Waddell, Dan «Code 1879» – Les enquêtes du généalogiste (2010) Série Les enquêtes du généalogiste tome 1

Waddell, Dan «Code 1879» – Les enquêtes du généalogiste (2010) Série Les enquêtes du généalogiste tome 1

Auteur  : Dan Waddell, né en 1972 à Pudsey dans le Yorkshire de l’Ouest, est un écrivain britannique, auteur de roman policier et de littérature d’enfance et de jeunesse. Fils d’un célèbre animateur de télévision, Dan Waddell a travaillé comme journaliste pigiste pour de nombreux titres de presse Outre-Manche.
En 2003, à la naissance de son fils, il s’intéresse à ses origines et entame des recherches généalogiques. Il découvre un secret de famille et réalise combien le passé influe sur la personnalité. Il imagine alors une série policière autour de la généalogie, où des crimes passés viennent hanter le temps présent. .

Série : les enquêtes du généalogiste : Code 1879 (2010) – Depuis le temps de vos pères (2011) – La Moisson des innocents (2014)

Editions du Rouergue – 06/10/2010 – 280 pages / Babel noir –18.01.2012 –  361 pages – Jean-René Dastugue (Traducteur) – Titre original : The Blood Detective

Résumé : Le cadavre d’un homme poignardé et amputé des deux mains vient d’être découvert, abandonné dans un cimetière de l’ouest londonien. Lors de l’autopsie, l’inspecteur Grant Foster remarque, gravée au couteau dans la peau de la victime, une inscription énigmatique pour l’interprétation de laquelle il fait appel à Nigel Barnes, généalogiste professionnel. Alors qu’un deuxième corps est identifié comme étant l’œuvre du même assassin, leurs recherches vont les plonger dans les bas-fonds du Londres victorien et les conduire dans les méandres obscurs d’une affaire criminelle de la fin du XIXe siècle qui semble liée aux meurtres. Si leur intuition se confirme, d’autres victimes sont à redouter… Atmosphère brumeuse, suspense et humour assurent la réussite de ce premier volet d’une série originale qui interroge le passé pour mieux démasquer les monstres de notre temps.

Mon avis :

Tout d’abord je souhaite signaler que mon attention a été attirée sur ce roman par la fréquentation d’un site que je recommande tout particulièrement aux amateurs du roman historique : l’excellent « Le club du Roman historique », (présent également sur FaceBook)

J’adore toujours me retrouver dans le Londres victorien de la fin du XIXe siècle. Dans ce livre, on navigue entre deux époques, la nôtre et les années 1890 et j’aime toujours les romans qui sont ancrés dans le passé. Et pour être ancré dans le passé, nous allons être servis. Nous allons partir en compagnie du généalogiste dans les rues du Vieux Londres, faire ressurgir les endroits du passé qui ont depuis été détruits et reconstruits ou remplacés, rechercher dans les journaux de l’époque (London Evening News – Kensington News and West London Times -Chelsea Times -le Times – News of the World – Daily Telegraph )  les faits divers, les crimes, les affaires judiciaires, les procès… Passionnant de se plonger dans les archives, qu’elles soient encore sur papier ou numérisées et sur microfilm) ,ou sur Internet, en passant par Google… de se plonger dans le passé des gens, découvrir leurs origines, connaitre le secret des noms de famille (Kellogg) , découvrir les secrets de la construction du Métro de Londres

Tout commence dans un cimetière… le corps de la victime porte un tatouage étrange et un étrange numéro a été appelé depuis le portable de la victime… Comment ces deux éléments vont conduire les policiers chargés de l’enquête de faire appel à un généalogiste ? vous le découvrirez rapidement et vous ne pourrez plus lâcher l’affaire ! Plus l’enquête avance et plus le passé remonte à la surface, se lie au présent et dicte les directions à prendre… Et en plus de mettre le passé à l’honneur, ce roman éclaire d’un jour nouveau la généalogie.
J’ai apprécié cette enquête conjointe entre la police et le généalogiste. C’est la première fois me semble-t-il que je lis un roman policier dans lequel cette spécialisation est utilisée à des fins policières. Et puis j’ai bien aimé les personnages, l’humour qui se glisse dans les descriptions, l’évocation de sujets importants tels que l’euthanasie, le droit de décider de sa propre mort, la presse à scandale, la pression des médias…
Parmi les personnages, citons le généalogiste, Nigel Barnes, l’inspecteur Grant Foster en charge de l’enquête, la policière Heather Jenkins, et des personnages secondaires comme un journaliste fouille-merde Gary Kent et un collègue généalogiste, Dave Dukeworth, qui a des comptes à régler avec Nigel Barnes.
Je ne vais pas en rester là et me réjouis de lire la suite des enquêtes de cette équipe pas comme les autres.

