Marchal Eric « Là où rêvent les étoiles » (2016) 1083 pages

Marchal Eric « Là où rêvent les étoiles » (2016) 1083 pages

Auteur: écrivain français né à Metz le 2 janvier 1963 qui vit actuellement à Vittel. Eric Marchal entre à l’Université de Lorraine en 1981 afin d’y poursuivre des études en pharmacie. Il obtient son diplôme de docteur en pharmacie, puis entreprend une thèse dans le domaine de l’immunologie. En dehors de son activité d’écrivain, il exerce au sein d’un centre de R&D en tant qu’expert scientifique pour la société Nestlé.
Son premier roman, Influenza (Les ombres du ciel, 2009 ; Les Lumières de Géhenne, 2010), paru en deux tomes aux éditions Anne Carrière, a reçu le prix Carrefour Savoirs 2009. Il est également l’auteur du livre Le Soleil sous la soie (2011) ; La Part de l’aube (2013); Là où rêvent les étoiles (2016) ; Les Heures indociles (2018) ; Villa Imago (2019) ;
Trilogie «Le soleil suivant» Tome 1 : Les filles du chœur (2021) – Tome 2 : La belle de Haarlem (2023) – Tome 3 (2024) Le pas de nos pères

Editions Anne Carrière – 26.05.2016  719 pages  /Pocket – 18.05.2017 – 1088 pages

dispaRésumé:

Au XIXe siècle, il y eut une nouvelle génération de bâtisseurs de cathédrales. Ils travaillaient l’acier, le fer et le cuivre aussi bien que la pierre, partaient à l’assaut du ciel comme on ne l’avait jamais rêvé avant eux. Leur magie s’appelait « ingénierie », et leurs réalisations prenaient la forme de ponts et viaducs impossibles, d’usines, de gares, de charpentes aux dimensions prodigieuses, de statues et de tours métalliques géantes. Ces hommes vénéraient tous le même Dieu, et le nommaient Progrès. C’est à eux qu’Eric Marchal rend aujourd’hui hommage dans cette époustouflante histoire de famille, d’amitié et de génie humain. Juin 1863. Dans l’immensité désertique de la plaine d’Andalousie, deux hommes aux tempéraments opposés mais unis par la passion du progrès vont se rencontrer. L’un, Clément Delhorme, pionnier des vols d’altitude en ballon, est à l’origine des premiers modèles de prévision météorologique. L’autre, Gustave Eiffel, jeune ingénieur ambitieux, qui vient de se marier, rêve de s’établir à son compte comme constructeur. à partir de ce jour, les deux génies vont lier leurs destins et leurs rêves de records. Delhorme intègre le monde dans une immense équation dont il tente de résoudre toutes les inconnues pendant qu’Alicia, sa femme, s’occupe de la rénovation des palais à l’abandon de l’Alhambra. La naissance de leurs trois enfants aux caractères si différents façonnera la destinée de cette famille singulière, pendant qu’Eiffel forgera la sienne comme un mythe, du pont Maria Pia à la tour qui portera son nom, ainsi qu’à la statue de la Liberté. Entre Paris et Grenade se déploient les destins croisés de ces deux familles qui vont connaître l’enchantement du progrès, dans un tourbillon de découvertes et d’inventions qui ont fait de cette période le socle de notre modernité, où les seules limites étaient celles de l’imagination.

Mon avis:

Comme le dit si bien ce proverbe espagnol « Le monde est un fandango et celui qui ne danse pas est un idiot. »

J’ai beaucoup aimé ( et heureusement car il fait plus de 1000 pages ) !
Ce livre est un livre sur le progrès, sur les inventions, sur la percée de la science dans différents domaines, sur l’art aussi. D’un coté l’ingénieur, de l’autre le passionné de vols en ballons et de météorologie. Le roman mettra les intuitions de l’un au service de l’autre.
J’ai tout d’abord été attirée par les bâtisseurs de cathédrale – pas vraiment le sujet du livre – (j’ai lu plusieurs romans sur ce thème ) et par Grenade et l’Andalousie.
J’ai vite été intéressée par le parcours de Gustave Eiffel ( que je connaissais comme tout le monde pour sa Tour parisienne) et j’ai bien aimé ce mélange de vrai et de faux, Clément Delhorme ayant pris naissance dans l’imagination de l’auteur. On croisera aussi Bartholdi à qui l’on doit la Statue de la Liberté et on suivra la restauration de l’Alhambra grâce au personnage de la femme de Delhorme et de Contreras. Grenade qui vivra sous nos yeux avec les gitans, le flamenco, les « neveros » la vie au XIXème et au XXème siècle.
Le roman se déroule sur deux temporalités : 1860 et 1918. Des chemins de vie bien différents dans ces deux familles ( la vraie et la fausse) mais je dois dire que j’ai trouvé les personnages fictifs (la famille Delorme) plus attachants que la famille Eiffel. Mais il faut dire que rêver aux étoiles et restaurer l’Alhambra me correspondent nettement plus que de bâtir des structures métalliques… Entre art et mathématiques, mon coeur balance toujours du côté moins terre-à-terre… Gloire à ce siècle de progrès et de découvertes scientifiques et à la manière dont l’auteur nous a amené à aimer les chemins de vie de ces personnages aux gouts si différents et pourtant si complémentaires. On y parle aussi des débuts de la photographie (Gustave Le Gray) , des grands magasins (Bon Marché), des auteurs comme Zola, Victor Hugo, des universités qui s’ouvrent aux femmes(Zurich, Berne), d’inventions comme les machines à glace ou le frigo, de l’importance de déposer des brevets pour les inventions. J’ai également appris dans les notes de fin du livre que « l’Alhambra de Grenade fut sauvé de la ruine et des pillages grâce à l’ouvrage de l’écrivain américain Washington Irving, qui attira l’attention sur son état de dégradation dans la première partie du XIXe siècle et surtout grâce à la rénovation effectuée par la famille d’architectes Contreras. Rafael en fut la seconde génération et dirigea les travaux pendant plusieurs décennies. »

