Pouchairet, Pierre « Tuez-les tous mais pas ici » (2018)

Pouchairet, Pierre « Tuez-les tous mais pas ici » (2018)

Auteur : Pierre Pouchairet, né en 1957, est un écrivain français, auteur de roman policier.  Ancien commandant de la police nationale.
Il est l’auteur de plusieurs romans et essais. «Mortels Trafics»(2016) reçoit le Prix Quai des Orfèvres 2017.

Romans : – Une terre pas si sainte 2014 – La Filière afghane 2015 (prix Interpol’Art 2015) – À l’ombre des patriarches 2016. – Mortels trafics, Fayard, 2016 (prix Quai des Orfèvres 2017) – La Prophétie de Langley (coécrit avec L. Gordon) 2017 (prix Michel-Lebrun 2017) – Tuez-les tous… mais pas ici 2018  – Mort en eaux grises 2018 – – Larmes de fond 2020 – – La Consule
Série bretonne (Brest)  : – Haines 2018 – La Cage de l’albatros 2018 – L’Assassin qui aimait Paul Bloas 2019 – Avec le chat pour témoin 2019 – L’Île abandonnée 2020 – Vie et mort d’une légende bigoudène 2020 – Le Pont du diable 2021 – Du sang sur le quai 2021
Essai : Des flics français à Kaboul 2013

Plon /Sang Neuf – 18.01.2018 – 468 pages / Points Policier – 14.03.2019 – 430 pages

Résumé :
Julie Loubriac a disparu. Agée de 17 ans, ce n’est pas la première fois qu’elle se volatilise. Ses parents sont pourtant persuadés qu’il ne s’agit pas d’une simple fugue. Divorcés, ils vont unir leurs forces pour découvrir ce qui a pu arriver à leur fille. Une enquête qui va les mener de Quimper à Istanbul, en passant par la Syrie. Entre drame familial et manipulation des services de renseignements, ils vont se retrouver au coeur d’un secret d’Etat, sur fond de guerre contre le terrorisme…
Julie Loubriac a disparu. Agée de 17 ans, ce n’est pas la première fois qu’elle se volatilise. Ses parents sont pourtant persuadés qu’il ne s’agit pas d’une simple fugue. Divorcés, ils vont unir leurs forces pour découvrir ce qui a pu arriver à leur fille, qui préparait le bac. Face à l’immobilisme de la police, Martine et Louis Loubriac vont se lancer à sa recherche. Elle tient un magasin de vêtements plutôt haut de gamme.
Quant à Louis, il a presque près tout raté dans sa vie. Ex-flic, ex-journaliste, ex-époux… Parfois, il parvient à être père de famille. Il lui reste cependant une chose, sa guitare pour jouer du blues dans le bar de sa nouvelle compagne, Jennifer. Même s’il n’a pas été un grand flic, il garde quelques réflexes de l’époque. Et il va tout faire pour découvrir ce qui est arrivé à sa fille. L’affaire se corse quand il est approché par un agent de la DGSI, qui le met sur une piste surprenante…
Une enquête qui va mener le couple Loubriac de Quimper à Istanbul, en passant par la Syrie. Entre drame familial et manipulation des services de renseignements, il va se retrouver au coeur d’un secret d’Etat, sur fond de guerre contre le terrorisme…

Mon avis :

