Bussi, Michel «Maman a tort» (2015)

Bussi, Michel «Maman a tort» (2015)

Auteur : Michel Bussi a commencé à écrire dans les années 1990. Alors jeune professeur de géographie à l’université de Rouen, il écrit un premier roman, situé à l’époque du Débarquement de Normandie. Ce dernier est refusé par l’ensemble des maisons d’édition. Il écrit quelques nouvelles, s’attelle à l’exercice de l’écriture de scénarios mais sans parvenir à les faire publier. Il attendra dix ans pour que l’idée d’un roman, inspiré d’un voyage à Rome au moment du pic de popularité du Da Vinci Code de Dan Brown, s’impose. Ce succès d’édition international, ainsi que la lecture d’une réédition de Maurice Leblanc pour le centenaire d’Arsène Lupin, le poussent à se lancer dans un travail d’enquêteur. De retour à Rouen, équipé de ses cartes de l’IGN, il noircit des carnets jusqu’à pouvoir proposer, en 2006, un manuscrit intitulé Code Lupin à un éditeur régional et universitaire, les éditions des Falaises. Ce premier roman sera réédité neuf fois.

Plusieurs années seront nécessaires pour que les ouvrages de Michel Bussi, qui paraissent au rythme d’un par an, tel Mourir sur Seine en 2008, ou Nymphéas Noirs en 2011, voient leurs ventes s’envoler. Après une série de récompenses locales, grâce à ses premières éditions en livre de poche, mais surtout grâce à la sortie en rayon polar de son ouvrage maître Un avion sans elle, l’auteur géographe est propulsé sur le devant de la scène.

Une des particularités de son travail est de situer la majorité de ses romans en Normandie. Son roman N’oublier jamais, sorti en mai 2014, met « plus que jamais6 » la Normandie au cœur de son intrigue, tout comme Maman a tort (qui se déroule au Havre), sorti en mai 2015. Son dernier roman cependant, Le temps est assassin, sorti en mai 2016, se déroule en Corse.

Ses romans : Code Lupin (2006) – Omaha crimes /Gravé dans le sable (20067/2014) – Mourir sur Seine (2008) – Sang famille (2009 – réédité 2018) Nymphéas noirs (2011) – Un avion sans ailes (2012) – Ne lâche pas ma main (2013) – N’oublier jamais (2014) – Maman a tort (2015) – Le temps est assassin (2016) –  On la trouvait plutôt jolie (2017) – Les contes du réveil matin(2018) – J’ai dû rêver trop fort  (2019)

Résumé : Mardi 2 novembre 2015. Lorsque Vasile, psychologue scolaire, se rend au commissariat du Havre pour rencontrer la commandante Marianne Augresse, il sait qu’il doit se montrer convaincant. Très convaincant. Si cette fichue affaire du spectaculaire casse de Deauville, avec ses principaux suspects en cavale et son butin introuvable, ne traînait pas autant, Marianne ne l’aurait peut-être pas écouté. Car ce qu’il raconte est invraisemblable : Malone, trois ans et demi, affirme que sa mère n’est pas sa vraie mère.  Sa mémoire, comme celle de tout enfant, est fragile, elle ne tient qu’à un fil, qu’à des bouts de souvenirs, qu’aux conversations qu’il entretient avec Gouti, sa peluche…  Vasile le croit pourtant. Et pressent le danger.  Jeudi 4 novembre 2015, tout bascule.  Le compte à rebours a commencé.  Qui est Malone ?

Mon avis : Toujours un plaisir de lire un livre de Michel Bussi car je sais qu’il va me raconter une histoire et que je vais être à la fois émue et surprise… Un vrai moment de détente, sans prise de tête, quoique.… Une histoire, un suspense, qui va jusqu’à la dernière page et une fois encore je me suis fait balader sur les fausses pistes! Tendre ! Inventif … Faut-il faire confiance à son instinct ? l’intuition est-elle bonne conseillère ? Les enfants invente-ils toujours ? Y-a-t-il du vrai dans ce qu’ils racontent et semble invraisemblable ? Rapport à la maternité, rapport enfant/Maman, petite enfance, rôle de la mère, désir d’enfant, mère de substitution dans une phase ou les pères sont très absents, en retrait. Une sorte de fable, de conte pour enfants (avec les noms qui sont au diapason Augresse, Le Chevalier, Dragonman…) ; Malone, à 3 ans et demi, vit dans un univers poétique et onirique.. mais dans ce livre, les méchants tentent de lui voler sa mémoire… Et on bascule dans le monde de l’enfant… et pas l’inverse.. bien que l’on soit sans cesse à cheval entre le monde des adultes et celui de l’innocence de l’enfant. La logique de l’enfant, qui n’a pas besoin d’être totalement rationnelle, car c’est un enfant… Il y a le passé (le souvenir) et le présent ( le contre la montre de l’enquête)

