Moreau, Christiana «La nuit de la tarentelle» (2023) (288 pages)

Autrice : Christiana Moreau est une artiste peintre, sculptrice et écrivain, de nationalité belge, née à Seraing.
Après un recueil de poésie, « Poesimage » (2014), En 2017, elle publie «La Sonate oubliée», son premier roman suivi de « Cachemire rouge » en (2019), «La Dame d’argile» (2021) , «La nuit de la tarentelle»(2023) , « Aux vents déraisonnables » (2025)
Nouvelle :« Pomme de reinette » (Lauréate concours SagaCité 2024)
Les Presses de la Cité – 02.03.2023 – 272 pages / J’ai lu – 05.06.2024 – 288 pages
Résumé
Dans le Salento, à la pointe des Pouilles, une terrible maladie ravage les oliviers du domaine où a grandi Elisa. Lorsque son père se trouve forcé d’abattre un millier d’arbres centenaires, la jeune fille voit son rêve de partir étudier le chant à Milan s’effondrer. Seule sa grand-mère Raffaella la soutient. En cachette, elle lui offre son médaillon porte-bonheur…
Dans le Salento, à la pointe des Pouilles, une terrible maladie ravage les oliviers du domaine où a grandi Elisa. Lorsque son père se trouve forcé d’abattre un millier d’arbres centenaires, la jeune fille voit son rêve de partir étudier le chant à Milan s’effondrer. Seule sa grand-mère Raffaella la soutient. En cachette, elle lui offre son médaillon porte-bonheur à l’effigie de Verdi et lui confie le secret qu’elle tait à tous depuis plus de soixante ans, lorsque la vie était encore plus rude pour les filles d’après-guerre.
Ce temps où danser la pizzica, une folle tarentelle venue du fond des âges, était le seul exutoire à l’oppression que leur imposait le joug de leurs pères, leurs maris et leurs frères… Forte de l’histoire de Raffaella, Elisa parviendra-t-elle à s’émanciper des traditions millénaires de ce pays brûlant de soleil menacé par l’avidité des hommes ?
Mon avis:
Une fois encore je suis tombée sous le charme des écrits de Christiana Moreau. Il faut dire qu’elle avait mis tous les éléments de son coté ! L’Italie, les Pouilles, les oliviers, la musique, la danse, la passion…
Je n’ai pas envie de trop vous en parler, par crainte de vous en dire trop…
Je vous invite à venir dans le Sud de l’Italie, dans les Pouilles, dans la région du Salento : le pays des oliviers, de la la pizzica, la plus traditionnelle des tarentelles…
Un pays où es femmes sont encore soumises au machisme traditionnel, surtout à la campagne.
Un pays où deux femmes, Elisa et avant elle sa grand-mère Raffaella vont oser rêver de quitter leur village pour affronter la grande ville; Raffaella en sera empêchée, mais fera tout pour que sa petite-fille puisse vivre son rêve et aller étudier le chant lyrique à Milan.
L’importance des arbres et plus particulièrement de l’olivier est présente tout au long du livre: des arbres qui dépérissent suite à une maladie, mais aussi un arbre symbole de l’amour pour la grand-mère, symbole de la région.. Il semblerait même que la musique puisse les soigner… Les soins portés aux oliviers et les techniques pour tenter de les soigner m’a passionnée.
Alors je vous invite à suivre ces magnifiques destins de femmes, de danser et de chanter avec elles, de connaitre l’amour passion et de découvrir les secrets qui les lient…
J’ai aimé la mention de certaines traditions locales, tel le bris du vase lors d’un mariage.
Et j’ai retrouvé «la Casa di riposo per musicisti, Fondazione Giuseppe Verdi» que j’avais découverte dans le roman d’Alexia Stresi « Des lendemains qui chantent »
Extraits:
Toutes les héroïnes rencontrées entre les pages des romans me soufflent un vent de liberté dans la tête, à cent lieues des péquenots du Salento.
Depuis le Moyen Âge, la pizzica de ces paysannes n’est pas une sarabande anodine ni un divertissement : elle consiste en une véritable thérapie du corps et de l’esprit. Tout comme dans les bacchanales de Dionysos, dieu de l’ivresse, la tarentelle se pratique dans le but d’exorciser le sentiment d’oppression ressenti par les mères, les épouses et les sœurs de nos ancêtres. La libération ne survient qu’au bout de l’épuisement.
Bien qu’aujourd’hui l’enracinement du mythe se dilue dans le passé et fasse figure de superstition, la tarentelle n’a pas toujours été un simple loisir. Son rite sacré capture encore ses adeptes dans sa toile.
Quand la déesse Athéna gratta de sa lance la terre brûlée par le soleil et fit naître un arbre immortel permettant de nourrir et de soigner les hommes, elle leur fit un présent magnifique, inestimable. Les Grecs récompensaient leurs héros des jeux Olympiques par des branches d’olivier et des jarres d’huile. Depuis l’Antiquité, il représente la force et la victoire, la sagesse et la fidélité, l’immortalité et l’espérance, la richesse et l’abondance.
Elle craint la mentalité du Sud, ancrée dans des millénaires de suprématie masculine. Elle se méfie du machisme de son père et de la soumission de sa mère.
Tout le monde a quelque chose à cacher. Le plus important est de faire bella figura.
Elisa se tait pour laisser la place à mes souvenirs. Ils se déploient tout craquelés de vieillesse dans le silence.
One Reply to “Moreau, Christiana «La nuit de la tarentelle» (2023) (288 pages)”
Merci pour cette belle chronique. Peut-être aimeriez-vous aussi mon nouveau roman Aux vents déraisonnables dans un univers bien différent.