35 ans après son départ, Mlle Delhorme est de retour à Grenade… Elle revient sur les traces de son passé. Immédiatement elle retrouve des personnages de sa jeunesse, comme Kalia.
Un livre passionnant tant par l’Histoire (avec un grand H) et l’histoire des personnages et des familles et personnages qui sont les acteurs du roman. Une vraie saga familiale et un roman sur le progrès et les pionniers dans différents domaines. Même si il y a mélange de personnages ayant existé et personnages inventés, les faits sont avérés, les chantiers et inventions sont vraies. 

Extraits: 

Les mathématiques sont la réponse à toutes les sciences, rien ne peut leur échapper, de l’astronomie à la médecine, de la chimie à l’architecture, du quotidien à l’exceptionnel. Elles sont le ciment…

Le vent est l’ennemi des bâtisseurs et nous avons besoin de calculs de plus en plus précis.

La visite fut un émerveillement architectural qui lui permit d’admirer toutes les connaissances des bâtisseurs nasrides et le savoir-faire des rénovations d’Alicia. 

Dans la rue en contrebas, une guitare entama un flamenco furieux auquel répondirent les claquements de pieds rageurs d’une danseuse, rapidement étouffés par une conversation joyeuse et bruyante.

— Je peux juste vous dire qu’il contient des ingrédients volatils, indiqua Clément, amusé.
— Volatils ? Ça vient des poules, alors ? demanda Irving.

Ceux qui croient en Dieu ont le droit de faire appel à son concours, ceux qui croient dans la science savent qu’on finira dans les temps.

Cette couleur était la seule qui échappait encore à leurs travaux de rénovation. Ils avaient réussi à répliquer les verts à partir de sels de cuivre, les bleus grâce au cobalt et les jaunes par un mélange de fer et manganèse, mais n’avaient pas percé le mystère du rouge.

— Un secret, c’est un trésor qui doit rester caché de tous comme s’il n’avait jamais existé.
— Alors, c’est une légende !

Ils faisaient partie de ces bâtisseurs qui défiaient les éléments, les hommes et leurs dieux.

— Analyser, anticiper et innover, expliqua le maître d’œuvre. Analyser tous nos points forts et nos faiblesses, pour bâtir sur les premiers et anticiper les seconds. Et innover, innover sans cesse, mais sans prendre de risques sur l’essentiel.

J’aimerais que Dieu m’oublie, tu sais. Je vous aime, je vous aime tous, mais je me sens irrésistiblement attirée par le vaste monde. L’ailleurs est ma maison, papa.

la photographie était l’art de l’apprivoisement et de la séduction. Apprivoisement de la chambre noire et séduction du photographe pour son modèle

— As-tu remarqué comme il est difficile de se parler quand on a trop à se dire, lâcha Javier, avec un frisson d’émotion.

Ce sont toujours les détails qu’on retient dans les moments importants

— On lui manque à la manière des souvenirs d’enfance. Comme un livre que l’on prend quand on a le spleen et qu’on repose ensuite.

 

One Reply to “Marchal Eric « Là où rêvent les étoiles » (2016) 1083 pages”

  1. J’avais bien aimé « Les heures indociles » de cet auteur (lu en 2020), avec 3 destinées mêlées, au début du XXe siècle, à Londres… Bien écrit et très plaisant à lire 🙂
    Toutefois, suis pas certaine de pouvoir attaquer un pavé de 1000 pages pour le moment…
    D’autant que j’ai les 980 du dernier Irving encore en attente 😉

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