del Árbol, Víctor «Le fils du père / El hijo del padre» (2021)
Auteur Coup de coeur : (Page de présentation)
Ediciones Destino – 10. 03.2021 – 416 pages (lu en v.o.)
Actes Sud – 06.09-2023
Résumé : Mais qui est réellement Diego Martin ? Lui-même l’ignore. Un père de famille, un époux, un professeur d’université respectable. Un fils issu de l’émigration de l’Espagne rurale vers l’Espagne industrielle au cours des années soixante. Quelqu’un qui s’est fait tout seul en renonçant à ses origines, à ses racines. Un être incapable de s’affranchir de son passé, de l’ombre de son père, de la confrontation ancestrale entre la famille Patriote et la sienne. Un homme qui devient ce qu’il déteste le plus.
Le déclencheur ? Martin Pearce, un infirmier séduisant qui s’occupe de sa sœur Liria, internée dans un établissement psychiatrique depuis des années. Martin, qui de prime abord se présente comme un homme sensible, raffiné et captivé par la beauté, mais qui derrière cette apparence dissimule un autre visage que Diego va découvrir de la pire des manières.
Que s’est-il passé pour que Martin Pearce révèle son vrai visage ? Que s’est-il passé pour qu’il coupe les liens avec sa famille ? Diego se souvient encore de ce passé avec ses yeux d’enfant et comprend que le temps est peut-être venu de le voir différemment.
Pourquoi avons-nous besoin de connaître la vérité sur nous-mêmes alors que nous pouvons nous cacher derrière des mensonges ?
Mon avis :
L’auteur nous fait découvrir l’Espagne à travers une famille, sur une période qui couvre quatre générations (d’hommes principalement mais aussi des femmes) entre le XIXème et le XXIème siècle.
Le représentant principal de la dernière génération, Diego Martín, est le fils ainé de la génération actuelle. Il a fait des études, quitté le Sud, et est maintenant installé à Barcelone. Il est professeur, très bien marié et la misère de ses parents est derrière lui. Mais si le succès est au rendez-vous c’est au détriment de ses racines, de son passé…
C’est l’histoire de deux familles, celle des Martín et celle des Patriota, et de la maison qui les relie l’une à l’autre. Et aussi l’Histoire avec un grand « H » et la petite, celle des gens simples, la vie de tous les jours, la vie de la famille, les morts, ce qui fait le quotidien avec ses drames(surtout) et ses joies.
Une fois de plus l’auteur revient sur le thème des racines et une fois encore c’est une réussite. Et une fois encore c’est sombre…et cela remue jusqu’au fond des tripes… L’auteur nous a habitué à la noirceur, mais c’est noir de chez noir …
Les thèmes abordés sont nombreux, en plus de l’importance des racines ; il y a les relations homme-femme, les relations parents-enfants, l’absence de communication entre les êtres, la maladie mentale, la violence, le viol, la misère, l’amour, la haine, le non-dit, la peur, la vérité, le mensonge, les rancœurs et les non-dits, la famille, la fratrie, la différence sociale, mais au final c’est le rapport père-fils qui prédomine, comme le titre le dit. Un fils qui refuse de se reconnaitre dans le père… et pourtant… Comment se construit un enfant déraciné, un enfant sans père, même si ce père existe ?
C’est un livre que j’ai trouvé extrêmement dur. Il y a d’un coté les notes de la période actuelle, écrites par Diego depuis la prison où il croupit apres avoir tué un homme et de l’autre le récit de la vie d’avant, de la vie de son grand-père, son père, ses frères et lui-même et de sa sœur (parfois il faut réfléchir et ne pas se perdre entre les personnages, et surtout entre Martin (prénom) et Martín (nom de famille). Cela commence par un meurtre, mais c’est loin d’être le plus important… Oui il y a un meurtre… mais cela pourrait presque être secondaire, tant les autres problématiques sont plus importantes. C’est surtout un homme mal dans sa peau, qui se cherche, qui n’est pas à sa place, qui a grandi seul, désarmé. Certes il a gravi les échelons de la société, mais de fait, il n’est bien nulle part car il n’est de nulle part, comme un exilé qui n’a pas de patrie et ne peut se rattacher à rien.
J’ai retrouvé dans ce livre les autres livres de l’auteur, et surtout « Toutes les vagues de l’Océan».
