Parry, Ambrose «Le Cœur et la Chair» (2019) Série Raven & Fisher tome 1

Parry, Ambrose «Le Cœur et la Chair» (2019) Série Raven & Fisher tome 1

Auteurs : Sous le pseudonyme d’Ambrose Parry, se cache un couple d’Ecossais. Chris Brookmyre, auteur de polars récompensé, entre autres, par le Prix McIlvaney, a publié une vingtaine de romans. Son épouse, Marisa Haetzman, est médecin anesthésiste et c’est elle qui a eu l’idée de ce roman, suite à ses recherches médicales à l’hôpital d’Edimbourg. Ensemble, ils ont écrit « Le Cœur et la Chair », premier volet d’une série de thrillers historique originale et passionnante, bientôt adaptée en série TV par Benedict Cumberbatch. Ils ont choisi ce pseudo en hommage à Ambroise Paré.
Sous le nom de Chris Brookmyre il a également écrit des séries:
Série Jack Parlabane : 01 Un matin de chien 8 Quite Ugly One Morning) – 02 Le Royaume des aveugles (Country of the Blind) – 03 Boiling a Frog (non traduit) – 04 Be My Enemy (non traduit) – 05 Les canards en plastique attaquent (The Attack of the Unsinkable Rubber Ducks)  – 06 The Last Day of Christmas: The Fall of Jack Parlabane – Dead Gill Walking – Sombre avec moi  Black Widow (2019) – Les ombres de la toile Want you gone (2020)
Série Angelique de Xavia : Petite Bombe noire (A Big Boy did it and Ran Away) – Petit bréviaire du braqueur (The Sacred Art of Stealing)
Série Jasmine Sharp ( non traduit) : Where the Bodies are Buried (2011) When the Devil Drives (2012) Flesh Wounds (2013), titré Bred in the Bone aux États-Unis
Série Bedlam (non traduit) : Bedlam (2013)
et des romans  : Faites vos jeux ! (All Fun and Games Until Someone Loses an Eye)

Série Raven & Fisher : Le coeur et la chair (2019)- L’art de mourir (2020)  – Une lignée corrompue (2022)

Editions du Seuil – 02.05.2019 – 397 pages (Traduit par : Eric Betsch)
Le premier épisode d’une série de thrillers historiques au coeur d’Edimbourg au 19e siècle.

Résumé : Le jeune Will Raven, issu d’un milieu modeste, est apprenti chez le Pr Simpson, dont la notoriété, le savoir-faire obstétrique et les recherches sur les anesthésiques en font une personnalité majeure de l’Ecosse victorienne.
Il règne une activité constante dans la célèbre demeure du 52 Queen Street à Edimbourg. Will y fait, entre autres, la connaissance de Sarah, femme de chambre et assistante de Simpson, dont le caractère bien trempé le déroute et le séduit tout à la fois.
Mais à peine a-t-il le temps de prendre ses nouvelles fonctions que plusieurs femmes sont retrouvées sauvagement assassinées aux quatre coins de la ville. Parmi elles, une jeune prostituée, Evie, amie intime de l’apprenti chirurgien…
Face à l’indifférence des services de police, Will décide de mener l’enquête avec l’aide précieuse de Sarah. Une enquête qui les conduira tous deux au coeur sombre des enjeux scientifiques de l’époque.

Mon avis : Alors j’ai adoré ! Il faut dire que j’aime les romans historiques qui se déroulent au XIXème siècle en Angleterre et en Ecosse victoriennes. Roman historique sur les débuts de la médecine anesthésiste… mais aussi un roman qui nous parle de l’apprentissage de la médecine, de la place des femmes dans la société, qui parle de meurtres, d’amour… Au centre du roman le Docteur Simpson, pionnier écossais de l’obstétrique et de l’anesthésie.
Le roman commence par la découverte du corps sans vie d’une jeune prostituée, Evie. Meurtre ? suicide ? Un de ses amis, Will, qui lui avait prêté de l’argent sans savoir pour quel motif elle en avait besoin, étudiant en médecine, va mener l’enquête. Il va être embarqué dans une aventure périlleuse, être poursuivi par des personnes peu recommandables.  Assisité par Sarah, la jeune servante de son maitre de stage, le Dr. Simpson, il va persévérer. Le roman nous fait découvrir les deux faces de la ville : les quartiers chics et les bas-fonds, la vie des riches et celle des misereux.
J’ai adoré découvrir Edimbourg au XIXème siècle, le coté historique est très bien documenté, il y a du suspense, les personnages sont bien campés et je pense que tous les lecteurs d’Anne Perry ( la série Monk) devraient adorer.
En cette période, c’est aussi le début de la photographie que le roman met également en lumière  :  De 1843 à 1847, Hill et Adamson préparent un tableau représentant les délégués de la convention fondatrice de l’Église libre d’Écosse. Leur collaboration donne lieu à la réalisation d’environ 1 800 calotypes. Ces photographies sont aujourd’hui considérées comme une remarquable étude de la psychologie et de la vie de l’époque. (Wikipédia) .

