Foenkinos, David «Numéro deux» (2022)

Foenkinos, David «Numéro deux» (2022)

Auteur : né le 28 octobre 1974 à Paris, romancier, dramaturge, scénariste et réalisateur français.

 

Gallimard – 06.01.2022 – 240 pages

Romans :  Inversion de l’idiotie : de l’influence de deux Polonais, 2002 – Entre les oreilles, 2002 – Le Potentiel érotique de ma femme, 2004 – En cas de bonheur, 2005 – Les Cœurs autonomes, 2006 – Qui se souvient de David Foenkinos ?  2007 – Nos séparations, 2008 – La Délicatesse, 2009 – Lennon, 2010 – Les Souvenirs, 2011 – Je vais mieux, 2013 – La Tête de l’emploi 2014 – Charlotte, 2014 – Le Mystère Henri Pick, 2016 – Vers la beauté, 2018 – Deux sœurs, 2019 – La famille Martin, 2020 – Numéro deux, 2022

Résumé : « En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre. Des centaines d’acteurs furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce roman raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi. »

 

Mon avis :

J’ai bien aimé mais sans plus.
Oui l’idée de départ est sympa … Comment se relever quand on nous a fait miroiter le graal et qu’au final c’est un autre qui est choisi ? Et quand on a tous les jours (ou presque) la représentation de son rejet devant les yeux… Pas facile… Puis on réalise qu’il y a plein de non choisis autour de soi…
Evidemment ce n’est pas facile de se remettre de cet échec, même si on avait tout pour réussir. Comment relativiser, se relever ? Surtout si la vie est mal faite et que plus les années passent et plus la vie nous identifie à notre malheur…
Il y a une grande partie du roman qui plante le décor : la « naissance d’Harry Potter », la vie de son autrice.
Et puis la vie de Martin Hill, le pauvre gamin qui s’est vu dans le rôle d’Harry Potter au cinéma, qui a été à bout touchant de l’obtenir et qui s’est fait souffler le rôle par Daniel Radcliffe. Et comme si cela ne suffisait pas à le perturber, la vie ne lui a pas fait de cadeau…
Aura-t-il la force de se relever ? Comment ? Vous le saurez en lisant ce court roman

Extraits :

sans trace physique du bonheur, on réduit le risque d’être ultérieurement submergé par la nostalgie.

À dix ans, il avait déjà compris qu’une des différentes façons d’être heureux consiste à modifier le réel. Cette même réalité qu’on peut également fuir par l’imagination, ou les images que fait naître la lecture.

On associe toujours le hasard à une force positive qui nous propulse vers des moments merveilleux. De manière étonnante, sa version négative est très rarement évoquée, comme si le hasard avait confié la gestion de son image à un génie de la communication. La preuve : on dit communément que le hasard fait bien les choses, ce qui occulte totalement l’idée qu’il peut tout autant mal les faire.

Il y avait un ingrédient universel dans ces pages. Harry Potter était notre part de rébellion, notre désir de posséder des pouvoirs pour éradiquer les cons, notre rêve d’une vie meilleure.

Il avait éprouvé une telle connivence avec les personnages, comme s’il était possible de devenir ami avec des êtres de fiction.

il avait hérité d’une forme d’incompatibilité au réel, d’une aisance dans le monde imaginaire.

La lettre est une conversation à sens unique.

Autant adoucir la déception de qui s’est rêvé océan en lui offrant d’être une goutte d’eau.

La vie n’a pas de marche arrière. Il avait manqué sa chance, et devait maintenant affronter l’avenir avec ce naufrage.

« Quand on tombe de cheval, il faut remonter aussitôt. » Il tenta même un peu d’humour en ajoutant : « Quand on tombe de cheval, il faut remonter sur un dauphin. »

Toute vie humaine est, à un moment ou un autre, gâchée par une autre vie humaine.

Son échec est pire qu’un échec, car tout le monde en a connaissance. Toute sa vie, il sera en permanence confronté à ce qu’il a manqué.

Au sortir de la gare, elle fut assaillie par des dizaines d’images, comme si les souvenirs attendaient sagement aux frontières.

C’est grâce à l’échec que cet homme est devenu meilleur. On ne rate pas sa vie, on la recommence…

Elle essayait de lui changer les idées, mais ce n’était pas simple. On ne change pas les idées de quelqu’un comme on change l’eau d’un vase.

Martin avait longtemps pensé qu’il souffrait à cause de la victoire de l’Autre, mais c’était sa propre défaite qui le hantait. Il avait passé une décennie à se mésestimer, à imaginer que sa vie était ratée car il était un raté.

Il était préférable de rester dans l’ombre plutôt que de frôler la lumière. L’amertume en était décuplée.

Vient une heure dans la nuit où l’heure n’existe plus.

Rencontrer quelqu’un, c’est se permettre d’exister à nouveau sans son passé. On se raconte comme on veut, on peut sauter des pages, et même commencer par la fin.

Ce qui est violent dans l’échec, c’est d’avoir perdu la maîtrise de son destin. C’est la soumission à la décision de l’autre.

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