Ce qui sauve ce sont les livres, la musique… J’aurais dû faire la liste des références littéraires et musicales… car elles me parlent tellement…
Il est extrêmement bien écrit comme c’est toujours le cas de Victor del Arbol qui est pour moi un auteur universel, inclassable, qui ne doit en aucun cas être étiqueté « thriller »…
Extraits : ( en espagnol et bientôt en français)
Mi vida debería haber seguido su derrotero hasta un final anodino, pero en algún momento eso cambió.
El cerrojo es una realidad tangible. Quien lo abre y cierra controla tu destino. Esa es la diferencia entre un hombre libre y un hombre preso.
—Solo somos cristales rotos, ¿verdad? Algo que no puede volver a estar entero.
Una relación de amor y de odio. Diego y su padre, dos memorias del mismo paisaje, dos niños en épocas distintas garabateando símbolos extraños en la tierra con una rama, los ojos entornados, ofreciendo el rostro al sol, con la misma sonrisa feroz, decidida, suicida. Con la certeza absoluta de que no hay más destino que el que uno se labra.
Renunció a sus raíces, inventó otra historia que contar, tejió una tela de araña donde se confundieran la fabulación y la realidad.
Los vencedores traían un nuevo método, frío y calculador, una burocracia sistemática de venganza, escarmiento y muerte. Vencer ya no era solamente imponerse, era hacer desaparecer todo vestigio del vencido. Borrarlo de la faz de la Tierra, de toda memoria y todo recuerdo. Como si nunca hubiera existido un antes.
Ojalá existiera la posibilidad de atrapar el tiempo para retroceder y cambiar las cosas, congelarlas al menos en el momento en que fueron perfectas, justo un segundo antes de que empezaran a estropearse.
—Supongo que pedirle a un hijo que sea justo con su padre es como pedirle a la luna que brille durante el día, ¿verdad?
—Lo que acabó con tu matrimonio fue la ausencia de amor, madre. Y lo que te enemistó con tus hijos no fue lo que les diste, sino lo que les quitaste.
¿Cuántas vidas cabían en una sola vida? Trataba de disimular esa extrañeza haciendo encajar todos aquellos personajes opuestos: por un lado, el hijo afligido por la muerte de su padre, por otro, el profesor y esposo obligado a cumplir con sus rutinas profesionales y familiares, el hombre fiable y un tanto anodino que todos conocían. ¿Cuánto tiempo pasaría antes de que todas aquellas personalidades entraran en conflicto? ¿Cuál se acabaría imponiendo?
—¿Cuál es tu novela preferida?
Martin no lo pensó demasiado. Se decantó por Los hermanos Karamazov .
¿Por qué?
—A primera vista parece que en esa novela Dostoievski hable del parricidio, y reconozco que en aquel momento de mi vida matar a mi padre era una idea tentadora. —A Diego le sorprendió el comentario, pero Martin le restó gravedad con una risa y un encogimiento de hombros—. Sin embargo nos está hablando de un infanticidio, ¿verdad? Ese diálogo entre dos de los hermanos, no recuerdo los nombres, cuando el mayor dice que renunciaría al paraíso si tuviera que entregar a cambio la vida de un niño inocente…
Diego observó atentamente al joven. Era una reflexión inteligente, y en el brillo de sus ojos creyó ver algo más que el deseo pueril de agradarle.
—Freud dijo que Los hermanos Karamazov es uno de los grandes tratados sobre el parricidio, junto con Hamlet y Edipo Rey .
El amor no responde a exigencias, no llega cuando se le llama sino cuando le apetece, y por más que quieras retenerlo se marcha cuando lo desea. Es una naturaleza misteriosa que viaja de la frialdad al calor, de la brutalidad al perdón, del orgullo a la humildad, de la ausencia a la presencia.
Y, sin embargo, no lograba sacudirse la sensación de que la historia de su familia era un círculo vicioso en el que todos quedaban atrapados y del que por más que quisiera nunca podría escapar. Algo así como la Tierra girando alrededor del Sol eternamente. Un puto círculo concéntrico.
Existe un secreto oscuro oculto en el corazón de todos los padres. Un momento terrible en el que el padre se siente primero amenazado y más tarde eclipsado por el hijo. Nos han enseñado que los celos y la envidia de un padre hacia su hijo no es natural, que el amor y el instinto de protección prevalecen. Que es imposible ver a un hijo como un rival. Así que cualquier padre negará sentir algo parecido, ni siquiera lo admitirá en la soledad del corazón.