Petrella, Angelo «Fragile est la nuit» (2020)
Auteur : Angelo Petrella, né en 1978, a vécu à Rome, Paris et Sienne avant de regagner Naples, sa ville natale. Docteur ès lettres modernes, poète, scénariste pour le cinéma et la télévision, collaborateur du quotidien Il Mattino et de la revue Vanity Fair,
Romans : ( 2006 « Cane rabbioso » – 2007 « Nazi paradiso » – 2008 « La città perfetta » – 2012 « Le api randage » – 2014 « Pompei. L’incubo e il risveglio » )
traduits en français : – 2011 « les enfants de la Camorra » – 2020 Fragile est la nuit
L’un des auteurs les plus représentatifs de la littérature policière napolitaine. « Fragile est la nuit » est son septième polar.
Editions Philippe Rey – 12.03.2020 – 192 pages (traduction : Nathalie Bauer)
Résumé :
Le premier volume d’une série d’un flic de Naples fragile et attachant, par un des chefs de file du polar italien.
Coupable d’abus de pouvoir et de chantage, l’inspecteur Denis Carbone a été relégué au commissariat de Pausilippe, le quartier le plus chic, mais aussi le plus calme, de Naples. Pour tromper son ennui, il partage depuis dix ans son temps libre entre cuites retentissantes et planques devant le domicile de son ancienne compagne. Or, voilà qu’une riche et séduisante quadragénaire est retrouvée sans vie au pied de sa villa, où elle vivait seule et recevait des amants.
S’agit-il d’un suicide ou d’un meurtre ? Chargé de l’enquête, Carbone sent renaître en lui le flair du flic brillant qu’il a été. Mais la hiérarchie l’oblige étrangement à collaborer avec Tagliamonte, intransigeant chef de la PJ, à l’origine de sa chute. N’ayant plus rien à perdre, il décide de tout mettre en œuvre pour supplanter son rival et mener son enquête à bon terme. En transposant magistralement les codes du roman noir à la Chandler dans une Naples sordide et dangereuse, Angelo Petrella offre une intrigue aux multiples rebondissements, ainsi que le portrait attachant d’un homme désabusé.
Mon avis :
J’adore les « gialli », ces romans policiers qui se déroulent en Italie, que ce soient les livres de Maurizio de Giovanni (Séries Commissaire Lojacono et Commissaire Ricciardi ), de Valerio Varesi (Les enquêtes du Commissaire Soneri) , d’Antonio Manzini ( Série Commissaire Rocco Schiavone), de Marco Vichi (Série Commissaire Bordelli) , et les autres, ces inspecteurs qui trainent leur mal-être dans les zones d’ombres de leur vies et de leurs cités.
Direction Naples. Une ville qui n’est pas suffisamment présente à mon gout dans le roman. Il manque une ambiance. D’accord il y a des noms de rues ou de quartiers mais je n’ai pas ressenti la ville…
Et je fais la connaissance de Denis Carbone : un flic bourré d’intuition, bourré aussi les trois quarts de temps, au whisky… Comme bon nombre de flics de romans italiens, il est seul, ravagé, il fume, il parie, il boit, et se fiche pas bien mal des règlements… Dommage, car il avait été un bon flic avant de sombrer dans l’alcool et se retrouver muté dans le commissariat d’un quartier tranquille, où il ne se passe rien. La carrière prometteuse d’un flic brillant qui a tout perdu, qui a sombré dans le vice et la presque déchéance et qui traine derrière lui un passé pour le moins obscur. Une lueur dans sa vie : il est toujours amoureux d’une femme avec lequel il a vécu il y a des années, quand tout allait bien pour lui. Mais ça, c’était avant. Il n’a plus rien à perdre, il est malade, son passé est omniprésent dans sa vie et il le traine comme un boulet.
Une chance se présente à lui : une femme est retrouvée morte et il est le seul disponible. Malgré le fait qu’il soit plus une loque qu’autre chose, son flair est toujours intact, il lui reste un peu de fierté et il va suivre son intuition… qui va le conduire à enquêter et à se retrouver dans des situations extrêmement dangereuses. Jamais il n’aurait imaginé en arrivant sur les lieux de ce qui semblait être un suicide qu’il mettrait les pieds dans un nid de frelons… Coté action rien à dire : pas de fioritures, on va droit à l’essentiel, il y a de rythme, ça fonce, on ne s’ennuie pas un seul instant.
Mais il manque ce petit quelque chose qui fait que je n’ai pas ressenti d’empathie ni de sympathie pour les personnages. Je vais lui laisser une chance et espérer que le personnage me convaincra davantage. Mais une petite déception quand même…
Extraits :
« Il y a trop de favoritisme dans cette maudite ville. Le problème, ce n’est pas la Camorra, c’est le chômage. C’est le favoritisme qui a baisé Naples.
– Je suis d’accord.
– Des conneries. Tu es payé pour être d’accord. Ou plutôt, tu y es obligé. Car ce commissariat est le dernier endroit qui te reste avant de devoir chercher un emploi de maçon ou de barman. Un emploi que personne n’est prêt à te donner, entre parenthèses. »
Vous entrez dans la police parce que vous vous croyez doué, ou parce que vous obéissez à une obsession ensevelie dans votre esprit. Puis vous constatez que les gens auxquels vous sauvez la vie ne vous remercient même pas et que ceux que vous coffrez gagnent cent fois, mille fois plus que vous. Alors l’argent s’empare de votre âme, il la dévore, et vous commencez à réfléchir comme un banquier ou un footballeur – sans en avoir le talent.
La ville s’était éteinte en ces journées d’août qui se traînaient comme des caravanes dans le désert.
Il savait qu’il lui fallait collaborer et refouler toute manifestation de faiblesse ou de peur. Pour sortir sain et sauf de l’épreuve, il devait montrer qu’il n’avait rien sur la conscience. Mais imaginer est une chose, prendre part en est une autre.
Répéter la même version en insistant sur les détails et en évitant de possibles contradictions pendant six heures n’est pas une mince affaire. Une infime erreur, un oubli sur un détail insignifiant, et c’est la fin.
Il n’était pas si simple d’oublier et d’aller de l’avant. On peut se relever et poursuivre son chemin d’innombrables fois, mais le souvenir demeure : c’est la seule chose qu’il est interdit de réinitialiser.
Les menaces sont une chose, deux connards qui essaient de vous éliminer en sont une autre.
One Reply to “Petrella, Angelo «Fragile est la nuit» (2020)”
Enquête inexistante, personnages vides et falots, ambiance absente, explication finale à la Christie, n’est pas Ken Bruen (surtout la série Jack Taylor) qui veut et les fameux « codes du roman noir » annoncés sont à chercher à la loupe.
Pour moi, Petrella n’aura pas de seconde chance, il y a tant d’autres auteurs à lire !