Moreau, Christiana « La Dame d’argile » (2021) 320 pages

Autrice : Christiana Moreau est une artiste peintre, sculptrice et écrivain, de nationalité belge, née à Seraing.
Après un recueil de poésie, « Poesimage » (2014), En 2017, elle publie «La Sonate oubliée», son premier roman suivi de « Cachemire rouge » en (2019), «La Dame d’argile» (2021) , «La nuit de la tarentelle»(2023) , « Aux vents déraisonnables » (2025)
Nouvelle :« Pomme de reinette » (Lauréate concours SagaCité 2024)
Editions Préludes – 09.06.2021 – 320 pages (prix Michel Tournier 2022)
Résumé :
Sabrina, jeune restauratrice au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles hérite par sa grand-mère, d’un buste de femme en argile d’une beauté remarquable. Piquée par la curiosité, elle se rapproche de Pierre, spécialiste de la renaissance italienne et ancien amant, pour l’aider à identifier l’origine de la sculpture et l’identité de son mystérieux créateur. Dans l’Italie d’après-guerre ravagée par la crise économique, Angela, jeune femme issue d’une famille pauvre se prépare au départ, à l’exil.
Elle s’en va rejoindre son nouvel époux, parti travailler dans les mines de charbon en Belgique. Dans ses maigres bagages, quelques vêtements et, caché parmi eux, un buste qui appartenait à sa mère, le seul souvenir qu’elle emporte avec elle vers l’inconnu. A la fin du quatorzième siècle, Costanza Marsiato, fille d’un maître potier d’Impruneta, à côté de Florence, rêve de s’extraire de sa condition de femme pour devenir une artiste reconnue, et ce malgré les interdits et les tabous.
Elle se rend à Florence avec quelques affaires et une petite madone de terre cuite qu’elle a façonné en s’inspirant des maîtres. En 1472, Simonetta Cattaneo fait ses adieux aux terres familiales de Portovenere. Sa famille l’a promise, à seulement quinze ans, en mariage à Marco Vespucci, fils d’une puissante famille florentine. Sa beauté sans pareille fera très vite d’elle la muse des artistes, une femme puissante et convoité.
Mais cela suffira-t-il à la rendre heureuse ? Au travers des époques, Christiana Moreau nous embarque dans quête d’identité avec les vies entremêlées de quatre femmes aux vies et aux destins très différents, toutes liées par une oeuvre d’art oubliée. Quatre femmes qui, pour vivre libre, vont devoir s’affranchir des désirs des hommes.
Mon avis:
Comme lors de toutes les fois que j’ai lu un roman de cette autrice : coup de coeur
Direction la Toscane et plus spécifiquement Florence à l’époque des Médicis – et malheureusement de Savonarole. Une amoureuse de l’Italie et de la Toscane comme moi ne peut que tomber sous le charme de ce roman.
Un livre sur « le Quattrocento » dans la cité des arts qu’est Florence.
On va marcher sur les traces des artistes tels que l’architecte Brunelleschi, les sculpteurs Donatello, Luca della Robbia, Ghiberti, Verrocchio, les peintres Botticelli, Filippo Lippi , Ghirlandaio, … Et découvrir la poterie et la sculpture à l’époque de la Renaissance, le village de potiers d’Impruneta…
On va graviter dans le monde des Médicis, des Vespucci, et du moine noir, Savonarole…
Le fait que l’autrice soit sculptrice est un atout supplémentaire car elle nous fait vivre de l’intérieur la passion de l’artiste Costanza Marsiato.
Avec les quatre femmes qui forment la colonne vertébrale de ce roman, nous parcourons les siècles, de 1472 jusqu’à nos jours.
Il y a Costanza, qui rêve d’être une sculptrice, une artiste, dans un monde où les femmes n’ont pas leur place et qui ne va pas hésiter à porter des vêtements d’homme quitte à y laisser sa peau.
Elle devra surmonter bien des obstacles et devra être sur ses gardes continuellement. Et qui pose une question bien pertinente : quelle est la différence entre artisan et artiste ?