Extraits :

Elle était intelligente et vive et il appréciait le fait qu’elle conserve son sens de l’humour même dans les situations les plus dramatiques. C’était vital pour un inspecteur de la Criminelle.

Le cimetière de Kensal Green était un de ses lieux favoris, suivi de près par le cimetière de Highgate pour sa macabre splendeur. La société victorienne savait vivre avec la mort. « Pas comme la nôtre, pensa-t-il ; maintenant, nous brûlons les gens et nous nous occupons assez peu de ce qu’il en reste.

le mobile devait être quelque chose que son esprit n’était pas encore parvenu à envisager. Qu’il devait se situer au-delà du domaine habituel du meurtre : drogue, argent, colère et jalousie.

La généalogie est un passe-temps très populaire. Le troisième sur Internet. Après le porno et les placements privés.

Elle avait la voix de quelqu’un qui se serait fait un gargarisme avec du gravier.

Ça vous va bien. Vous avez un côté rat de bibliothèque ébouriffé.

L’excitation de la chasse avait toujours constitué à ses yeux l’intérêt de ce métier, mais là, la récompense était tout autre, l’objet plus noble. Il examinait chaque document.

Il avait hâte de commencer les recherches, intrigué par ce qu’il allait découvrir. C’était cette sensation d’attente qu’il appréciait le plus dans son travail. Comme avec les patates, le meilleur d’une histoire familiale se trouvait sous la surface. En creusant suffisamment, les histoires des morts, enfouies depuis des années, pouvaient à nouveau être racontées.

S’immerger dans les recueils des journaux lui donnait l’impression d’emprunter un passage vers le passé. Dans ce lieu, il pouvait mettre de la chair sur les histoires des personnes qu’il recherchait, sur l’époque et les événements qui les avaient modelés.

Les gens de cette époque ne prenaient pas les portraits de famille à la légère.
– Je vois ça. On ne disait pas “cheese” à l’époque.
– Les gens voulaient donner une image de sérieux, de fiabilité et d’honnêteté. Ce n’est pas en souriant qu’on y arrive. »

Les gens ne veulent plus voir leurs parents ou leurs amis lorsqu’ils sont décédés. Ils se coupent de la mort.

Ces histoires sordides du passé londonien le réjouissaient. Les noirs secrets qui se laissaient entrevoir derrière la façade bien nette de la ville.

On n’efface pas le passé aussi facilement. « On peut toujours démolir, changer les noms, essayer de tout faire pour gommer les événements, le passé finit toujours par resurgir, pensa-t-il. Comme du sang à travers du sable. C’est dans l’air. Pour toujours. »

Je ne peux pas m’empêcher de penser que si nous voulons avoir une petite chance de venir à bout du présent, il faut que nous en sachions le plus possible sur le passé. Ce n’est qu’à ce moment-là que les choses deviendront claires.
– Et la psychogéographie ?
– Selon Barnes, c’est la théorie selon laquelle certains endroits portent les traces, les stigmates du passé. Et ces endroits peuvent avoir un effet sur les émotions, le comportement et les actions des gens.

Le passé est un être vivant : il est toujours là. La plupart d’entre nous l’ignorent, mais il est là. On ne peut pas l’effacer et l’oublier.

Mais le passé ne fonctionne pas comme cela. On ne peut pas l’enterrer, décider que c’est de l’histoire ancienne. Quand quelqu’un se noie en mer, cela peut prendre un temps infini avant que le corps ne soit rejeté par les flots. Personne ne sait où, personne ne sait quand. La seule chose qui soit certaine, c’est que la mer finit toujours par rendre les morts.

 

Image : Kensal Green Cemetery XIXème siècle

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