Van Cauwelaert, Didier « La Personne de confiance » (2019)
Auteur : Didier van Cauwelaert cumule prix littéraires et succès public depuis ses débuts. Prix Goncourt pour Un aller simple en 1994, il a publié récemment « Le principe de Pauline » (2014) , «Jules» (2015) , On dirait nous (2016) et « Le Retour de Jules » (2017) exceptionnels succès de librairie. En tant que metteur en scène, il vient de réaliser pour le cinéma « J’ai perdu Albert » (Roman sorti en 2018), La Personne de confiance (2019)
Albin Michel, 27.03.2018 – 209 pages
Résumé : Max, un petit gars de banlieue, conducteur grutier à la fourrière, vient d’enlever une voiture sur un emplacement livraison. C’est alors qu’il découvre, sur la banquette arrière, une vieille dame. Faute professionnelle qui risque de causer son renvoi… D’autant plus qu’il la reconnaît : c’est la chef d’entreprise Madeleine Lamor, héroïne de la Résistance, dont la tête orne ses paquets de galettes bretonnes. En pleine crise de confusion mentale, elle le prend pour son amant de 1944 traqué par la Gestapo. Obligé de gérer la situation pour sauver son emploi, Max se retrouve entraîné dans une aventure hallucinante : défendre cette merveilleuse vieille dame, que son neveu tente de rendre folle à coups de médicaments pour s’emparer de ses biscuiteries…
Mon avis : Un livre sympathique qui est parfait apres un livre coup de poing. Sur un ton léger, il évoque des sujets graves : le naufrage de la vieillesse, la douleur de se sentir devenir une charge, la décision du suicide assisté. Il parle aussi de la succession, du problème de l’héritage, des malversations et magouilles pour déposséder les anciens.
Et, avec beaucoup d’amour, de deux jeunes de banlieue qui, par un concours de circonstances, vont se retrouver mêlés à cette tentative de captation d’héritage et vont tout faire pour la faire capoter. La suite ? je vous laisse la découvrir et suivre le trio (la vieille et les deux jeunes) dans des aventures qui ont pour but de remettre les pendules à l’heure et de faire renoncer au suicide assisté programmé. Sourires garantis…
Extraits :
On croit qu’on ne sert à rien sur terre, jusqu’au jour où quelqu’un vous demande l’impossible. Alors ça vous donne des ailes et tous les risques valent la peine d’être pris, parce qu’on est devenu nécessaire.
Elle est toute menue, mais avec une densité impressionnante, une énergie de Vieille au bois dormant réveillée en sursaut.
C’est quoi, cet héritier qui veut tuer la poule aux œufs frais ? Il est son tuteur, soi-disant. Un tuteur, ça sert à tenir debout, pas à creuser la tombe !
Le français que je parle, c’est à lui que je le dois, je le dis sans rancune. Parce que, chez lui, il n’y avait pas que la langue qui était châtiée.
Oui, je suis d’accord avec vous : côté psychologie, elle fait plus dans le sprint que dans l’endurance.
Quand une personne n’est pas aux normes, les gens ont toujours besoin de la faire entrer dans une case. Ça rassure.
– Dire que je le prenais pour un Flanby !
– C’est-à-dire ?
– Ça présente bien, mais c’est fade et c’est mou.
Pour elle, Dieu est partout dans la nature, du plus petit brin d’herbe aux plus grosses planètes, en passant par les poulets qu’on torture en batterie – partout sauf dans le cœur des hommes en général, mais ça ne sert à rien de vouloir l’y faire entrer à coups de poignard ou de chausse-pied.
Même pêche, même frite, même rage.
Radfem, oui. C’est les féministes radicales – vous n’avez pas ça, en Bretagne ? Préparez-vous. Les radfems, les Me-too et les Balance-ton-porc, c’est l’avenir de l’homme. Non, ce n’est pas une connerie, c’est une référence à une chanson de Jean Ferrat. Paroles de Louis Aragon. C’est pas grave.
C’est de la vodka, cette yeuve. C’est fort, c’est glacé, ça te réchauffe, ça t’enflamme et ça te casse.
C’est marrant, le monde dans lequel on vit : ce sont les intentions pures qui paraissent les moins crédibles aujourd’hui. Et pourtant, ce sont les seules qui se révèlent vraiment payantes.
elle m’a parlé de la pire de toutes à ses yeux : la vieillesse. Cette longue suite de petits renoncements pour rassurer l’entourage : arrêter de conduire une décapotable, de fumer des sans-filtres, de boire à midi, de nager dans la mer… Tous ces principes de précaution qui font devenir vieux avant d’avoir eu le temps de s’user.
Vous savez, on finit par devenir ce que les gens pensent de nous.
Elle nous donnait des ailes, mais elle nous coupait de nos racines.