Denfeld, René «Trouver l’enfant» (2019)
Autrice : Rene Denfeld est auteur, journaliste et enquêtrice spécialisée dans les peines de mort. Elle a collaboré à The New York Times Magazine, The Oregonian et The Philadelphia Inquirer.
En ce lieu enchanté (The Enchanted, 2014) est le premier roman de cette auteure déjà primée et reconnue aux États-Unis pour ses ouvrages de non-fiction. Rene Denfeld vit à Portland dans l’Oregon.
Romans : En ce lieu enchanté (The Enchanted, 2014) – « Trouver l’enfant » (2019) – (The Child Finder-2017) – « La fille aux papillons » (2020) – (The Butterfly Girl-2019) –
Rivages janvier, 2019 – 365 pages / (poche) – 27/05/2020 – 413 pages
Résumé : L’héroïne de ce roman est une détective privée de l’Oregon spécialisée dans la recherche d’enfants disparus, surnommée » La femme qui retrouvait les enfants « . Elle-même rescapée d’un kidnapping, elle a développé une intuition et un instinct de survie hors-norme. On la suit dans ses recherches à travers les patelins et les forêts mystérieuses du Pacific Northwest pour retrouver une fillette disparue depuis trois ans.
Mon avis : Eh bien je n’ai pas eu le coup de cœur que j’espérais. Certes je ne me suis pas ennuyée une seconde, j’ai aimé la traque, j’ai été interessée par l’histoire de cette jeune femme qui recherche les enfants disparus, par ses motivations, par l’analyse de ce qu’elle vivait, ressentait, par le comportement des differents acteurs de ce drame mais j’ai trouvé l’écriture trop factuelle et vide d’émotion. C’est très dommage mais aucune empathie envers les personnages…
Mais une analyse des personnes qui ont été arrachées à leur vie d’avant, du stress post-traumatique, de la peur de se souvenir, de la peur d’aller de l’avant, la crainte de l’autre, des conséquences d’une période de séquestration, tout à fait intéressante.
Un point positif : cela m’a donnée envie d’en savoir davantage sur les Kalapuyas, leur tribu et leurs légendes..
Pour ce qui est de la référence à la petite fille de neige des contes russes, elle a été si magnifiquement évoquée dans le sublimissime livre de Eowyn Ivey « La fille de l’hiver » qu’il était difficile de faire mieux à mon avis…
Alors un avis en demi-teinte, totalement à contre-courant des échos de lecture de toutes les personnes que je connais. Cela arrive…
Extraits :
Il faut se que l’Oregon doit sa richesse au commerce du bois et des fourrures. Ce sont les marchands de fourrures et les trappeurs qui ont ouvert la piste de l’Oregon.
Cela lui fit penser à son père qui disait, à propos de sa mère avec qui il avait été marié cinquante-quatre ans avant qu’elle ne décède : Chaque jour qui passe sans que je la tue, je ne fais que l’admirer davantage.
Personne ne vous dit jamais ce qu’il faut faire quand l’amour s’éloigne. On vous conseille toujours de le capturer et de le préserver. Pas de le regarder franchir la porte pour aller mourir seul plutôt que dans vos bras.
dans le spectre qu’englobe la douleur, il est préférable pour un enfant de s’attacher à son tortionnaire que de vivre l’abysse sans fond de l’indifférence. Les enfants élevés dans des orphelinats, sans contact physique, deviennent de petits singes que le manque d’attention recroqueville sur eux-mêmes
Au moins, dans le cas d’abus sexuels, lui expliqua-t-elle, tu as quelqu’un contre qui te révolter. Les mauvais traitements sont basés sur les prémisses que l’on existe, que l’on peut même devenir objet de maltraitances. C’est déjà quelque chose.
Nul ne peut se passer de croyance : la croyance que même si le mal, dans le monde, est partout présent, un soupirant viendra nous réveiller du sommeil par un baiser ; la croyance que la petite fille s’échappera de la tour, que le grand méchant loup mourra et que même ceux dont l’âme est empoisonnée par la malveillance peuvent, lors d’une seconde naissance, être aussi innocents que la pureté même.
un homme n’est pas mort aussi longtemps qu’il n’est pas oublié.
Les fantômes ne sont que des gens qui sont morts et que nous n’avons pas retrouvés.
L’absence d’affect, le comportement inapproprié au contexte social, les difficultés d’apprentissage rencontrées, les éclats en public. Tout se tenait.
« Vous savez ce qu’il m’a dit, ce docteur ? Il m’a dit qu’on ne diagnostique pas l’autisme chez les enfants noirs, on diagnostique la méchanceté pure.
Ils s’embrassèrent et ce fut comme cela devait être depuis toujours, et soudain son cœur se remplit du bruit que faisait le vent sur les champs, sur sa joue tandis qu’elle courait, courait, sans jamais s’arrêter.
Au détour du chemin on peut trouver un secret qui moisit dans le noir tel un champignon vénéneux. Le rêve était tel un sombre démon qui traînait derrière lui des lambeaux du passé. Il était difficile de différencier ce qui était squelette qu’il fallait enterrer et trésor qu’il fallait révéler.
On ne peut forcer quelqu’un à se souvenir, pas plus qu’on ne peut le forcer à croire.
les Kalapuyas avaient toujours honoré les loups comme protecteurs des enfants.
Elle me dit que la mémoire va continuer de me revenir et que je finirai par me souvenir de tout ce que j’ai besoin de savoir, en une seule histoire continue. Elle dit que quand des gens sont retenus captifs, parfois ils oublient leur passé et se réfugient dans un monde imaginaire. Elle dit que cela fait partie de ce qu’on appelle le SPTC, qui signifie le stress post-traumatique complexe. C’est le genre de syndrome qui se produit quand les gens ne peuvent fuir les mauvais traitements auxquels ils sont soumis.