Bussi, Michel « N’oublier jamais » (2014)
Auteur : Michel Bussi a commencé à écrire dans les années 1990. Alors jeune professeur de géographie à l’université de Rouen, il écrit un premier roman, situé à l’époque du Débarquement de Normandie. Ce dernier est refusé par l’ensemble des maisons d’édition. Il écrit quelques nouvelles, s’attelle à l’exercice de l’écriture de scénarios mais sans parvenir à les faire publier. Il attendra dix ans pour que l’idée d’un roman, inspiré d’un voyage à Rome au moment du pic de popularité du Da Vinci Code de Dan Brown, s’impose. Ce succès d’édition international, ainsi que la lecture d’une réédition de Maurice Leblanc pour le centenaire d’Arsène Lupin, le poussent à se lancer dans un travail d’enquêteur. De retour à Rouen, équipé de ses cartes de l’IGN, il noircit des carnets jusqu’à pouvoir proposer, en 2006, un manuscrit intitulé Code Lupin à un éditeur régional et universitaire, les éditions des Falaises. Ce premier roman sera réédité neuf fois.
Plusieurs années seront nécessaires pour que les ouvrages de Michel Bussi, qui paraissent au rythme d’un par an, tel Mourir sur Seine en 2008, ou Nymphéas Noirs en 2011, voient leurs ventes s’envoler. Après une série de récompenses locales, grâce à ses premières éditions en livre de poche, mais surtout grâce à la sortie en rayon polar de son ouvrage maître Un avion sans elle, l’auteur géographe est propulsé sur le devant de la scène.
Une des particularités de son travail est de situer la majorité de ses romans en Normandie. Son roman N’oublier jamais, sorti en mai 2014, met « plus que jamais6 » la Normandie au cœur de son intrigue, tout comme Maman a tort (qui se déroule au Havre), sorti en mai 2015. Son dernier roman cependant, Le temps est assassin, sorti en mai 2016, se déroule en Corse.
Ses romans : Code Lupin (2006) – Omaha crimes /Gravé dans le sable (20067/2014) – Mourir sur Seine (2008) – Sang famille (2009 – réédité 2018) – Nymphéas noirs (2011) – Un avion sans ailes (2012) – Ne lâche pas ma main (2013) – N’oublier jamais (2014) – Maman a tort (2015) – Le temps est assassin (2016) – On la trouvait plutôt jolie (2017) – Les contes du réveil matin(2018) – J’ai dû rêver trop fort (2019)
Résumé :
« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille ?
Ne lui tendez pas la main !
On pourrait croire que vous l’avez poussée. »
Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s’entraîner sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l’écharpe comme on lance une bouée.
Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l’inconnue.
A son cou, l’écharpe rouge.
C’est la version de Jamal.
Le croyez-vous ?
Mon avis : Jeune, beur, handicapé… Et seul sur les lieux d’un crime… Evidemment il est le coupable idéal et désigné… Au point que lui-même finira par se demander si il est fou ou pas… On dit qu’il ne faut jamais se fier aux apparences ? Engrenage ou pas engrenage ? Comment deméler le vrai du faux ? Ce livre est un chef d’œuvre de manipulation. Je l’ai commencé et pas lâché.. J’avais déjà lu un livre de cet auteur qui m’avait beaucoup plu (voir l’article sur « Nymphéas noirs ») ; et bien je ne suis pas déçue par mon deuxième essai.. Un thriller très psychologique, construit, qui ne laisse pas de place au hasard. Un assassin machiavélique… mais qui est-il ? Le suspense a été total jusqu’à la fin du livre…
Extraits :
Une vieille dame tenait au bout d’une laisse interminable un petit chien ridicule, genre modèle qui fonctionnerait avec une télécommande et des piles, prétentieux au point d’insulter les mouettes à coups de jappements hystériques.
Dans votre vie, vous ne rencontrez pas plus de dieu vicieux que de prof qui vous prend comme bouc émissaire.
Les dieux comme les profs s’en foutent, de vous. Vous n’existez pas pour eux.
Vous êtes tout seul.
Pour que la pièce retombe un jour de votre côté, il faut juste jouer, souvent, beaucoup, recommencer, toujours.
Insister.
Je n’avais jamais rencontré une fille aussi proche de ma vision du monde. Décalée, pas tout à fait dans le réel. Sur le rebord d’une fenêtre, entre deux vides, celui des bagnoles qui grouillent dans la rue au-dessous, celui des étoiles au-dessus.
Je comprenais maintenant ces innocents qui avouent aux flics un crime qu’ils n’ont pas commis, après des nuits de garde à vue, après des heures d’arguments, d’hypothèses et de preuves assénés par l’accusation. Ces innocents qui finissent par croire à la vérité énoncée par d’autres, qui en viennent à douter de leurs propres certitudes, celles qu’ils possédaient en entrant dans le bureau du juge.
La lune peignait la nuit en clair-obscur.
Des solitaires qui se refaisaient en boucle le film de leur vie. Comme s’ils pouvaient refiler leur malheur au premier venu rien qu’en le leur racontant
Je me suis servi un calvados, un Boulard. L’étiquette indiquait « hors d’âge ».
Comme la maison.
A peine en avais-je lapé une gorgée qu’un incendie ravagea ma gorge. Ma toux se cogna aux murs, rebondit dans le silence, puis s’éloigna en hoquets vers les étages comme un esprit frappeur craintif qu’un opportun aurait dérangé.
J’ai grandi avec l’idée que je ne serais jamais grand, que je n’avais pas assez de pièces en bon état dans mon moteur pour aller bien loin sur la route. Que la panne pouvait arriver n’importe quand et me laisser en rade sur le bord du chemin. Alors j’ai inventé mon avenir, je me suis imaginé un destin d’Achille, tu vois ce que je veux dire ? Accepter de mourir jeune mais à condition d’en profiter avant, de fixer la barre non pas en chiffrant les années à vivre, mais les objectifs à atteindre.
Longtemps, je n’ai pas eu de chance.
J’ai toujours cru que le hasard retomberait toujours du même côté, jamais du mien.
2 Replies to “Bussi, Michel « N’oublier jamais » (2014)”
N’oubliez jamais : En voilà un que j’ai eu du mal à lâcher avant d’en connaître la fin. C’est plutôt tordu comme histoire, un peu trop même, mais ça fonctionne : on va de rebondissement en rebondissement, on croit que l’affaire est résolue puis ça repart…
Eh oui ! entièrement d’accord avec vos avis. Jusque maintenant je n’ai jamais été déçue par un roman de Michel Bussi !