Paolacci, Antonio et Ronco, Paola « Le point de vue de Dieu » (2024) 384 pages Série Paolo Nigra (tome 2)

Paolacci, Antonio et Ronco, Paola « Le point de vue de Dieu » (2024) 384 pages Série Paolo Nigra (tome 2)

Auteurs:
Paola Ronco, née à Turin en 1976 est écrivaine, éditrice et professeur d’écriture.
Antonio Paolacci, né à Maratea en 1974 est auteur, chroniqueur et rédacteur en chef. Installés à Gênes, ils sont compagnons dans la vie et dans l’écriture depuis la création à quatre mains du personnage du surintendant adjoint Paolo Nigra, flic à Gênes dans Nuages Baroques (Nuvole barocche).

Série Paolo Nigra : Nuages baroques (2022)  tome 1 – Le point de vue de Dieu (2024) tome 2

Rivages Noir – 10.04.2024 – 384 pages (Il punto di vista di Dio – 2020 – traduit par Sophie Bujard)

Résumé:
Un dimanche matin d’été, dans une église du centre historique de Gênes. Alors que les fidèles reçoivent la communion, le professeur Sergio Bruzzone tombe raide mort après avoir pris l’hostie. Tout indique qu’il a été empoisonné. La victime, pas vraiment regrettée, appartenait à un club de retraités, amis de longue date et passionnés de polars, qui tous peuvent l’avoir assassiné. Tout se complique lorsque les médias conservateurs assurent qu’on tente en réalité de viser les chrétiens. 

Le sous-préfet adjoint Paolo Nigra devra lutter contre les assauts d’une droite italienne hostile aux immigrés et aux homosexuels pour déjouer les pièges d’une énigme à la Agatha Christie en fouillant dans les secrets de retraités pas si tranquilles.

Mon avis: 🖤🖤🖤🖤🖤

L’un des membres d’un club de lecture de petits vieux, enfin de notables respectables (médecin, policier, enseignants –  retraités ou du moins qui ont passé l’âge de la retraite), passionnés de romans policiers s’effondre dans l’Eglise pendant la messe. Serait-t-il victime d’une ostie empoisonnée? Le curé aurait-t-il commis l’impensable? Le sous-préfet Nigra va enquêter avec sa petite équipe, mais Augusto Marchionne, le sous-préfet adjoint de la Digos (division des enquêtes générales et des opérations spéciales – police politique italienne), son ennemi de toujours va tâcher de récupérer l’enquête pour en faire un meurtre politique et tenter d’incriminer un étranger (un marocain). 

Nigra, fidèle à lui-même est persuadé que la politique et la nationalité ou le terrorisme n’ont rien à voir dans la résolution du meurtre  et va donc enquêter dans l’entourage du défunt et donc sur les italiens.
Quand on dit membres d’un club de personnes respectables qui se réunissent toutes les semaines , est-ce-que cela  signifie amis? Est-ce que cela veut dire bien se connaître ? S’apprécier? 

Comme dans le tome 1 le plaisir de fréquenter Nigra et ses voisins, amis, collègues – qui tentent de découvrir par tous les moyens qui est son partenaire –  de  suivre les états d’âmes du fameux « Commissaire Scognamiglio »,Rocco pour les intimes.
J’ai une fois encore beaucoup apprécié l’ambiance de ce thriller. Je n’ai pas pu m’empêcher de me faire la réflexion que récemment c’est le deuxième « giallo » que je lis dans lequel un club de lecture occupe une place prépondérante (La librairie des chats noirs de Pulixi) . A noter que celui-ci a été écrit avant. 

Extraits:

Il n’y a rien d’efficace à utiliser une substance bon marché et rapide pour exterminer les gens. Il n’est pas nécessaire d’être génial, il suffit d’être psychopathe. 

Si on va par là, il n’y a pas que les Juifs qui ont fini dans les camps de la mort. Il y a eu aussi des détenus politiques, des Tsiganes, des homosexuels, des malades mentaux.

Le vrai problème, c’est justement qu’on a affaire à des gens parfaitement normaux en apparence, des gens dont on se fait à première vue une idée précise qui semble tenir la route, alors qu’en fait pas du tout.

Je les voyais se taire brusquement à mon approche. Je les entendais ricaner. Je savais ce qu’ils murmuraient. Mais j’allais bien. J’allais bien parce que j’étais moi, j’étais enfin moi. Eux, par contre, n’étaient personne.

L’amitié et l’inimitié ne sont jamais loin l’une de l’autre, comme aurait dit Alessandro Manzoni.

Et après tout, on ne connaît jamais vraiment les gens, n’est-ce pas ? N’importe lequel de nos amis pourrait même être un assassin, pour ce que nous en savons.

Tout le monde parle dans le dos de tout le monde de toute façon.
Qui que tu sois. Peut-être parce que tu es un homme et que tu aimes les hommes, peut-être à cause de ta façon de t’habiller. Ou parce que tu as pris du poids. Ou parce que tu es antipathique. Tu ne crois pas ? »

La femme les observa à peine, à la manière génoise, autrement dit d’un œil mauvais mais dépourvu de haine

Mais s’il y avait un point où tout se bloquait, il devait aussi y avoir une faille, la lueur d’une issue.

Le tai-chi portait en lui à la fois un enseignement sur les équilibres de l’univers et une espérance. De même qu’il ne pouvait y avoir de nuit sans jour, de même, pour chaque énigme, il devait exister une solution.

Il pense que l’initiation au tai-chi est semblable à celle d’autres disciplines, où de nouvelles connaissances s’ajoutent toujours aux anciennes, comme au début. Ce n’est pas le cas. Son esprit se trompe lorsqu’il croit que l’apprentissage se déroule selon une ligne droite. Il s’agit plutôt d’un cercle, d’une spirale qui tourne sous l’impulsion de l’alternance du yin et du yang. Tout ce qu’on sait doit être réappris, encore et encore, selon le même cycle, chaque fois de manière plus approfondie. Il ne s’agit pas d’accumuler, mais de comprendre. 

Passé un certain âge, on sait comment va le monde mais on n’a plus la force de le changer.

La seule manière d’arriver à la solution me paraît donc d’utiliser la règle d’or de Sherlock Holmes : quand on a éliminé l’impossible, tout ce qui reste, même l’improbable, doit être la vérité.

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