Bannalec, Jean-Luc « Meurtre gourmet à Saint-Malo (2022) 352 pages (Série : Commissaire Dupin tome 9)
Auteur : Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d’un écrivain allemand (Jörg Bong) né à Bonn en 1966 et qui a trouvé sa seconde patrie dans le Finistère sud. Après Un été à Pont-Aven (2014), il écrit la suite des aventures du commissaire Dupin dans Étrange printemps aux Glénan (2015), Les Marais sanglants de Guérande (2016) L’Inconnu de Port Bélon (2017) , Péril en mer d’Iroise (2018) , Les disparus de Trégastel : Les vacances du commissaire Dupin (2019), Les secrets de Brocéliande (2020) , Enquête troublante à Concarneau (2021), Meurtre gourmet à Saint-Malo (2022) , Piège mortel à Belle-Ile (2023) , Les Fantômes du Finistère (2024), Vendanges mortelles à Pornic (2025)
Tous ses romans ont paru aux Presses de la Cité.
Les aventures du commissaire Dupin – tome 9
Presses de la Cité – 16.03.2023 – 400 pages (traduit de l’allemand par Pierre Malherbet)
Résumé :
La neuvième enquête du commissaire Dupin est placée sous le signe de la gastronomie ! Le commissaire Dupin a quitté sa base de Concarneau et participe avec ennui à un séminaire des forces de police bretonnes à Saint-Malo. A la faveur d’une pause, il est le quasi-témoin du meurtre en plein marché d’une cheffe étoilée par sa soeur cadette, elle-même cheffe montante. Dupin prend aussitôt l’affaire en main, épaulé par deux commissaires présents au séminaire.
Coup de folie ? Arrêtée, la coupable reste mutique. Mais les soeurs rivales se vouaient une jalousie et une haine féroces. Bientôt, le mari et l’ami antiquaire de la victime sont retrouvés l’un après l’autre, assassinés… et le mystère s’épaissit.
Mon avis:
Une virée en Bretagne avec le Commissaire Dupin, c’est toujours sympa et instructif. On visite et on fait connaissance avec des Bretons – ici on va découvrir Saint-Malo et les malouins – qui ne sont pas des Bretons ! – et on va bien entendu en apprendre davantage sur la gastronomie du coin. Tout commence par la découverte des fromages au marché de Saint-Servan, puis on dégustera les différents beurres bretons, les huitres, le rhum … le tout agrémenté de petits meurtres… et on découvrira cette magnifique Côte d’Emeraude. Petite visite aussi de Cancale, de Dinard et autre plages… Coté gastronomie, le pauvre Commissaire va rater l’expérience d’un repas qui lui aurait permis de découvrir un plat qui semble surprenant : le homard au cacao et aux trois piments mexicains avec une sauce au xérès. Mais il nous fera découvrir de bonnes adresses, des plats savoureux et originaux
C’est qu’il faut de la bonne chère pour consoler le Commissaire de se farcir une virée – pire un séminaire de plusieurs jours – avec les commissaires et préfets des quatre départements bretons.
Un meurtre va permettre de mettre en pratique l’objet du séminaire : la collaboration des forces de police bretonnes. Les trois commissaires vont mener l’enquête conjointement : la commissaire Huppert (sur son territoire Ille et Vilaine), le commissaire Nedellec (Morbihan) et le Commissaire Dupin (Finistère). Mais au fait quid des Côtes d’Armor ? Le département a un préfet mais pas de Commissaire?
Un excellent moment avec une enquête à suspense. C’est interessant de voir les caractères et manières de fonctionner des différents commissaires. Je crois que c’est une de mes enquêtes préférée de Dupin, même si la présence de son équipe m’a manqué car elle n’était que téléphonique.
Extraits:
« Ni français ni breton, malouin suis. » L’inspecteur avait fait rapidement allusion au commerce du textile et aux corsaires, œuvrant pour la couronne, qui avaient incroyablement enrichi la cité entre le XVIe et le XIXe siècle. Riche, puissante, indépendante : la petite ville était devenue une audacieuse puissance maritime, qui n’avait rien à envier à ses rivales. C’est ainsi que l’esprit malouin s’était formé : triomphant, souverain, fier. Pour les étrangers, dont faisaient partie Nolwenn et Le Ber, c’était plutôt : arrogant, hautain, prétentieux. Mais ce qui les hérissait le plus, c’était l’incroyable outrecuidance du Malouin : revendiquer de n’être pas breton ! À l’inverse, leur refus d’être français leur attirait la plus chaleureuse des sympathies en Bretagne.
Toujours cet incroyable débit de paroles… Elle parlait plus vite que son ombre, songeait Dupin qui avait tant aimé Lucky Luke dans sa jeunesse.
— Depuis des siècles, Saint-Malo est le premier port pour le rhum. Il vient pour l’essentiel des Caraïbes, avec lesquelles la cité corsaire soigne ses relations – pensez aux Antilles françaises, par exemple. Ce n’est pas pour rien que la transatlantique en solitaire la plus dure du monde, la Route du rhum, rejoint la Guadeloupe depuis Saint-Malo. En cuisine, on utilise du rhum agricole. Contrairement à l’industriel, obtenu à partir de mélasse, très sucré et sirupeux, il est élaboré avec du pur jus de canne. Il faut que vous l’ayez en tête. Il y a même une AOC pour les rhums de la Martinique.
— Et vous savez ce que le mot « rhum » veut dire ? C’est très drôle : « tumulte », qui vient de l’anglais rumbullion. Plutôt approprié, non ?
Et il n’était pas aisé d’en avoir un aperçu précis. C’était toujours ainsi. Il s’agissait de ce qu’un commissaire célèbre avait un jour nommé « l’atmosphère du crime ». La ressentir, Dupin en était convaincu, était le travail le plus important au cours d’une enquête. Il fallait se faire une idée des protagonistes d’une affaire.
La notion du temps typiquement bretonne ; le passé n’était jamais loin, qu’importait à quand il remontait. Plus précisément : le passé était toujours le présent.
Tous ceux qui partagent nos idées et nos valeurs peuvent devenir des Dinardais. On ne peut pas devenir malouin ; on naît malouin.
Image : Duguay-Trouin( 1673 – 1736) : corsaire et amiral français, malouin.