Julie a disparu. Ses parents Martine et Louis (ancien flic, ancien journaliste à la retraite) font le siège du Commissariat de Quimper mais c’est en vain. La police dit que c’est une fugue et ne s’en préoccupe pas.  Le problème de la disparition des jeunes est le point de départ du livre : fugue ? pour quelles raisons ? fugue amoureuse ? une jeune fille heureuse, normale, bien dans sa peau… Et si elle avait caché quelque chose à son entourage ? Serait-il possible que les parents ne se soient aperçus de rien ? Certes ils sont divorcés et leur vie n’est pas un long fleuve tranquille mais quand même … Et de plus le père ayant été dans la police puis dans le journalisme, il aurait remarqué quelque chose…
Au bout de deux semaines, Louis se décide à enquêter, vu que la police ne bouge pas le petit doigt…et il va contacter des anciens collègues, d’anciennes connaissances et se lancer seul (avec l’aide de son ex-femme Martine et sa compagne Jenifer) à la recherche de Julie. Cela va le mener sur la piste de jeunes français qui quittent la France direction la Syrie via la Turquie, et la remontée des filières djihadistes. Nous allons suivre le parcours de ces jeunes qui croient en une nouvelle vie… et les conséquences quand on essaie de mettre le nez dans les affaires des hommes qui organisent ses filières et dans brigades anti-terroristes.
Nous allons aussi découvrir comment les services de renseignement aident – ou pas …
Je suis sortie de la lecture de ce roman stupéfaite et en ne voulant pas croire ce que j’ai lu ! Pourvu que ce soit une fiction et non des faits dont l’auteur ait été informé lors de sa carrière dans la police.

Un roman très intéressant, qui fait froid dans le dos et se lit d’une traite. Avec des personnages qui sont bien campés et attachants tout autant qu’ils sont agaçants… Et on se dit que vu l’attitude de la police, il n’est pas étonnant que les citoyens mènent l’enquête et se sentant abandonnés par les forces de l’ordre, décident de rendre justice par eux-mêmes.

Enquête, suspense, angoisse, pression permanente, action, révélations … haletant et instructif.

Et je ne termine pas cette petite chronique sans vous rappeler le livre coup de poing de  Pascal Manoukian «Ce que tient ta main droite t’appartient» (2017) , que je conseille vivement.

Extraits :

Si encore le terrorisme ressemblait à une bande organisée style bande à Bonnot, Action directe, ou un mouvement téléguidé par un État digne de ce nom… C’était à regretter Kadhafi, Khomeini et consorts. Aujourd’hui, le terrorisme c’était quoi ? Des gamins autoradicalisés autour d’un écran d’ordinateur, des ex-taulards pris en mains durant leur séjour en prison, des gens en mal de repères attirés par des gourous de pacotille, pseudo-prédicateurs détournant le religieux en discours de haine. Finalement, des affaires multiples, allant du meurtre d’une navrante banalité, quelques coups de couteau sur une victime innocente, à des massacres plus retentissants à l’arme automatique ou à l’explosif. Et l’impression de combattre une hydre dont on n’arrivera jamais à bout. Le divisionnaire fit signe à ses collaborateurs de s’asseoir.

La France est le premier contingent européen dans les troupes de Daech et de nombreux jeunes continuent à s’enrôler.

Il avait l’impression d’avoir vécu plusieurs vies et de n’en avoir réussi aucune. À croire qu’il était programmé pour l’échec.

il avait parfois le sentiment d’être le conducteur d’un camion de nitroglycérine. La moindre erreur et tout pouvait exploser.

Il y a une filière d’immigration à Quimper que nous cherchons à identifier. Elle n’envoie pas à l’étranger que des fous de Dieu, il y a aussi des jeunes qui rêvent d’être utiles. C’est très à la mode chez nos gamins de s’occuper de toute la misère du monde.

Elle n’avait jamais été aussi présente que depuis qu’elle avait disparu.

— Des revenants !
— Oui, ceux-là voulaient retourner en France.
— C’est un danger pour nous, ces gars-là. Ils sont bien entraînés et ils ont vécu des horreurs. Fanatisés par la religion, ils sont capables de tout. On a deux catégories : ceux qui, dégoûtés par ce qu’ils ont vu, sont définitivement guéris. On pourrait presque s’en servir pour déradicaliser les apprentis djihadistes, et ceux dont le rêve est d’importer la guerre en Europe. Ils sont notre cauchemar.

Si les flics avaient changé, ce n’était pas le cas de leur clientèle. La nuit dans un commissariat, c’était un peu les urgences à l’hôpital, un semblant de cour des miracles.

Le journaliste y était allé d’une petite tirade sur la montée de l’insécurité dans le centre-ville la nuit. Même si rien n’était prouvé, c’était toujours vendeur. Important de faire plaisir au lecteur.

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