Il y a Simonetta, qui va quitter Portovenere pour aller à Florence en tant qu’ épouse de Marco Vespucci. (info Wikipdia: Simonetta Vespucci, à l’origine Simonetta Cattaneo, née le 6 février 1453 à Porto Venere dans la république de Gênes et morte le 26 avril 1476 à Florence, est une noble italienne de la Renaissance, célèbre à la cour de Laurent le magnifique pour sa beauté et son charme. Mariée en 1469 au Florentin Marco Vespucci, elle éblouit Florence pendant les quelques années qui lui restent à vivre. Elle a notamment servi de modèle à plusieurs peintres, dont Botticelli.)
Il y a Angela « la nonna de Sabrina » qui va quitter l’Italie pour la Belgique, rejoindre son mari qui est parti travailler dans des mines de charbon. J’ai découvert un beau scandale en apprenant les conditions de vie de ces italiens qui ont quitté l’Italie pour la Belgique)
Il y a enfin Sabrina, qui hérite d’un buste de femme en argile à la mort de sa grand-mère. Un buste signé part une femme, qui date de la Renaissance italienne et qui va la conduire de Bruxelles à Florence, sur les traces de la sculptrice, à la recherche des origines de cette sculpture… En sa compagnie on va passer quelques mois à Florence, dans cette ville qui recèle des trésors tels le Palais Pitti, le Ponte Vecchio, la galerie Offices, la Piazza della Signoria, le Bargello, Santa Croce, le Palazzo Vecchio, l’église Ognissanti et s’imprégner tant de l’art que de la nature.
De magnifiques portraits de femmes courageuses et féministes, de magnifiques histoires d’amour… Magnifique moment de lecture pour ceux et celles qui aiment les arts.
Extraits:
Il arrive un jour où plus aucun obstacle ne fait barrage, alors il faut y aller.
Une vague de plaisir la submerge sans qu’elle cherche à s’en défendre. Une lame de fond qui l’entraîne, non pour la noyer, mais plutôt pour lessiver les bavures de sa vie d’avant.
Peut-on mourir d’art ? » Ces mots sont ceux de Stendhal à la sortie de l’église Santa Croce. Cette ivresse, ce trouble ressenti par l’écrivain face aux beautés florentines a donné son nom au symptôme.
Le temps fuit au cadran de sa montre.
Elle sait que sur la carte du Tendre, le fleuve Amour est risqué, perfide, le courant peut faire tanguer et couler l’embarcation du navigateur écervelé.
Le brasier se parait des couleurs de toutes ces peintures qu’il dévorait : flammèches jaunes, lueurs rouges, éclats bleus, étincelles vertes.
Image: Portrait, atelier de Sandro Botticelli, début des années 1480. (Wikipedia)
5 Replies to “Moreau, Christiana « La Dame d’argile » (2021) 320 pages”
Merci beaucoup pour cette belle chronique ainsi que pour vos 5 étoiles sur Babelio.
Mon nouveau roman « Aux vents déraisonnables » vient de sortir le 28 février et cette fois, 100% belge.
Je vous remercie d’avoir pris la peine de mettre un petit mot sur mon blog. Cela me fait extrêmement plaisir.
Coïncidence ? une amie liégeoise vient de me signaler l’existence de « Pomme de reinette » ) – nouvelle de 34 pages – en collection sous format carte postale (possibilité d’ajouter une adresse sur la 4ème de couverture)
Oui effectivement, j´ai reçu le Prix SagaCité pour cette nouvelle.
Ah pour moi aussi, énorme coup de coeur ce roman de Christiana Moreau
4 histoires de femmes à différentes époques : deux à Florence fin des années 1400 dont l’une a réellement existé et l’autre imaginaire mais tellement attachante, puis Angela, déracinée de son Italie natale pour suivre son mari mineur en Belgique dans les années 1950 et enfin sa petite-fille, Sabrina de nos jours entre Florence et Bruxelles
Je connaissais vaguement l’histoire des mineurs italiens arrivés en Belgique bien sûr car étant liégeoise, des charbonnages étaient bien présents dans les alentours et mon papa y a même travaillé quelques années mais comme employé pas comme mineur alors que j’étais gamine.
Mais j’ignorais leurs terribles conditions de vie lorsqu’ils sont arrivés…
Et j’ai rêvé en visitant Florence à deux époques très différentes
Je vous conseille sans restriction de partir à la découverte de « La Sans Pareille », Florence, du quattrocento et de quelques femmes belles, courageuses et attachantes
Merci beaucoup.