En arrière-plan la problématique des jeunes qui grandissent dans les coins ou il n’y a pas de travail…

J’en ai aussi appris sur la construction des mémoires… C’est vrai que c’est important de savoir comment cela fonctionne.. et Bussi nous donne des pistes.. Souvent il y a la problématique de l’amnésie dans les polars… et ici on se rend compte que nos premiers souvenirs sont très flous… et d’où viennent-ils ? comment restent-ils ? Le psy du roman tente de nous donner certaines bases psychologiques.

Petit à petit je les lis tous… et je me fais toujours prendre dans les univers à la Bussi…

Fan de Renaud ? Il cite: «le temps est assassin…» est extrait d’une chanson de Renaud – Mistral gagnant. –  la même chanson est le titre de son prochain roman  – Le prénom Malone est le prénom du fils de Renaud –

Extraits :

L’eau, une fois qu’elle est tombée du ciel, elle n’est plus dangereuse, parce qu’elle meurt quand elle s’écrase par terre.

Certains parents sont méfiants, hostiles, agressifs même, dès qu’ils entrent dans une cour d’école ; mais c’est seulement de la peur. Une peur qui remonte à l’enfance.

Le temps de conservation d’un souvenir, pour un enfant, augmente avec son âge. Si vous prenez un bébé de trois mois, ses souvenirs vont durer environ une semaine. Un jeu, une musique, un goût… Un bébé de six mois possédera une mémoire de trois semaines, un bébé de dix-huit mois une mémoire d’environ trois mois, à trente-six mois d’environ six mois…

La mémoire d’un enfant de moins de trois ans fonctionne de façon différente. Tous les souvenirs qui ne seront pas réactivés par la suite s’effaceront, inévitablement.

Les valeurs, les goûts, la personnalité… Tout se joue dans les premières années de notre existence. Tout est gravé à jamais ! Mais par contre, du point de vue strict de la mémoire directe des faits… rien !

le déni d’un traumatisme est une forme de protection qui ne règle rien ! Pour vivre avec un traumatisme, il faut l’affronter, le verbaliser, l’accepter. C’est la fameuse résilience popularisée par Boris Cyrulnik.

Colombine n’avait pas le choix, si elle voulait avoir son Polichinelle à elle, elle devait illico trouver le bon Pierrot.

Galets à l’infini, ferrys d’outre-Manche voguant au loin… c’était à se demander comment Nice avait pu voler au Havre le label de « promenade des Anglais », et avec lui la réputation de plus beau front de mer urbain.

Elle adorait ces instants-là, ils lui faisaient toujours penser aux paroles de la chanson de Renaud, qu’elle écoutait en boucle ensuite, pour graver à jamais ces petits moments dans sa tête. Les chansons servent à ça, se disait-elle, même les plus idiotes, à se souvenir des émotions toutes bêtes.
Et entendre ton rire s’envoler aussi haut que s’envolent les cris des oiseaux.
Ces paroles et d’autres de la même chanson, les derniers mots avant les dernières notes de piano, quand Renaud dit que le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants.

la différence fondamentale entre la réalité et la perception de cette réalité

De toute façon, ça ne sert à rien de pleurer quand les grandes personnes ne sont pas là pour vous voir.

Elle considérait l’amour comme une arnaque pour les gogos, exactement comme les tickets de la Française des Jeux qu’elle vendait aux clients. On ne gagnait jamais, ou alors des petites sommes, juste assez pour vous inciter à rejouer, à y croire, mais jamais la cagnotte qui vous mettrait à l’abri jusqu’à la tombe.

Comme dans le désert des Tartares ils ont attendu l’ennemi pendant des années, sans jamais voir arriver le moindre cosaque ou sous-marin rouge, vous vous en doutez.

 

(Comme je crois que le livre qui m’a le plus marqué pendant ma jeunesse est « Le désert des Tartares de Dino Buzzati, je ne peux que le citer 😉 )

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