Feuz, Nicolas « La secte » (2025) 384 pages
Auteur Nicolas Feuz : Né en 1971, Nicolas Feuz a exercé les professions d’avocat et de juge d’instruction. Il est actuellement procureur de la République du canton de Neuchâtel, en Suisse. Depuis plus de 16 ans, il s’est spécialisé dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Nicolas Feuz a étudié le droit à l’Université et obtenu le brevet d’avocat, avant d’être élu en 1999 comme juge d’instruction, puis en 2008 comme président du collège des juges d’instruction, et enfin en 2011 comme procureur de cette petite République helvétique. En 2010, il s’est lancé dans l’écriture de romans noirs, mêlant librement réalité du terrain et fictions obscures.
Romans:
La Série Mike Donner :
– EMORATA, pour quelques grammes de chair (2014)
– EUNOTO, les noces de sang (2017)
– La TrilogieMassaï (ILMORAN, l’avènement du guerrier (2010) – ILAYOK, le berceau de la folie (2011) – ILPAYIANI, le crépuscule massaï (2012)
–Dipyque du confinement:
– Restez chez vous(2020) – Le Calendrier de l’Après (2020)
Série Jemsen : – Le Miroir des âmes (23.08.2018) – L’ombre du Renard (22.08.2019) – L’engrenage du mal (2020)- Brume rouge (23.02 2022) – Les larmes du lagon (10.11.2022) – Le Philatéliste (2023) – Les extradées (3.10.2024)
Autres: La septième vigne (2013)– Les Bouches (2015) – Horrora borealis (2016)- Heresix (2021) – La secte (2025)
Editions Roșie & Wolfe – 02.10 2025 – 384 pages
Résumé:
Dans les Alpes suisses, un stage de remise en forme tourne au cauchemar.
Entre 1994 et 1997, l’Ordre du Temple solaire (OTS) a cumulé 74 victimes dont l’âge variait entre 3 mois et 79 ans, dans des massacres perpétrés au Québec, en Suisse et en France. Suite aux événements du Vercors survenus en décembre 1995, un rapport d’enquête parlementaire français classa l’OTS comme secte.
Trente ans plus tard, six personnes, dont l’inspectrice genevoise Ana Bartomeu (Le Philatéliste), se retrouvent coincées dans un refuge de haute montagne, dans les Alpes valaisannes, en pleine tempête de neige, sans réseau téléphonique ni wifi. Ce qui leur a été présenté comme un stage de remise en forme tourne au cauchemar. Les décès suspects se succèdent. Derrière cette série de suicides inexpliqués plane une ombre : celle de l’étoile Sirius. Et de l’OTS.
Mon avis: ![]()
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Glaçant et glacé… Froid dans le dos et partout… Bienvenue dans les montagnes valaisannes par temps de neige… Frissons garantis!
Une fois de plus il a fait fort ! Déjà que les massacres de l’Ordre du Temple Solaire suffisent à glacer le sang, voilà que l’auteur en remet une couche avec une enquête glaçante à à suspense. Mais les aficionados de Feuz savent bien qu’il ne fait pas dans la dentelle…
Pour les suisses romands ce massacre est resté dans les mémoires ! Une chose pareille dans notre petite Suisse tranquille? Un suicide collectif, une tuerie collective qui se déroule dans trois pays (la Canada, la France et la Suisse)
Un huis clos contemporain va venir se greffer dessus . Et pour bien rendre le décor et l’atmosphère angoissants, il n’y a pas que les individus qui s’acharnent sur un petit groupe de six personnes réunies dans un refuge de montagne, isolées, en pleine tempête, coupées de tout. Même les objets (la dameuse, le télésiège…) semblent animés des pires intentions!
Pour ce qui est de ceux qui vont mener l’enquête, ils ne sont pas non plus au mieux de leur forme. La genevoise Ana Bartomeu ( dont on a fait connaissance dans « le philatéliste ») est l’une des six personnes qui séjournent dans le refuge et se trouve par la force de choses au coeur de l’action, bien qu’elle soit en arrêt maladie. Deux enquêteurs du coin sont aussi de la partie et en particulier Isaac ( ancien collègue d’Ana) qui va très mal moralement après le de ces de sa fille et sa séparation d’avec sa femme.
Quand la première mort advient dans le refuge, on penche vers un suicide. Puis quand ça recommence, se pose la question : Meurtre ou suicide ? Et pourquoi… Est-ce le monstre des montagnes qui frappe ? Car en Valais, les légendes ont la vie tenace… on découvrira au fil des pages qu’il n’y a pas que les légendes…
Extraits:
C’est ta colère qui s’exprime et elle n’est jamais bonne conseillère. Dois-je te rappeler que le secret du bonheur réside dans le contrôle des émotions ?
L’amour et la haine ne se trouvaient pas chacun au bout d’une ligne droite, mais formaient un cercle dont les extrémités se touchaient.
[…]la légende des Tschäggättä, un mot que l’on pouvait traduire par « sorcières », « femmes simples d’esprit » ou « êtres étonnants », des personnes monstrueuses dont on disait jadis qu’elles erraient la nuit et déversaient de la cendre sur la tête de leurs victimes. Les origines de la légende demeuraient obscures, on parlait tantôt de brigands déguisés en monstres, d’opposants à la politique valaisanne du XVIe siècle, de lutte contre les mauvais esprits ou encore de retour des morts parmi les vivants.
Au cœur de la vieille ville, le palais de justice trônait dans la grisaille, place du Bourg-de-Four. Le bâtiment de la fin du XVe siècle avait d’abord accueilli un couvent des sœurs Clarisses, avant d’être converti en hôpital durant la Réforme, puis en siège des autorités judiciaires en 1860.
Les pensées d’Isaac se fondaient parfaitement dans le paysage. Elles voguaient entre tristesse, colère et résignation, dans des cycles de plus en plus courts. Des montagnes russes en accéléré.
Après tout, qu’est-ce qui différencie une secte d’une religion ? Aujourd’hui encore, on assassine aussi au nom de la religion. Et pourtant, ça n’empêche pas des chefs d’entreprise, des médecins, des profs d’université, des politiciens de haut rang et même des chefs d’État de croire en une religion et de la défendre. La seule différence entre une religion et une secte est purement terminologique. La première n’est rien d’autre qu’une secte née depuis des siècles ou des millénaires, et donc ancrée dans les habitudes de vie d’un très grand nombre d’individus. Mais au nom de quoi une religion détiendrait-elle la vérité et non une secte ? De tout temps, les minorités font peur aux majorités et ces dernières cherchent à renvoyer dans l’ombre les premières. C’est aussi valable aujourd’hui en politique ou en matière d’orientation sexuelle. Dès qu’un courant de pensée est jugé contraire aux dogmes de notre société, on a tendance à le réprimer.
Informations:
l’Ordre du temple solaire (OTS) avait été fondé en 1984 sous le nom d’Ordre International Chevaleresque de Tradition solaire. Il s’agissait d’un groupe ésotérique néo-templier fondé à Genève par un belge, Luc Jouret et un français, Jo di Mambro. Au programme un voyage vers l’étoile Sirius.