Rochat, Anne-Frédérique « Longues nuits et petits jours » (2021)

Rochat, Anne-Frédérique « Longues nuits et petits jours » (2021)

Autrice : Née à Vevey, Anne-Frédérique Rochat est comédienne et auteure de pièces de théâtre. Son premier roman, Accident de personne, est paru en 2012 aux Éditions Luce Wilquin. Suivent six autres romans, chez la même éditrice. Lauréate de plusieurs prix et bourses, Anne-Frédérique Rochat alterne désormais écriture narrative et dramatique.

Romans :  Accident de personne (2012) Le Sous-bois (2013) – A l’abri des regards (2014) – Le Chant du canari (2015) – L’Autre Edgar (2016) –  La ferme (vue de nuit) 2)016)    Miradie, (2018) – Longues nuits et petits jours (2021) – Quand meurent les éblouissements (2022)

Editions Slatkine – 08.03.2021 – 190 pages

Résumé :
À la suite d’une rupture amoureuse, Edwige passe l’été dans le chalet de montagne de son amie Anne, décidée à savourer la solitude du lieu. Mais un homme, qui se présente sous le nom de Célien, y fait son apparition. Que lui veut-il ? A-t-il été envoyé par Anne ?

Deux êtres contraints de s’apprivoiser, alors que la frontière entre réalité et fantasme se brouille peu à peu. Récit d’une disparition, ce roman questionne les différents liens qui jalonnent une existence.

Mon avis :
J’ai adoré ce livre. Je l’ai lu d’une traite, je ne l’ai pas lâché et je remercie les Editions Slatkine grâce à qui j’ai fait une très jolie découverte et qui va me pousser à découvrir d’autres livres de cette autrice suisse.
Après une déception amoureuse, quand on aime la plage et la mer et que l’on ne connait pas la montagne, est-ce une bonne idée d’aller se réfugier dans un chalet paumé au milieu de nulle part, seule et isolée, en plein été ? Un chalet qui a été prêté à Edwige par une collègue, Anne, qui est partie à l’autre bout du monde.  N’est-ce pas synonyme d’angoisse ? Quant en plus on se fait insulter par les locaux qui en veulent aux touristes qui abiment la nature, le moins qu’on puisse dire c’est que les vacances commencent plutôt mal… Et si en plus on découvre que l’on va devoir se rationner au niveau lecture (trois livres pour un mois) alors ce n’est pas loin de virer à l’horreur… Il ne reste plus qu’à converser avec les personnages des livres et les faire évoluer pour meubler la solitude, sauf que…
Dès le deuxième jour, un parfait inconnu débarque et s’invite dans le chalet… Il s’installe sans rien demander. Qui est-ce ? Pourquoi est-il là ? Que cache-t-il ? Cet homme répond au joli prénom de Célien : prénom étrange d’origine latine qui vient de caelum qui veut dire ciel. Ce prénom « Célien » , décortiqué, m’a fait penser à « ce lien » en deux mots :  Ce lien avec qui ? avec quoi ? avec la nature? le passé ? les disparus ? les événements de la vie ? avec notre moi intérieur ? Ce Célien serait- il un genre d’ange gardien?
Ce séjour s’inscrit entre rêve et réalité, comme hors du temps et de l’espace, mêle souvenirs et mystères, au point qu’Edwige ne sait plus démêler ce qu’elle vit de ce qu’elle imagine, ce qu’elle croit de ce qu’elle invente ; elle baigne dans l’irréel, cherche à se retrouver elle-même, se débat entre rêves et cauchemars, entre souvenirs et imagination. La présence de ce Célien la rassure et l’inquiète, la destabilise à la fois. Il faut impérativement qu’elle lâche prise, qu’elle se libère du poids du passé, qu’elle fasse le deuil de sa mère et de son amour déçu, qu’elle s’accepte comme elle est; mais quand elle ouvre les yeux, la nuit, ou est la frontière entre ce qu’elle ressent, ce qu’elle voit, ce qu’elle croit ?
Accepter qui on est, ce n’est pas facile à avaler, à digérer. C’est comme un repas qui ne passe pas. Il convient d’assimiler, d’intégrer pour, après un moment difficile, se relever et continuer à avancer. Il faut affronter nos démons, de la même manière qu’il faut du courage pour s’enfoncer au plus profond des forêts, au risque de se perdre, de disparaitre…

Ce livre est envoutant et j’ai beaucoup aimé me laisser embarquer dans ce voyage qui allie magie, rêve, questionnements et angoisse… Je vous invite à la poursuite du lapin blanc et à entrer en contact avec… pour savoir, il faudra lire ce livre qui m’a enchantée.

Extraits :

A croire que ses mots, avec leurs petites dents crochues, étaient restées plantées dans sa peau et continuaient d’y inoculer leur venin.

Encore juste une ligne, un passage, une page.

La mémoire gardait certains trésors intacts et vous les ressortait sans crier gare au détour d’un mot, d’une odeur, d’une image.

Il  y a des portes qu’on choisit d’ouvrir ou pas ; il y a des gens qui préfèrent la sécurité alors qu’ils auraient accès à des univers … à une puissance et un savoir qui…

Y avait-il toujours ce décalage entre l’image que l’on avait des gens et ce qu’ils étaient réellement ? Était-ce la raison pour laquelle il était si compliqué d’entrer en contact sans faux-semblants ni simagrée ?

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