Sandrine Collette «Des nœuds d’acier» (01.2013)

Sandrine Collette «Des nœuds d’acier» (01.2013)

Auteur : Sandrine Collette passe un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique. Elle devient chargée de cours à l’université de Nanterre, travaille à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons en Champagne puis dans le Morvan.

Elle décide de composer une fiction et sur les conseils d’une amie, elle adresse son manuscrit aux éditions Denoël, décidées à relancer, après de longues années de silence, la collection « Sueurs froides », qui publia Boileau-Narcejac et Sébastien Japrisot. Il s’agit « Des nœuds d’acier », publié en 2013 et qui obtiendra le grand prix de littérature policière ainsi que le Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne. Le roman raconte l’histoire d’un prisonnier libéré qui se retrouve piégé et enfermé par deux frères pour devenir leur esclave. En 2014, Sandrine Collette publie son second roman : « Un vent de cendres » (chez Denoël). Le roman commence par un tragique accident de voiture et se poursuit, des années plus tard, pendant les vendanges en Champagne. Le roman revisite le conte La Belle et la Bête. Pour la revue Lire, « les réussites successives Des nœuds d’acier et d’Un vent de cendres n’étaient donc pas un coup du hasard : Sandrine Collette est bel et bien devenue l’un des grands noms du thriller français. Une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans « Six fourmis blanches »(2015). « Il reste la poussière » obtient le Prix Landerneau du polar 2016. En 2017, elle publie « Les Larmes noires sur la terre ». En 2018 elle sort « Juste après la vague ».  «Animal » sort en 2019, suivi de « Et toujours les forêts » (2020), « Ces orages-là » (2021), « On était des loups » (2022)

Grand prix de littérature policière 2013

Résumé : Avril 2001. Dans la cave d’une ferme miteuse, au creux d’une vallée isolée couverte d’une forêt dense, un homme est enchaîné. Théo, quarante ans, a été capturé par deux frères, deux vieillards qui ont fait de lui leur esclave. Comment a-t-il basculé dans cet univers au bord de la démence ? Il n’a pourtant rien d’une proie facile : athlétique et brutal, Théo sortait de prison quand ces vieux fous l’ont piégé au fond des bois. Les ennuis, il en a vu d’autres. Alors, allongé contre les pierres suintantes de la cave, battu, privé d’eau et de nourriture, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d’échapper à ses geôliers.

Mon avis : Deuxième tentative de lire Sandrine Collette. Je ne sais pas si je vais récidiver  ; ce n’est pas pour moi.. Ce n’est pas l’auteur qui me dérange mais le type de récit, le huis-clos de séquestration : étouffant, malsain, des personnages antipathiques, un monde de violence à tous les niveaux. La déchéance… mentale, physique… Alors oui, je l’ai lu jusqu’au bout.. Mais pour quelle raison ? Aller au bout de l’horreur, de la perversion, de l’abject pour voir si on peut s’en relever ou pas ?

Je relève toutefois un contact très fusionnel entre la nature et le récit. La « glauquitude » à tous les niveaux.. avec un ou deux éclairs d’humanité devant la beauté de la neige… J’ai également remarqué que nous vivions dans un monde d’hommes, bien que l’image de la femme soit présente… à l’origine de tout et à tous les niveaux : la narratrice, qui commence et finit le récit ; la femme aimée sans qui rien ne serait arrivé, la sœur … ; les rapports entre frères sont présentés comme des rapports de force et de conflits…

Juste la descente aux enfers d’un (plusieurs) personnes…

 

Extraits :

J’ai bu mon café à petites gorgées, heureux qu’il soit trop chaud, heureux de prendre mon temps.

Chaque matin ma tête s’éveille vide et blanche, comme s’il n’y avait plus rien en moi. Jamais le lien entre le corps et l’esprit ne m’était apparu avec autant de force, jamais je n’aurais cru qu’il suffisait d’anéantir le premier pour que le second s’éteigne lui aussi

La terre m’attire d’une façon indéfinissable, peut-être parce que c’est la seule certitude que j’aie : qu’un jour, j’y retournerai

Je ne suis pas sûr que ce soit ça, survivre. Ou au contraire, c’est là que le mot prend tout son sens. Juste un petit peu plus que vivre, et encore, je ne sais pas de quoi est fait ce petit peu

Parfois moi-même, quand la fatigue ne m’accable pas trop, je me délecte de certaines de leurs histoires sordides. J’ai arrêté de lutter contre ma propre déchéance. Et oublié la moindre idée de révolte.

Je ne sais pas si moi aussi je verrai ma vie sous forme d’un long cheminement quand je serai mort. Et je ne sais pas si je croirai un dieu quand il me dira qu’il m’a porté tout ce temps de la fin de ma vie

Je ne suis plus qu’un reste d’humanité. Une entité qui ne pense qu’à manger, boire et dormir, à éviter les coups, et à se relever le lendemain. Les vieux avaient raison. Je ne vaux pas beaucoup plus qu’un chien. Je ne suis même pas affectueux. Je suis de la race de ces bêtes galeuses qu’on attache au bout d’une chaîne et que personne ne veut plus caresser

Toute parole est illusoire et dangereuse ; nous ne voulons pas rouvrir le dialogue

L’éclair qui illumine une fraction de seconde la forêt autour de moi me ramène brusquement à la réalité. Les silhouettes des arbres, affolées par le vent, se tendent vers moi pour m’agripper. Le vent brame dans les arbres ; on dirait une bête mourante.

on, c’était elle : la vie) ne nous présente pas plus que ce que nous pouvons porter. Que si c’est dur, c’est que nous sommes forts. Mais je n’y crois plus.

Parfois sur son banc, il me fait penser à une poupée ou à une peluche qu’on aurait posée là et que personne ne serait revenu chercher. Oui, un petit ours sur un banc trop grand pour lui, étonné d’être toujours solitaire. Un petit ours attendant que quelqu’un passe et le prenne dans ses bras, le regard droit, courageux et perdu.

One Reply to “Sandrine Collette «Des nœuds d’acier» (01.2013)”

  1. Quand j’ai décidé de lire ce roman c’est uniquement parce qu’il avait eu le grand prix de la littérature policière. Je n’avais pas la moindre idée du sujet.

    Pour ma part, impossible de lâcher « Des Nœuds d’acier » avant la dernière page. Un thriller violent sans tomber dans les descriptions morbides, effrayant de réalisme, captivant.

    Comme tu vois, mon avis diffère quelque peu du tien 😉

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