Khadra, Yasmina «Khalil» (RL2018)

Khadra, Yasmina «Khalil» (RL2018)

Auteur : Yasmina Khadra (en arabe : ياسمينة خضراء) est le nom de plume de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul (en arabe : محمّد مولسهول), né le 10 janvier 1955 à Kenadsa, dans l’actuelle wilaya de Bechar dans le Sahara algérien. Ce pseudonyme est composé des deux prénoms de son épouse. Consacré à deux reprises par l’Académie française, salué par des prix Nobel (Gabriel Garcia Marquez, J. M. Coetze, Orhan Pamuk), Yasmina Khadra est traduit dans une cinquantaine de pays et a su toucher des millions de lecteurs. Adaptés au théâtre (en Amérique latine, Europe et Afrique) et en bandes dessinées, certains de ses livres sont aussi portés à l’écran (Morituri ; Ce que le jour doit à la nuit ; L’Attentat). Les Hirondelles de Kaboul est en cours de réalisation en film d’animation par Zabou Breitman. Yasmina Khadra a aussi co-signé les scenarios de La Voie de l’ennemi, avec Forest Whitaker et Harvey Keitel, et de La Route d’Istanbul, tous deux réalisés par Rachid Bouchareb. Ce que le jour doit à la nuit a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. L’Attentat a reçu, entre autres, le prix des Libraires 2006 et a été traduit dans 36 pays. Son adaptation cinématographique par Ziad Doueiri est sortie sur les écrans en 2013. À 63 ans, Yasmina Khadra prône l’éveil à un monde meilleur, malgré le naufrage des consciences et le choc des mentalités.

Ses principaux écrits : Le Dingue au bistouri, 1990 – La Foire des enfoirés, 1993 – Morituri, 1997 – L’Automne des chimères, 1998, – Double blanc, 1998 – À quoi rêvent les loups, 1999 – Les Agneaux du Seigneur, 1998 – L’Écrivain, 2001 – L’Imposture des mots, 2002 –  Les Hirondelles de Kaboul, 2002 – Cousine K, 2003 – La Part du mort, 2004  – La Rose de Blida, 2005 – L’Attentat, 2005 – Les Sirènes de Bagdad, 2006 – Ce que le jour doit à la nuit, 2008 – L’Olympe des infortunes, 2010 – L’Équation africaine, 2011 –  Les anges meurent de nos blessures 2013 – Qu’attendent les singes 2014 – La Dernière Nuit du Raïs 2015 – Dieu n’habite pas La Havane 2016 – Ce que le mirage doit à l’oasis 2017 – Khalil  2018

Julliard – 16.08.2018 – 264 pages

Résumé : Vendredi 13 novembre 2015. L’air est encore doux pour un soir d’hiver. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d’explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l’acte. Il fait partie du commando qui s’apprête à ensanglanter la capitale. Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ? Dans ce nouveau roman, Yasmina Khadra nous livre une approche inédite du terrorisme, d’un réalisme et d’une justesse époustouflants, une plongée vertigineuse dans l’esprit d’un kamikaze qu’il suit à la trace, jusque dans ses derniers retranchements, pour nous éveiller à notre époque suspendue entre la fragile lucidité de la conscience et l’insoutenable brutalité de la folie.

Mon avis :  Quelle déception ! Moi qui achète les livres de Khadra les yeux fermés (si je puis dire) et sans lire le résumé… je suis tombée de haut. Bien sûr l’écriture est belle, c’est ce qui sauve un peu et m’a permis d’aller jusqu’à la fin. Mais le roman ne m’a pas du tout touchée. Je me demande même ce qu’il a voulu faire …  Nous faire entrer dans la tête d’un jeune terroriste ? Lui trouver des excuses ? Autant son roman « L’attentat » avait une puissance qui m’avait remuée autant celui-ci est plat. Sur ce sujet le livre de Pascal Manoukian « Ce que tient ta main droite t’appartient » (2017) est percutant et je vous le recommande vivement. Mais le Khadra est juste pour moi un flop monumental

Extraits :

Ce n’étaient pas des cordes vocales qu’il avait, mais un arc-en-ciel chantant dans la gorge.

j’avais choisi sous serment de servir Dieu et de me venger de ceux qui m’avaient chosifié.

Je ne me souviens de rien ni de personne, l’interrompis-je. J’ai passé au Kärcher tout ce qui n’est pas l’instant présent et je l’ai recouvert d’asphalte.

Je crois qu’elle portait le voile intégral en signe de deuil. Quelque chose en elle était mort et elle tenait à se le rappeler chaque fois qu’elle devait sortir à l’air libre.

J’ignore où il est. On n’a pas la tête dans la même casquette.

Quand on a choisi de se sacrifier pour une cause, ce qui relève de la vie n’a plus d’importance.

L’écran noir de la télé me renvoyait à l’abîme de mon esprit.

Ce qui se passe est l’aboutissement logique d’un processus aussi vieux que l’instinct grégaire : l’exclusion exacerbe les susceptibilités, les susceptibilités provoquent la frustration, la frustration engendre la haine et la haine conduit à la violence. C’est mathématique.

Les terroristes et les racistes sont des frères siamois. Si les premiers sont entrés en action, les seconds n’attendent que l’heure de passer à l’acte.

J’étais redevenu le lambda d’autrefois qui attendait la nuit pour se coucher et le matin pour se remettre à attendre la nuit.

Tu t’es tué à l’instant où tu as rejoint ces nébuleuses qui nous enténèbrent.

Il ne s’agit pas de comment ça finit, mais de comment ça commence. Il suffit de bien peu de chose pour que l’on dégringole dans l’estime de soi. Et alors, bonjour les dégâts. Tout part en vrille. Ça paraît dérisoire, pourtant ça te fout l’existence entière en l’air.

— J’aimerais te réconforter, mais tous les mots sont dérisoires devant une tombe.
— C’est peut-être pour cette raison que le silence est de rigueur dans les cimetières.

Moi, je tirais le diable par la queue en riant aux éclats pour faire diversion. Je n’en voulais à personne.

Tu ne fais pas attention à ces propos et tu replonges la main dans ton pop-corn en haussant les épaules. Mais les propos s’incrustent par une porte dérobée de ton cerveau. Tu es loin de te douter que tu viens d’héberger en toi de terribles agents dormants.

À quel moment les frères avaient-ils permuté mes repères ? En avais-je eu vraiment ? Je ne crois pas. J’étais sur leur chemin, objet perdu, ils m’ont ramassé et m’ont gardé puisque personne ne m’avait réclamé. Qu’avais-je été avant ? Une feuille volante ballottée par les vents contraires.

J’étais démuni face à ma conscience, c’est-à-dire face à un miroir opaque. Était-ce cela la plus grande des solitudes ?

Tu te retrouverais bêtement dans un commissariat à apposer tes empreintes digitales sur une fiche. C’est ce que tu veux ? Être répertorié comme un spécimen botanique présumé vénéneux ?

Lorsqu’il feignait de tourner la page, il en ouvrait aussitôt une autre en y reprenant les mêmes parenthèses que celles dûment consignées sur la précédente.

 

14 Replies to “Khadra, Yasmina «Khalil» (RL2018)”

  1. Pourtant le quatrième de couverture était vraiment tentant…
    Tout comme toi, j’aime beaucoup cet écrivain mais bon, déjà « L’imposture des mots » m’avait un peu déçu…
    Merci d’avoir dégrossi le terrain pour nous et nous éviter une perte de temps

  2. Bonjour,
    Je n’ai pas du tout eu ce ressenti. Pour moi l’auteur ne trouve pas d’excuse à Khalil. Il parle de ses jeunes qui se font embrigadés comme certains ont pu l’être à l’époque d’Hitler. Ce n’est pas un jugement subjectif de la part de l’auteur mais un constat. On les voit ces jeunes livrés à eux-mêmes dans nos cités ou universités par exemple. De plus, il insiste bien sur le fait que ces « hommes-là » ne sont pas croyant à la base donc ne connaissent pas du tout l’Islam. Ils apprennent ce que l’émir leur apprend et y croit par l’effet de persuasion. En étant infirmière je vois bien à tel point on peut manipuler les « esprits faibles ». Enfin bref, en lisant le résumé je savais que ce livre allait faire polémique. C’est le but de l’auteur de créer une polémique afin que le dialogue s’ouvre. Bonne journée

    1. Bonjour et merci d’avoir pris la peine de vous exprimer. J’étais également consciente du fait que le sujet allait faire polémique. Mais ce que je regrette c’est que je n’ai pas été convaincue par l’auteur. Ce n’est pas tant le fait de justifier l’inqualifiable. Ce sujet traité dans le livre de Pascal Manoukian « Ce que tient ta main droite t’appartient » m’avait permis d’entrer dans la tête des jeunes. Là, je ne suis juste pas entrée dans le sujet. Bien sûr que les jeunes sont manipulables au moment ou ils restent en marge… mais il a manqué un petite quelque chose pour me faire sortir du rôle de spectatrice..
      j’ai lu votre chronique sur le même livre que je recommande à tous pour se faire une autre idée du livre : https://lenotebookdegwen.com/2018/09/05/khalil-de-yasmina-khadra/

  3. A la seule lecture du sujet, j’ai trouvé que c’était casse-gueule. Parler en lieu et place d’une personne dont on ne partage pas les convictions, c’est risquer de trahir ses idées et de déformer par embellissement littéraire les actes d’un assassin.
    De belles phrases, des idées bien tournées ne suffisent pas à donner une vérité à une âme qui se perd hors des chemins qu’on emprunte.
    Défendre un innocent peut produire un best-seller, alors que tenter d’expliquer comment on peut en arriver à devenir un psychopathe religieux revient à expliquer le fonctionnement du moteur d’une formule 1 sans posséder de notions de mécanique.

  4. Les terroristes sont des gens convaincus de la justesse de leur démarche et il faut une sorte de cure de désintox psychologique qui ne peut s’effectuer qu’au cas par cas.

    Par contre, ça peut faire réfléchir des personnes qui seraient de basculer vers l’intégrisme salafiste et, par la suite, vers des actions irrémédiables. On peut l’espérer.
    C’est comme lorsqu’on jette une bouteille à la mer. Rien n’indique qu’elle ne s’engluera pas dans une mer de détritus malencontreusement nommée le 7ème continent.
    Si elle arrive, il faut qu’elle tombe sur la bonne personne et que le message touche cette personne.

    Ca fait beaucoup de si, en définitive.

    1. je ne donne jamais la fin de l’histoire! Cela pourrait gâcher la lecture d’autres personnes. C’est comme si je donnais le nom du meurtrier dans un polar!

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