Black, Benjamin «La Disparition d’April Latimer» (2014)
Quand un grand écrivain (John Banville, Booker Prize 2005 pour La Mer) se lance dans le roman noir sous le nom de Benjamin Black, cela donne un des policiers les plus excitants de ces dernières années.
SERIE : QUIRKE, médecin légiste
Quirke 3 : La Disparition d’April Latimer
10/18 – janvier 2014 – 336 pages
Résumé :
Bienvenue dans le noir Dublin de Benjamin Black – alias le grand John Banville – et de son double, l’irascible et irrésistible Quirke… Rebelle, indépendante, un goût pour les hommes peu conventionnel… Dans la société dublinoise conservatrice, patriarcale et ultracatholique des années 1950, April Latimer, jeune interne en médecine, laisse dans son sillage comme un parfum de scandale. Quand Phoebe Griffin, sa meilleure amie, découvre qu’elle a disparu, elle redoute le pire. Étrangement, de leur petite bande d’amis hétéroclite, Phoebe semble la seule à s’inquiéter ainsi – la seule à qui on a caché certaines choses ?… Malgré leurs relations compliquées, c’est vers son père, le brillant mais imprévisible Quirke, qu’elle se tourne pour retrouver la trace d’April. Et c’est ainsi que Quirke se voit impliqué bien plus qu’il ne l’aurait voulu dans une enquête aussi trouble que troublante, au cœur d’un entrelacs de liaisons dangereuses d’où émerge peu à peu une effroyable vérité. Entre polar d’atmosphère et thriller psychologique, une intrigue hitchcockienne impossible à lâcher.
Mon avis : Ahhhhhh ! Lectures nordiques en décembre qu’elle disait la miss ! Et bien je suis en plein dedans. Et depuis le temps que je voulais lire cette série de Benjamin Black… je savoure. C’est parfois bien ce genre de challenge… On met de coté ses intentions de lecture et on découvre…
3ème enquête de Quirke et je m’attache ! Il lutte contre l’alcoolisme, il fait tout ce qu’il peut pour se rapprocher de sa fille… il galère…. Il a un joli coup de folie … lui qui ne sait pas conduire s’offre la voiture de ses rêves…… Jolie petite chose…
Mais comme à l’accoutumée, Quirke met les pieds là ou il ne faut pas… On ne bouscule pas sans risques de se faire taper sur les doigts la société conservatrice de Dublin… Comme dans les deux opus précédents, c’est l’étude psychologique des personnages, la langue et les descriptions qui me font apprécier la série. L’intrigue passe nettement au second plan, bien qu’elle soit là.
Une fois de plus les relations père-fille sont au centre du roman. C’est une belle brochette de paumés, de personnes malmenées par la vie, qui entent de s’en sortir d’une manière ou d’une autre.
Mais pourquoi plus on avance dans la série moins il y a de pages dans les romans ????
Extraits :
Dans le silence ouaté, la ville semblait désorientée, tel un homme qui tout d’un coup n’y voit plus.
Les fenêtres de l’appartement d’April, un premier étage sur Herbert Place, avaient un air ahuri, circonspect, pas seulement à cause du brouillard : l’air des fenêtres quand les pièces, derrière, sont vides
on s’inquiétait, non pas parce qu’elle était incapable de se protéger, mais justement parce qu’elle était trop sûre de pouvoir se débrouiller.
Certains sujets, dont vous êtes, ne sont pas tant dépendants de la boisson que de l’échappatoire qu’elle procure. Ça paraît logique, pas vrai ? Le fait d’échapper à son moi, je veux dire.
L’atmosphère dehors avait une texture de coton froid et humide.
Ces deux derniers mois, une fois par jour au moins, je me suis dit que ce serait peut-être mieux de mourir ou d’être déjà mort – c’est de sauter le pas qui ne me tente pas.
Je ne sais plus qui a dit : Pourquoi vivre quand on sait qu’on doit mourir ?
— On pourrait dire aussi : Comment ne pas vivre quand on sait que la mort nous attend ? C’est tout aussi logique… plus encore, peut-être.
Soit le brouillard était revenu, soit il tombait une pluie incroyablement fine, c’était difficile à juger. Les voitures qui passaient faisaient un bruit de friture sur le macadam glissant.
[…] c’est le pouvoir que vous n’aimez pas, le pouvoir même.
— Le pouvoir ? Je présume que vous avez raison. Le problème, c’est que je ne vois pas à quoi il sert.
— Oui. Le pouvoir du pouvoir, pourrait-on dire. C’est un drôle de phénomène. »
Le pouvoir, c’est comme l’oxygène, c’est aussi vital, ça envahit tout et c’est totalement intangible ; il baignait dans son atmosphère, mais se rendait rarement compte qu’il la respirait.
Étant donné que cette saleté de frigo ne marche plus, il n’y a pas de glaçons. C’est tous les hivers pareil… je pense qu’il pense qu’il a droit à des vacances quand le froid arrive.
Si l’enfer existe, j’imagine que c’est à ça qu’il ressemble. Pas de flammes et tout le tintouin, juste de la glace et du vide.
Infos : voitures Alvis ( https://en.wikipedia.org/wiki/Alvis_Car_and_Engineering_Company )