Everett, Percival « Châtiment » ( RLH2024 ) 352 pages

Everett, Percival « Châtiment » ( RLH2024 ) 352 pages

Auteur: Auteur américain, né le 22 décembre 1956 à Fort Gordon, en Géorgie, Auteur polyvalent, ses écrits se situent à la frontière de plusieurs genres littéraires.
Diplômé de littérature et de philosophie, il est professeur d’anglais et directeur du département de littérature anglaise à l’université de Californie du Sud à Los Angeles., Percival Everett est écrivain, poète et peintre,. Aux États-Unis, ses romans ont souvent été salués par des prix littéraires, dont celui décerné par le National Book Critics Circle pour l’ensemble de son œuvre. Perceval Everett a également été finaliste du prix Pulitzer 2022 avec  Châtiment.

En France, toute son œuvre est publiée par Actes Sud.
Effacement, (2004), Désert américain (2005 , Blessés (2006), Glyphe (2008), Le Supplice de l’eau (2009), Pas Sidney Poitier (2011), Montée aux enfers (Actes noirs, 2012 + Babel  2014) et Percival Everett par Virgil Russell (2014), Châtiment (2024) 

Actes Sud – Actes noirs – 07.02.2024 – 352 pages – Traduit par Anne-Laure Tissut (The Trees 2021)
Perceval Everett a également été finaliste du prix Pulitzer 2022 avec  Châtiment.

Résumé:
Une série de meurtres brutaux secoue la petite ville de Money, Mississippi : des hommes blancs sont retrouvés atrocement mutilés. Mais ces meurtres recèlent un mystère, car sur chaque scène de crime on retrouve un second cadavre qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Emmett Till, un garçon noir lynché dans la même ville en 1955. Lorsqu’un duo d’enquêteurs tout en second degré est dépêché sur les lieux, il se heurte à la résistance attendue du shérif, de ses adjoints, du légiste et d’une cohorte de Blancs tous plus racistes les uns que les autres. 

Les deux agents spéciaux pensent avoir affaire à des crimes punitifs… Dans cette comédie noire audacieuse et provocatrice, Everett a le racisme et les violences policières dans le collimateur et déploie son intrigue à un rythme effréné, ne laissant aucune chance au lecteur de détourner le regard.

Mon avis:

Je sais que beaucoup de monde a apprécié mais je suis à contre-courant… J’ai trouvé long…
Sujet intéressant, suspense, mais je n’aime pas son écriture et je n’accroche pas. Une fois encore il m’a perdue en route alors que cela commençait plutôt pas mal. J’avais lu à sa sortie son roman « Montée aux enfers » (2012),  je ne m’étais attachée à aucun personnage et au final j’étais restée sur une impression mitigée. Même constat.
Tellement de violence, de vocabulaire grossier… Je sais bien que tout n’est pas que poésie et belle langue et que son écriture est certainement conforme à la réalité mais c’est juste un peu trop cru pour mon goût personnel. Greg Isles écrit aussi sur le racisme dans le Mississippi et le ton n’est pas le même…
Et pourtant l’idée de prendre pour point de départ une histoire vraie, de parler de ce fléau qu’est le racisme aux Etats-Unis, de mettre l’accent sur les suprémacistes blancs et les dérives raciales, cela est juste et d’actualité !
Toutes les polices sont mobilisées: la police locale, celle de l’Etat et même le FBI…

Evidemment que des meurtriers d’un jeune noir – Roy Bryant et J. W. Milam – acquittés par un jury fait de blancs… cela ne peut que donner des envies de vengeance… même des années plus tard ( 60 ans pour être précis) … et les victimes sont les enfants des deux meurtriers de Emmett Till. Et il semble bien qu’il y ait une autre victime, toujours en relation avec ce meurtre, dans la ville de Chicago : le frère de Junior Junior.

Et il semble bien qu’un nègre fantôme se soit réveillé… pour chercher des noises aux membres du Ku Klux Klan de la Région de Money, Mississippi. Ce noir qui  apparait et disparait sur les scènes de crimes, ce noir tout défiguré et mort depuis longtemps, ce mort qui hante les scènes de crime, qui disparaît et puis qui revient… Et qui vise des familles blanches au passé bien glauque! Les esprits ont semble-t-il décidé de se venger…
Pour comprendre, la Police fait appel à Mama Z, la sorcière du coin, âgée de 105 ans, qui vit seule dans une maison isolée . Ils découvrent qu’elle tient des archives de meurtres racistes depuis plus de cent ans; dans meurtres racistes il y a les crimes, les lynchages, les actions policières…
Heureusement qu’il y a parfois des touches d’humour  ( Ho Chi Minh)  mais malheureusement  c’est souvent une sorte d’humour que je n’apprécie pas trop…
Et que dire de l’aspect répétitif du récit… je rajoute qu’en prime je n’ai pas été convaincue par la fin…

Le mérite du roman est de souligner une fois encore la problématique du racisme et des violences  des habitants et de la police aux Etats-Unis. Et malheureusement je pressens que cela ne va pas s’arranger …

Extraits: 

Wheat n’était certes pas beau à voir, mort et tout ensanglanté, du fil de fer autour du cou comme Junior Junior. Mais dans la baignoire, assis dos contre les robinets, gisait le même homme noir qu’ils avaient trouvé avec Junior Junior Milam. Le même homme noir rendu méconnaissable par les coups, dans le même costume bleu incrusté de terre, tenant une autre paire de testicules dans son poing noir raidi couvert de sang.

Il essaie de pas être le trou du cul de raciste qu’il ne peut pas s’empêcher d’être. Je crois que l’effort est sincère. Parfois c’est un raciste, parfois c’est un trou du cul, et de temps à autre, les deux à la fois. 

Les morts, ils sentent pas passer le temps, savent pas lire le calendrier. Y z’ont pas de montre avec la date, j’veux dire. Qui creuse une fosse tombera dedans et la pierre reviendra sur celui qui la roule.

— Quand on veut connaître un endroit, on parle à son histoire

— Je crois que je vois où on se trouve. Je suis déjà allé au fin fond de nulle part et ça ressemblait exactement à ça.

Putains d’prolos de wetbacks, songea-t-il. On devrait tous les chasser de la ville, du pays, juste comme son grand-père avait aidé à chasser les nègres de la ville au bon vieux temps, dans les années 1920.  ( wetback =“dos mouillé” : désignation insultante des immigrés mexicains qui franchissaient clandestinement la frontière du Río Grande.)

Quand j’écris leurs noms, ils deviennent réels, et plus seulement des statistiques. Quand j’écris leurs noms, ils deviennent réels de nouveau. C’est presque comme s’ils obtenaient quelques secondes de plus ici-bas. Vous voyez ce que je veux dire ?

Informations ( Wikipedia)
Emmett Louis « Bobo » Till, né le 25 juillet 1941 à Chicago dans l’Illinois et mort assassiné le 28 août 1955 à Money dans le Mississippi, est un adolescent afro-américain qui fut lynché et torturé à mort dans la région du Mississippi Delta aux États-Unis. Son meurtre est l’un des principaux événements tragiques qui ont jalonné le mouvement américain des droits civiques.

Les principaux suspects du crime, Roy Bryant et son demi-frère J.W. Milam, sont acquittés. Ils avouent plus tard être les coupables de l’assassinat de l’adolescent.

Photo : Emmett Louis « Bobo » Till ( source site  pbs-org)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *