Musso, Guillaume « La vie secrète des écrivains » (2019)

Musso, Guillaume « La vie secrète des écrivains » (2019)

Auteur : né le 6 juin 1974 à Antibes, est un romancier français.

Ses romans : Skidamarink (2001), Et après… (2004), Sauve-moi (2005), Seras-tu là (2006), Parce que je t’aime (2007), Je reviens te chercher (2008), Que serais-je sans toi ? (2009), La Fille de papier (2010)5, L’Appel de l’ange (2011), 7 ans après (2012), Demain (2013), Central Park (2014), L’Instant présent (2015), La Fille de Brooklyn (2016), Un appartement à Paris (2017) et La Jeune Fille et la nuit (2018).

Calmann-Lévy, 02.04.2019. 347 pages

Résumé : En 1999, après avoir publié trois romans devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée. Automne 2018. Fawles n’a plus donné une seule interview depuis vingt ans. Alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste suisse, débarque sur l’ile, bien décidée à percer son secret.
Le même jour, un corps de femme est découvert sur une plage et l’île est bouclée par les autorités. Commence alors entre Mathilde et Nathan un dangereux face à face, où se heurtent vérités occultées et mensonges assumés, où se frôlent l’amour et la peur…

Mon avis : Son passage à « La Grande Librairie » m’a donné envie de lire le livre. C’est le troisième livre que je lis de cet auteur (j’avais lu il y a bien longtemps Et après… (2004), Sauve-moi (2005).

Un écrivain très célèbre, à succès, qui s’est retiré dans une maison isolée au bord de la mer et ne veut plus entendre parler de son ancienne vie ; un jeune qui voudrait devenir écrivain. Le jeune va aider l’écrivain célèbre dans une enquête. Et il va s’en inspirer… Dès le début on se demande pourquoi l’ecrivain a rangé sa machine à écrire il y a vingt ans. Harry Quebert ? Mais non ! Nathan Fawles !

Sinon c’est très plaisant à lire et l’écriture est fluide. Un livre bourré de références littéraires et à la gloire de la littérature et un bon scenario de roman policier. C’est une enquête sur le monde des écrivains : sur la difficulté de se faire éditer, la demande de conseils des jeunes auteurs en quête de conseils, sur l’amour des auteurs et des romans, d’écrivains à succès qui se retirent et refusent de parler à la presse. Et c’est aussi un thriller émotionnel où l’imprévu s’invite comme le dit Guillaume Musso. C’est encore un récit sur des évènements révoltants qui se sont déroulés pendant la guerre du Kosovo.

J’ai bien aimé les citations qui truffent le roman. Julie Kerninon avait aussi écrit un livre sur une autrice qui s’était retirée que j’avais beaucoup aimé « Buvard ».

Extraits :

La première qualité d’un écrivain était de savoir captiver son lecteur par une bonne histoire. Un récit capable de l’arracher à son existence pour le projeter au cœur de l’intimité et de la vérité des personnages.

Et pour les insulaires, les menaces avaient deux visages bien identifiés : les spéculateurs et les touristes.

— Vous allez vraiment fermer la librairie ?
— Sans regret, affirma-t-il. Les gens ne lisent plus, c’est comme ça.
Je nuançai :
— Les gens lisent peut-être différemment, mais ils lisent toujours.

Comme Margaret Atwood, je pense que vouloir rencontrer un écrivain parce qu’on aime son livre, c’est comme vouloir rencontrer un canard parce qu’on aime le foie gras.

— Et le pire, c’est que tu finis par devenir accro à cette existence de merde parce que tu te donnes l’illusion, avec ton stylo et ton clavier, d’être un démiurge et de pouvoir rafistoler la réalité.

Que faire ? Ne pas répondre ? C’était une solution pour éloigner le danger à court terme, mais ça ne permettait pas d’identifier la nature du danger.

Lorsqu’on l’interrogeait sur sa vie privée, il appliquait le précepte d’Italo Calvino : ne pas répondre ou mentir.

Il est écrit quelque part, dans l’une des pages du livre du destin, que les roses trop belles vivent avec la hantise de se faner. Et cette crainte leur fait parfois commettre des actes irréparables.

Un roman, c’est de l’émotion, pas de l’intellect. Mais pour faire naître des émotions, il faut d’abord les vivre. Il faut que tu ressentes physiquement les émotions de tes personnages. De tous tes personnages : les héros comme les salauds.

L’histoire de l’art, c’est l’histoire de la transgression.

L’écriture structure ta vie et tes idées, elle finit souvent par mettre de l’ordre dans le chaos de l’existence.

Il se rappela alors cette vieille règle d’écriture : si un romancier mentionne l’existence d’une arme au début de son récit, alors un coup de feu sera obligatoirement tiré et l’un des protagonistes mourra à la fin de l’histoire.

J’étais accro à ces moments où la fiction contaminait la vie. C’était en partie pour cela que j’aimais autant lire. Pas pour fuir la vie réelle au profit d’un univers imaginaire, mais pour revenir vers le monde transformé par mes lectures.

« À quoi servent les livres, s’ils ne ramènent pas vers la vie, s’ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d’avidité ? » s’interrogeait Henry Miller. Sans doute à pas grand-chose.

Le signe mathématique ÷ pour signifier la division s’appelle un obélus.

Les livres sont aussi facteurs de séparation. Les livres n’abattent pas seulement des murs, ils en construisent. Plus souvent qu’on ne le croit, les livres blessent, brisent et tuent. Les livres sont des soleils trompeurs.

J’avais certes refoulé ces souvenirs, mais ils pourrissaient en moi, pesant d’un poids invisible.

La mémoire me revenait par flashs violents qui charriaient dans leur cortège la culpabilité, la colère, la honte. J’étais submergée et j’avais l’impression que cela ne s’arrêterait jamais. Comme une digue en béton armé qui lâcherait soudain et engloutirait une vallée.

Une phrase de Georges Simenon, l’un de ses maîtres, qui lui semblait appropriée à la situation.
« Combien la vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après coup. »

Tu connais le concept grec du kairos ? C’est l’instant décisif qu’il ne faut pas laisser passer. Dans toutes les vies, même les plus merdeuses, le ciel te donne au moins une fois une vraie chance de faire basculer ton destin. Le kairos, c’est la capacité à savoir saisir cette perche que la vie te tend. Mais le moment est généralement très bref. Et la vie ne repasse pas les plats.

Info : Kuçedra :Dans la mythologie albanaise antique, le Bolla (connu sous le nom de Bullar en Albanie du Sud) est une sorte de dragon (ou une créature démoniaque ressemblant à un dragon), avec un corps serpentin long et enroulé, quatre pattes et deux petites ailes. Ce dragon dort tout au long de l’année, sauf le jour de la Saint-Georges, où ses yeux d’argent à facettes scrutent le monde extérieur. Il reste ainsi jusqu’à ce qu’il voie un être humain, qu’il dévore avant de fermer les yeux et de se rendormir. Une fois dans sa douzième année, le bolla se transforme progressivement. Il obtient neuf langues, des cornes, des épines et de grandes ailes. Il apprend à utiliser son don de cracher le feu. Il devient alors Kulshedra. Le Kulshedra provoque la sécheresse et vit grâce aux sacrifices humains. Le Kulshedra est parfois présenté comme une femme avec un énorme corps velu et des seins pendants. (wikipedia)

 

 

 

 

3 Replies to “Musso, Guillaume « La vie secrète des écrivains » (2019)”

  1. Comme à chaque fois, j’attends toujours avec impatience le nouveau roman de Musso, je m’y plonge avec ravissement et…. je ne peux pas m’empêcher d’être un tantinet déçue par le dénouement… L’histoire est intrigante et se lit assidûment mais je la trouve un peu trop tirée par les cheveux, même si c’est réaliste mais un peu trop de circonstances incroyables…
    Tout comme toi, C@t, j’ai bien aimé les citations et bien sûr, je terminerai mon commentaire comme je l’ai commencé càd par l’attente impatiente du prochain roman de Musso 😉

  2. Cela fait longtemps que je n’ai pas lu Musso. Le titre m’a plu. L’intrigue ne m’a pas déçue. Les références sont justes et font un petit rappel à notre connaissance. J’ai apprécié que ce roman ne soit pas truffé de policiers. Cela change un peu. De plus, j’ai aimé être tenue en haleine de la sorte jusqu’à la dernière page. Musso est un orfèvre en son genre.

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