Paolacci, Antonio et Ronco, Paola « Nuages baroques » (2022) 384 pages Série Paolo Nigra (tome 1) 


Paolacci, Antonio et Ronco, Paola « Nuages baroques » (2022) 384 pages Série Paolo Nigra (tome 1) 


Auteurs:
Paola Ronco, née à Turin en 1976 est écrivaine, éditrice et professeur d’écriture.
Antonio Paolacci, né à Maratea en 1974 est auteur, chroniqueur et rédacteur en chef. Installés à Gênes, ils sont compagnons dans la vie et dans l’écriture depuis la création à quatre mains du personnage du surintendant adjoint Paolo Nigra, flic à Gênes dans Nuages Baroques (Nuvole barocche).

Série Paolo Nigra : Nuages baroques » (2022)  tome 1 – Le point de vue de Dieu (2024) tome 2

Rivages Noir – 12.10.2022 -344 pages /  Rivages poche – 10.04.2024 – 384 pages – Titre original : « Nuvole barocche »  traduit par Sophie Bujard

Résumé:
Un jeune étudiant en architecture d’une vingtaine d’années, vêtu d’un manteau rose vif, est retrouvé battu à mort au petit matin, non loin du lieu où se tenait une fête en soutien à l’union civile qui doit bientôt consacrer en Italie le mariage homosexuel. Sur les lieux, auprès de son équipe de policiers aussi disparate qu’efficace, arrive bientôt sur sa moto Guzzi l’imperturbable sous- préfet de police Paolo Nigra, bel homme à la quarantaine élégante, sorte de Gian Maria Volonte au charisme évident. 

Tout semble indiquer un crime homophobe, mais Nigra se méfie des évidences…

Mon avis:
De retour en Italie pour mon plus grand plaisir. Le titre m’a fait penser à ma jeunesse et à la chanson de Fabrizio De André, Nuvole barocche . Ce sont d’ailleurs les paroles de la chanson qui sont citées en exergue.
Cette fois l’action se passe à Gênes. Et je crois n’avoir jamais lu un roman policier/thriller se passant à Gênes ???

Dès la première phrase, on frissonne . Si ce n’est pas dû à l’action, c’est dû à la météo.. A la deuxième page, on frissonne suite à la découverte d’un corps… Certes cela commence avec une découverte macabre et un shot de violence mais ensuite le roman est nettement psycho-psychiatrique, et sur fond de problèmes de société… Les protagonistes évoluent dans une société à la vision étroite, dans une société régentée par l’argent, le pouvoir, les idées rétrogrades, le racisme anti-étrangers et l’homophobie.
Paolo Nigra est un bel homme, super sportif, qui fait fantasmer toutes les filles, qui réussit à garder sa vie privée secrète; il est Flic et gay.  Face à lui des personnes qui vont essayer de faire pression sur lui pour le faire plier, mais c’est mal le connaître. Il n’est pas bien vu d’être homosexuel en Italie, et dans le cas particulier dans la ville de Gênes. Mal vu aussi d’être homosexuel quand on fait partie de la Police ! Et le coming out de Paolo Nigra résonne comme un coup de tonnerre. Mais Nigra assume !
Lorsqu’un jeune homme est assassiné, on envisage d’emblée un crime homophobe… Mais n’est-ce-pas juger trop vite ? Peut-être serait-il intéressant de creuser un peu le contexte familial de la victime, élevée par son oncle suite à la disparition de ses parents ? De chercher aussi du coté de l‘argent ? Des amis de la victime?
Le roman se passe en 2016, année importante en Italie pour les droits des homosexuels : c’est l’année où l’Italie accorde enfin un statut aux couples de même sexe (dernier pays de l’Europe occidentale).

J’ai eu le coup de coeur pour le personnage de  Paolo Nigra, qui vient rejoindre la liste de mes auteurs/ personnages de « Gialli » favoris : Valerio Varesi (Commissaire Soneri) , Maurizio de Giovanni ( Commissaires Ricciardi et Lojacono), Giorgio Scerbanenco (Duca Lamberti),   Gianrico Carofiglio (Guido Guerrieri et Pietro Fenoglio) , Carlo Lucarelli ( Grazia Negro), Antonio Manzini (Rocco Schiavone), Piergiorgio Pulixi (Commissaire Vito Strega), Marco Vichi (Bordelli),   Ilaria Tutti ( Teresa Battaglia),   Donato Carrisi (Mila Vasquez). Il faut dire que pour la littérature policière, j’ai un gros faible pour les italiens qui me font visiter leurs villes et régions en compagnie de personnages qui ont des traits de caractères bien à eux. 

Et quand en plus il y a des références à Giorgio Scerbanenco, Carlo Lucarelli, Emily Dickinson, Dürrenmatt – «  Le Juge et son bourreau » – , Conan Doyle…  J’AIME ! Et je me réjouis de retrouver Paolo Nigra et sa brigade… 

Liste des personnages principaux  (Comme c’est une série ce sera plus simple pour s’y retrouver par la suite)
– Le Commandant en chef de la brigade mobile : Fabio Virdis
– Le sous-préfet adjoint : Paolo Nigra
– Le commissaire en chef : Giulio Musso (Bonne société riche)
– L’assistante en chef : Marta Santamaria (nana qui fume la pipe)
– L’inspecteur en chef : Giacomo Caccialepori (Hypocondriaque)
– Le substitut du Procureur chargé de l’enquête : Elia Evangelisti,
– La médecin légiste Rosa Badalamenti
– la voisine ( et meilleure amie de Nigra)  : Sarah
– L’ami de Nigra : Rocco Antonelli (acteur)
– Calpurnia : la chatte 

Extraits: 

Le vent gonflé d’eau glacée soufflait sur les vagues d’une mer noire et ridée, battait la côte, balayait les pavés et les quais en ciment du port, frappait les murs des palais antiques et sifflait à travers les ruelles, faisant vibrer les cordes à linge et secouant les volets fermés.

– En théorie, la pipe est une “fumette lente”, une activité qui devrait être contemplative. Les détectives dans les romans s’en servent pour réfléchir avec calme. Comme Sherlock Holmes ou Maigret. 

Tu ne peux pas poser des questions en arabe à quelqu’un qui ne parle qu’italien. Ce garçon croit en la violence. S’il en subit un peu, il ne t’en répondra que mieux.

Ce matin, vous m’la jouez inspecteur Callaghan, et là, votre dernière question, c’est le retour du lieutenant Columbo.

– Et comment je dois l’appeler, dottò ?
– Je ne sais pas, peut-être raciste ou cinglé, qui sont des termes plus techniques. Lui et son parti extrémiste ont gagné une centaine de voix lors des dernières élections. 

Il faut un certain temps pour se mettre au diapason des Génois. Mais, avec le temps, on apprend que, bien souvent, les manières brusques ne sont que de la frime et qu’elles cachent de belles personnes.

Comme l’écrivit Emily Dickinson, dit ce dernier, “le matin est dû à tous, à certains, la nuit. À une impériale minorité, la lumière de l’aurore”. »

Refuser de voir, c’est rester aveugle face à l’évidence.

Ce sont les pires aspects de la profession que nous avons choisie. Voir l’abîme et conserver un regard lucide.

Vous savez ce que Conan Doyle avait l’habitude de dire ? Les crimes sont fréquents, la logique est rare. Donc, c’est sur la logique qu’il faut insister.

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