May, Peter «Je te protégerai» (2018)
Auteur : Né en 1951 à Glasgow, Peter May a été journaliste, puis brillant et prolifique scénariste de la télévision écossaise. Il vit depuis une dizaine d’années dans le Lot où il se consacre à l’écriture. Sa trilogie écossaise – L’Île des chasseurs d’oiseaux, L’Homme de Lewis et Le Braconnier du lac perdu –, initialement publiée en français par les Éditions du Rouergue, a conquis le monde entier. Saluée par de nombreux prix littéraires, toute son œuvre est disponible aux Éditions du Rouergue.
Pour mes commentaires de ses livres : voir dans la liste des auteurs (M-Q)
Rouergue, « Noir », o5.2018, 416 p.
Résumé : Niamh Macfarlane a créé avec son mari Ruairidh une entreprise de textile renommée, Ranish Tweed. Alors qu’ils séjournent à Paris, Niamh est tourmentée par de mauvais pressentiments, l’intuition que son mari la trompe avec Irina Vetrov, la séduisante et célèbre créatrice de mode. Oui, à chaque instant, elle a la sensation de perdre un peu plus cet amour qu’elle croyait destiné à durer toute une vie et pour lequel elle a tout bravé, à commencer par l’hostilité de sa propre famille. Un soir, place de la République, l’impensable se produit. Ruairidh meurt sous les yeux de Niamh dans l’explosion de la voiture d’Irina. Accablée par la douleur, Niamh ne tarde pas à comprendre qu’elle est la principale suspecte. Alors que le lieutenant Sylvie Braque progresse dans son enquête, Niamh sombre dans les souvenirs dévorants de son amour perdu et de son île Atlantique. Avec la certitude écrasante que quelqu’un l’observe en secret, prêt à tuer encore.
Une nouvelle fois, Peter May nous emporte vers l’archipel des Hébrides, dans ces îles jetées au paroxysme des tempêtes où les sentiments paraissent s’exacerber. Et si Niamh a dû lutter contre la noirceur du cœur des hommes pour imposer son amour pour Ruairidh, elle va devoir, jusque dans l’extrême solitude des éléments déchaînés, affronter un indémasquable assassin.
Mon Avis : Après bien des années, de retour sur les lieux de la « Trilogie écossaise ». Et je sens que celles et ceux qui ont eu un coup de cœur pour la trilogie vont se précipiter sur ce livre. C’est juste un livre magnifique. On y retrouve l’ambiance écossaise, la vie sauvage, les relations entre les familles. Tous les personnages sont intéressants. Et l’intrigue est extrêmement bien construite. On se pose bien des questions. De plus on en apprend beaucoup sur l’industrie textile de l’ile, les traditions… Au rythme des traditions et des secrets, on avance entre pluie et tempêtes, entre amour et haine. La magie des Highlands opère une nouvelle fois. Et le suspense est total !
Extraits :
Dans une relation, le changement s’opère lentement, sans qu’on le remarque tout de suite. Comme le passage du printemps à l’été, ou de l’été à l’automne. Soudain l’hiver est là, et on s’étonne d’avoir pu se laisser surprendre aussi vite.
Ce n’était pas encore l’hiver. Leur relation ne s’était pas refroidie à ce point. Mais sa fraîcheur semblait annoncer l’arrivée imminente d’un air polaire.
La matinée avait été sinistre, l’ombre de la mort se reflétait dans les nuages qui obscurcissaient le soleil. Mais, soudain, il y a eu une éclaircie dans le ciel, au-dessus de la baie ; les rayons du soleil ont dessiné des anneaux d’argent sur l’eau d’un gris d’étain et, grâce à la pluie qui tombait, un arc-en-ciel parfait a enjambé le port.
Elle avait entendu des gens parler de cœurs brisés, elle l’avait lu dans des livres. Elle avait toujours pensé que c’était une métaphore simpliste. Maintenant, elle en comprenait parfaitement le sens. Comme si un morceau de son cœur s’était cassé. Même si elle le retrouvait, elle ne pourrait jamais le recoller.
Elle supportait à peine de se trouver ici, où s’imposait encore sa forte présence. C’était extraordinaire, pensa-t-elle, comme les gens pouvaient laisser des traces, à la fois physiques et spirituelles, si longtemps après leur mort.
Difficile, pour le moment, de deviner qu’ils survolaient l’eau ; elle était de la même couleur que les nuages. Terne, grise, monotone.
Au bout de cinq minutes j’avais déjà le mal du pays, le cianalas, comme on dit en gaélique ; il ne m’a pas quittée de toute l’année.
– Il y a beaucoup d’églises, remarqua-t-elle.
Elle en avait déjà compté cinq, et pas âme qui vive. Elle se demanda où pouvaient se trouver des gens en assez grand nombre pour remplir autant d’églises.
– Oui. Ici, les gens ont divisé Dieu en plusieurs morceaux et ils se le partagent.
Le sommeil lui aussi semblait un souvenir lointain et oublié avant que, peu après les premières lueurs de l’aube, elle sombre enfin dans un état d’inconscience superficielle, rempli de rêves.
Tous ces moments vécus ensemble. Maintenant perdus pour toujours. Car, même s’ils restaient inscrits dans sa mémoire, que valaient des souvenirs non partagés ?
À une époque, c’est vrai, la plupart des habitants des îles ne savaient pas nager. En fait, on nous inculquait la peur de la mer. Si on en avait une peur salutaire et qu’on ne savait pas nager, on n’était pas tenté de s’y aventurer.
Peut-être, quand on aime quelqu’un, n’a-t-on pas besoin de courage. On fait simplement ce que notre cœur exige, même si notre tête nous traite de fou.
Et du ciel continuait à pleurer une pluie qui délavait tout le bonheur de ses souvenirs précieux.
(2ème livre choisi pour le « challenge j’ai lu 2018 » ) : Un livre situé dans un pays qui vous fascine
One Reply to “May, Peter «Je te protégerai» (2018)”
j’ai beaucoup aimé ce roman comme tous ceux écrits par Peter May bien que je l’aie trouvé plus noir et souvent plus triste que les touches humoristiques présentes dans les précédents.