Andrea, Jean-Baptiste «Ma Reine» (2017)

Andrea, Jean-Baptiste «Ma Reine» (2017)

Auteur : Jean-Baptiste Andrea est né en 1971. Il est réalisateur et scénariste. Ma reine est son premier roman.

Paru chez L’Iconoclaste, 30.08.2017 – 230 pages / Prix du Premier Roman 2017 – Prix Femina des lycéens 2017 –

Résumé : Vallée de l’Asse, Provence, été 1965. Il vit dans une station-service avec ses vieux parents. Les voitures qui passent sont rares. Shell ne va plus à l’école. Il est différent. Un jour, il décide de partir. Pour aller à la guerre et prouver qu’il est un homme. Mais sur le plateau qui surplombe la vallée, nulle guerre ne sévit. Seuls se déploient le silence et les odeurs du maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui.

Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai. Il lui obéit comme on se jette du haut d’une falaise. Par amour. Par jeu. Et désir d’absolu. Ma reine est une ode à la liberté, à l’imaginaire, à la différence. Jean-Baptiste Andrea y campe des personnages cabossés, ou plutôt des êtres en parfaite harmonie avec un monde où les valeurs sont inversées, et signe un conte initiatique tendre et fulgurant.

Un conte initiatique où tout est vrai, tout est rêve, tout est roman.

Mon avis : Et après le livre de Jeanne Benameur, je continue dans le thème de l’enfance avec ce livre de Jean-Baptiste Andrea. Issu point de disparition de la mère, mais fugue du jeune, dans la nature (aussi) … La nature est un peu plus rocailleuse, un peu moins hostile… C’est le Sud de la France, l’arrière-pays qui est de plus en plus isolé. Un monde de non-dits, de solitude et de silence. Un monde qui disparait.

Une sorte de conte initiatique qui met en scène trois personnages principalement : un jeune un peu différent, un peu lent à la comprenette que l’on connait sous le nom de Shell ; une jeune parisienne de douze ans qui se construit un monde où elle est Reine d’un royaume enchanté ; un berger étranger qui vit dans le silence car les mots sont synonymes de danger. Il sera le Bernardo du jeune garçon qui se rêve en Zorro.

Les  parents du jeune homme, gérants d’une station-service Shell s’estiment trop âgés pour s’occuper de lui et veulent le placer en institution spécialisée : il va décider de partir pour ne pas se laisser enfermer. Il va quitter sa famille et rencontrer « sa Reine », à laquelle il va faire allégeance ; elle va faire de lui son esclave, son chevalier servant, son jouet (comme on le ressent) ; entre les deux enfants une relation va s’établir mais Shell ne vivant pas dans le monde normal et Viviane voulant se comporter en Reine obéie de ses sujets, tout ne va pas se passer comme dans le monde réel. Grandir quand on est différent… c’est difficile.

Malheureusement c’est comme l’art naïf… cela ne me touche pas. C’est joli, mais je n’arrive pas à adhérer. La sauce ne prend pas. Je n’y crois pas, je ne rentre pas dans l’histoire. Je suis passée à coté du texte qui de poétique pour certains est devenu enfantin pour moi.

Extraits :

Il faut voir les choses comme ça, a dit mon père en me montrant la belle photo de l’Alfa Romeo Giulietta au-dessus de son bureau : je suis un peu comme elle, mais avec un moteur de 2CV dedans.

La vallée sortait d’un hiver dur qui avait carambolé l’été, le pauvre printemps s’était retrouvé écrasé entre les deux.

Je savais que quand on disait des gens qu’ils « n’étaient plus là », c’était pour de bon, ils ne revenaient pas.

Ils croyaient parler à voix basse mais comme ils étaient tous les deux un peu sourds, à voix basse c’était presque à voix haute.

Je n’arrive pas à compter et quand je veux écrire, toutes les lettres se mélangent dans ma tête, s’emberlificotent dans mon bras et sortent comme un nid de spaghetti au bout de ma plume.

C’est le soleil qui m’a réveillé, il appuyait sur mes paupières avec ses pouces chauffés à blanc.

Elle était très mince, tellement qu’elle avait l’air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne.

Elle avait couru, ça se voyait à ses joues rouges, j’avais envie de les frotter pour avoir ce rouge au bout des doigts, comme quand on effaçait un mot au tableau.

Dès qu’il avait refermé la porte, j’étais allé écouter, j’avais appris à la maison que c’était comme ça qu’on entendait les choses les plus intéressantes, les gens parlaient mieux derrière les portes.

Je savais qu’elle inventait mais c’était ça qui me troublait, avec Viviane, sa façon d’inventer qui faisait tellement vrai qu’on était obligé d’y croire.

il était étroit, même de face il avait l’air de profil,

il repartait en toussant comme la locomotive d’un train miniature.

Il commençait à faire chaud, j’entendais la terre, elle craquait, elle s’ouvrait pour appeler la pluie qui ne venait pas. L’été commençait à peine, elle allait appeler longtemps.

– T’es pas claustrophobe ? elle a demandé.
– Je sais pas ce que ça veut dire.
– Ça veut dire que tu l’es pas.

Dans ma tête j’ai recollé la lettre et tout d’un coup j’ai su lire, j’entendais sa voix, je voyais les belles phrases se dérouler comme un fil de lumière et tout était clair.

C’était une voix claire de rivière, une voix qu’on n’attendait pas sous des cheveux si blancs, elle coulait sur ses R comme de l’eau sur un galet, il avait un petit accent qui rappelait celui de ma grand-mère, même s’il n’était pas tout à fait pareil.

 

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