagne, dont trois shortlistées pour le prix Margery Allingham de la Crime Writer’s Association. Inspiré par des traditions familiales et cinq années vécues en Chine, « Le Sutra des Damnés » est son premier roman.

Editions Slatkine Geneve – 27.08.2024 – 434 pages

Résumé:
Tout se répète. Tout revient.
Le cadavre mutilé d’un professeur est découvert à Lausanne. Son supplice, cent huit coups de burin chauffé au rouge, évoque l’imagerie terrifiante de la mythologie bouddhiste. Kong Ling, inspectrice sino-suisse au passé aussi trouble que violent, se lance à la poursuite du tueur, un monstre surgi des annales du Bouddha dont le projet sanglant ne vient que de commencer.
Dans cette traque, Ling confrontera les plaies ouvertes d’un héritage tentaculaire de crimes et d’exploitation, s’étendant au-delà des frontières suisses, et dissimulé sous la surface idyllique de la capitale vaudoise, ainsi que les démons infernaux de son propre passé.

Mon avis: 
Époustouflant ! Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un thriller aussi incroyable, jusqu’à la toute fin ! C’est mon thriller coup de coeur de l’année !
Venez faire connaissance de la Police cosmopolite de Lausanne : le chef de brigade, le vaudois André Reynaz, la Commissaire adjointe Farzan (d’origine perse), l’Inspectrice Ling Kong (chinoise), l’assistant Nicostratus Braga (origine portugaise ). Ling avait traqué un démon alors qu’elle faisait partie de la Police de Weihai en Chine et il semble bien qu’elle va se trouver à nouveau dans la peau de chasseuse de démon, à la poursuite d’un tueur en série, réincarné en démon…
J’ai trouvé ce roman extrêmement interessant car il en apprend énormément sur le bouddhisme, et principalement sur le Nakata, l’enfer bouddhiste, sur les modes de torture dans la tradition chinoise, sur l’importance par exemple du nombre sacré 108 dans l’hindouisme et sur la littérature et la mythologie chinoise ( Zhu Bajie : cochon anthropomorphe, personnage de la mythologie chinoise décrit dans le roman La Pérégrination vers l’Ouest)
Pour avancer dans son enquête elle va demander l’aide d’un moine chinois établi dans les environs de Lausanne et se plonger dans la mythologie chinoise et l’enfer du Bouddhisme, dans la biographie de Bouddha – le Mahāvastu -, le bouddhisme mahāyāna.
L’enquêtez va aussi nous entrainer dans le quartier chaud de Lausanne, le Malley. Petit à petit, le tueur va semer des cadavres dans la région vaudoise et s’attaquer à des personnages respectés… mais sont-ils respectables?
Ce roman nous permet de feuilleter le catalogue des horreurs et perversions, que ce soit dans la petite ville de Lausanne ou dans les oeuvres d’art du bouddhisme … et de découvrir la roue de l’existence de la cosmologie bouddhiste, avec ses différents mondes, et principalement les mondes d’en-bas où les âmes négatives sont torturées pour expier leurs actions. 
Bienvenue dans l’enfer des fils noirs et des déités vengeresses.
Pour trouver le tueur, Ling va devoir fouiller dans le passé des victimes et se laisser guider par less enseignements du Sakyamuni (Bouddha)…
Le bouddhisme religion de paix ? L’enquête met quelque peu à mal cette vision idyllique …
Pour ce qui est des thèmes principaux du roman, outre bien évidement le bouddhisme et l’enquête criminelle, je mentionne : Trafic d’êtres humains – industrie du sexe – esclavage – origines – différence – altérité – étranger – identité – corruption – politique – migrants – exploitation – vengeance …

Un énorme merci aux Editions Slatkine pour m’avoir permis de lire ce thriller hors-normes.

Extraits:

Elle aurait pu tomber à genoux, hurler, succomber à la douleur qui la submergeait. Pourtant, elle maintint son calme. Abstraire. Cloisonner. Résister. Tout garder à l’intérieur, le cacher, le réprimer jusqu’à l’oublier. La tristesse, le désespoir, toutes ces choses qui ne servent à rien. Bientôt , il ne resterait que la rage, et elle se laisserait dévorer par ce brasier pour y puiser ses forces.

Je suis bouddhiste. Pour nous, l’intention compte plus que l’acte en soi.

Paradoxalement, c’était à travers le sommeil qu’il espérait échapper aux cauchemars.

Le soleil brille le jour, la lune brille la nuit. Le guerrier brille en armure, le sage brille en méditation.

Celui qui, en ce monde, raconte des mensonges déterre ses propres racines.

Heureux vivons-nous, sans haine parmi les haineux ; entourés de ceux qui haïssent, nous demeurons vides de haine.

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