Extraits :

Je suis convaincu qu’avec une envie passionnée et une volonté inébranlable nous accomplirons l’impossible.

Quand on veut se voir accorder un certain respect de la part des riches, il est impératif que ceux-ci vous croient également à l’aise financièrement. Il était passé maître dans l’art de simuler cet état, même s’il était bien entendu plus facile d’y parvenir en tant qu’étudiant vivant parmi ses semblables.

Il faut, à mon avis, un certain nombre de choses pour qu’un mariage soit assorti : il me faut un homme que je respecte, dont j’admire le travail et dont je sois fière de gérer la maisonnée.

… nos assistants doivent inspirer confiance à nos clients. Et pour ce faire, il faut être un homme.

C’est un scientifique de talent mais une très étrange créature. Il se consacre à des projets ostensiblement voués au bien de l’humanité, pourtant il dégage autant de chaleur que l’ultime pet d’un pingouin à l’agonie.

Il ne faut jamais faire confiance à un homme qui ne laisse apparaître aucun vice. Ceux qui restent cachés sont généralement les plus écœurants.

Méfiez-vous toujours de ceux qui affirment détenir des réponses simples à des problèmes complexes. Gardez-vous des eaux nauséabondes du charlatanisme.

La nature nous offre de nombreux remèdes très utiles, toutefois c’est la chimie qui nous livre leurs secrets. C’est grâce à la chimie que nous savons aujourd’hui que c’est la quinine contenue dans l’herbe des jésuites qui rend celle-ci si efficace en cas de fièvre tierce, ou encore que le pavot à opium doit sa puissance à la morphine qu’il renferme.

— Primum non nocere, approuva Beattie.
Soit « En premier lieu ne pas nuire », locution extraite du serment d’Hippocrate.

Les patients ont besoin que vous gardiez vos distances, que vous analysiez leur mal et que vous vous occupiez d’eux sans être troublé par vos émotions.

Toutes les absurdités, si infondées soient-elles, trouvent des partisans.

Il se fit alors la réflexion que ses études en médecine l’avaient profondément changé : il lui était désormais impossible d’entrer quelque part sans évaluer les pathologies visibles, généralement très nombreuses

J’ai la sensation de parler dans le vide, quand je répète à mes patients que le plus sûr moyen de conserver une bonne santé consiste à suivre un régime correct et à faire régulièrement de l’exercice. Ils ont le sentiment de ne pas en avoir pour leur argent s’ils ne ressortent pas du cabinet avec une ordonnance. Dans leur esprit, un médecin est d’autant plus impressionnant qu’il leur décrit une médecine complexe.

Les dénonciations les plus virulentes dissimulent le plus souvent un secret honteux.

 je ne le rejoins pas quand il prétend que l’ascétisme culinaire est suffisamment bénéfique pour apaiser les tourments de l’âme. Je suis de ceux qui pensent que nous devons vivre pour manger, et non simplement manger pour vivre. 

Rencontrerait-elle un jour un homme qui accepterait ses ambitions de s’instruire par elle-même et de se rendre utile ? Ce genre d’homme existait-il seulement ?

Si l’amour pouvait être vendu en flacon, il soulagerait bien des maux.

– Il y a lors de ces soirées un manque de prudence qui parfois me dérange. Je n’ai aucune envie de me sacrifier sur l’autel du progrès scientifique.
– L’audace et un certain manque de prudence sont nécessaires pour que ce progrès scientifique s’accomplisse

Photo : le 52 Queen Street, Edinburgh ( prise par David Grey)
Construite vers 1790. En pierre de taille de grès de Craigleith. D’après une plaque près de l’entrée : « Sir James Young Simpson a vécu ici de 1845 à 1870 et a découvert en 1847 le pouvoir anesthésiant du chloroforme. » Sir James Young Simpson est entré à l’université d’Édimbourg en 1825, pour obtenir son diplôme de docteur en médecine (1832) et passer rapidement à la chaire de sage-femme (1839). Intéressé par la nouvelle utilisation de l’éther sulfurique comme agent anesthésiant, mais soucieux de trouver une substance plus facile à utiliser et plus efficace, il s’est mis à faire des expériences avec d’autres fluides volatils avant de se fixer sur le chloroforme (1847). Malgré sa popularité rapide, son utilisation pour les accouchements naturels ainsi que dans le domaine  chirurgical a suscité de vives critiques de la part des moralistes et des théologiens jusqu’à l’approbation de la reine Victoria, ravie après l’accouchement de son neuvième enfant (1853). Une baronnie fut accordée en 1866.

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