Thilliez, Franck «1991» (2021)
Auteur : Franck Thilliez, né le 15 octobre 1973 à Annecy. Franck Thilliez étudie a ISEN Lille afin de devenir ingénieur en nouvelles technologies, vit à Mazingarbe, petite commune proche de Béthune dans le Pas-de-Calais. Romancier, il est également scénariste et a coécrit, avec Nicolas Tackian, les dialogues du téléfilm intitulé Alex Hugo, la mort et la belle vie inspiré du roman américain Death and the Good Life de Richard Hugo, relocalisé en Provence pour l’adaptation à la télévision.
Romans :
Série Sharko & Henebelle : Train d’enfer pour Ange rouge (2004) –La Chambre des morts (2005) –Deuils de miel (2006) –La Mémoire fantôme (2007 ) – Le Syndrome E (2010) – Gataca (2011) – Atomka (2012) – Angor (2014) –Pandemia (2015) –Sharko (2017) – Luca (2019) – 2021 : 1991 (2021)
Série Caleb Traskman : Le Manuscrit inachevé (2018) – Il était deux fois (2020) – Labyrinthes (2022)
Romans One-shots : 2002 : Conscience animale – 2006 : La Forêt des ombres – 2008 : L’Anneau de Moebius – 2009 : Fractures – 2011 : Vertige – 2013 : Puzzle – 2016 : Rêver –
Fleuve Noir – 06.05.2021 – 499 pages /
Résumé
La première enquête de Franck Sharko ! En décembre 1991, quand Franck Sharko, tout juste sorti de l’école des inspecteurs, débarque au 36 quai des Orfèvres, on le conduit aux archives où il est chargé de reprendre l’affaire des Disparues du Sud parisien. L’état des lieux est simple : entre 1986 et 1989, trois femmes ont été enlevées, puis retrouvées dans des champs, violées et frappées de multiples coups de couteau.
Depuis, malgré des centaines de convocations, de nuits blanches, de procès-verbaux, le prédateur court toujours. Sharko consacre tout son temps à ce dossier, jusqu’à ce soir où un homme paniqué frappe à la porte du 36. Il vient d’entrer en possession d’une photo figurant une femme couchée dans un lit, les mains attachées aux montants, la tête enfoncée dans un sac. Une photo derrière laquelle a été notée une adresse, et qui va entraîner le jeune inspecteur dans une enquête qui dépassera tout ce qu’il a pu imaginer…
Mon avis : Depuis le temps que tout le monde me disait : Comment ? tu as pas lu la Série Sharko … Ben voilà… je commence par le commencement … la première enquête de Sharko… et j’en ai encore11 sous le coude à ce jour…
Et bien, je sens que je vais continuer la série… J’ai tout de suite accroché et je me réjouis de retrouver Sharko et la suite de sa carrière… C’est rythmé, pas un temps mort, de l’action, un style fluide, des personnages intéressants, des sujets abordés qui me plaisent : Les traumas de l’enfance, la pédophilie, une ambiance extrêmement bien décrite, avec des flics humains et qui se respectent, même si parfois la loi est le cadet de leur soucis ! Et puis il y a la magie, les grands comme Houdini et les petits… la magie illusionniste, les tours de prestidigitation et l’autre… la magie noire, les rites vaudous, la zombification.
J’ai bien aimé aussi me retrouver plonger dans les années 1990 : sans téléphone portable, sans caméras de surveillance, des enquêtes à l’ancienne.
Et aussi les références littéraires : d’ailleurs je sens que je vais relire « Le Horla » dans les semaines qui viennent…
Extraits :
La nuit, le panneau lumineux « Brigade criminelle », au néon bleuté, donnait à l’étroit couloir vide du troisième étage du 36, quai des Orfèvres des allures de vaisseau abandonné et lugubre, d’où pouvaient surgir les fantômes des pires assassins.
Dès qu’il y a un soupçon d’intelligence dans la tête d’un criminel, ça complique les choses.
L’ombre qu’elle craignait existait bel et bien. Elle s’était immiscée dans la vie de la peintre, invisible, silencieuse, telle une brume.
Les Fleurs du mal ? Pourquoi ?
— Pour montrer qu’on peut toujours extraire la beauté du mal, même si c’est un acte extrêmement compliqué.
— Les Fleurs du mal… Et maintenant Le Horla… Le mal, encore… J’ai de vieux souvenirs de cette lecture. Le Horla, c’est un monstre imaginaire qui pompe, jour après jour, nuit après nuit, l’énergie vitale de sa victime jusqu’à la rendre folle. Delphine était traquée par une ombre. Une ombre qui est entrée chez elle sans la moindre trace d’effraction. Une ombre qui a déplacé des objets, à l’identique du Horla qui buvait les verres de lait pendant le sommeil de sa proie… […] Peut-être n’y avait-il rien à trouver, si ce n’était la référence au mal, au Horla et à sa capacité à apparaître et disparaître à sa guise, à pénétrer dans les maisons sans jamais être vu. Un parasite qui, à travers des attaques psychologiques régulières, entraînait sa proie dans la terreur et la dépendance.
le Service des archives et du traitement de l’information, situé à côté de la PJ, au 3, quai de l’Horloge, dans la tour Bonbec. Cet endroit était la mémoire du 36, le digne héritier de la salle des fiches inventée par Vidocq.
Enfin, ils atteignirent la rue des Islettes. Florence désigna le numéro 12.
— Dans ton Nord, t’as Germinal. Ici, on a L’Assommoir. C’est là que vit Gervaise dans le roman de Zola. Et le 9, juste là, c’est le fameux lavoir du bouquin. La misère à l’état pur existe, mon gars. Elle est plus que jamais présente derrière ces murs, même un siècle après Zola…
Tout en bas, des lumières scintillaient le long de la vallée ; elles ressemblaient à des étoiles tristes tombées du ciel. Il laissa la gravité entraîner sa Renault dans la pente, direction Sallanches.
L’identité sexuelle est un sujet de recherche d’une incroyable complexité, mais une chose est sûre : en allant à l’encontre du ressenti d’un enfant intersexué, on ouvre grand la porte à des suicides ou de graves maladies mentales. Celles-ci, d’ordinaire, s’installent durant l’adolescence : angoisses profondes, troubles dissociatifs de la personnalité, schizophrénies…
Vu de la Seine, le navire du 36 était à l’arrêt, presque entièrement plongé dans la froide obscurité de cette nuit de nouvel an.
Il comprit que cet endroit où il avait fourré les pieds, le 36, quai des Orfèvres, n’était pas qu’un lieu de prestige.
C’était une arène sanglante.
La fosse aux lions.
Vocabulaire :
– Ripeur : Policier le moins gradé au sein d’un groupe d’enquête – argot de la police
– Anapath : L’anatomopathologie, anatomo-pathologie ou anatomie pathologique1, informellement abrégée en « anat-patho » ou « anapath » dans le jargon des professionnels de la santé, est une spécialité médicale humaine et vétérinaire. C’est la partie de la pathologie consacrée à l’étude morphologique des anomalies macroscopiques et microscopiques des tissus biologiques et des cellules pathologiques prélevés sur un être vivant ou mort.
– Les bokors, bocors ou bòkò dans la religion vaudou sont des sorciers ou houngans (prêtres) qui louent leurs services. On dit d’eux qu’ils « servent les lwas des deux mains », ce qui veut dire qu’ils pratiquent à la fois la magie noire et la magie bénéfique