Bowen, Peter « Le pas du loup » (2002 ) 254 pages

Bowen, Peter « Le pas du loup » (2002 ) 254 pages

Auteur : De nationalité américaine, né à Edmonton, dans la province canadienne d’Alberta en 1939 – mort le 10.04.2020 , Peter Bowen se dirige très tôt vers des études littéraires. 

10/18 – 03.10.2002 – 254 pages (Wolf, No Wolf) traduit par Carole d’Yvoire

Série : Les enquêtes de Gabriel du Pré  : La Montagne blessée – La maison du coyote – Le pas du Loup – L’Odeur de la mort – La Terre écorchée 

Résumé:
La petite ville de Toussaint est depuis quelque temps le théâtre de violentes querelles entre les défenseurs des loups, qui souhaitent leur réinsertion dans leur environnement naturel, et les éleveurs de bétail de la région, qui voient dans ce projet une véritable menace pour leurs troupeaux. L’affrontement tourne bientôt à la lutte armée, et deux touristes sont tués. Devant l’impuissance des forces de l’ordre, Gabriel Du Pré encourage son ami le millionnaire Bart à prendre l’étoile. Mais une succession de morts suspectes poussent bientôt Gabriel Du Pré, devenu shérif adjoint, à intervenir. Associé à Corey Banning, un agent du FBI, et toujours avec l’aide de sa compagne Madelaine et de son vieil ami indien Benetsee, le Métis mène l’enquête et découvre bientôt qu’un de ses proches pourrait bien être l’auteur de ces meurtres…

Mon avis : Bienvenue dans le Nord-Ouest américain, plus précisément le Montana. J’ai fait la connaissance de Gabriel du Pré, un indien métis à la fois contrôleur de bétail, adjoint du shérif , violoniste, qui boit franchement du whisky et de tout le petit  monde qui gravite autour de lui : j’ai beaucoup aimé les personnages. Des hommes et des femmes vraies, authentiques, complexes.

Au centre du roman la problématique de la réintroduction du loup ( qui est plus que jamais actuelle) , l’éternel combat qui oppose les habitants du lieu (éleveurs)  » et les écologistes qui veulent les chasser de leurs terres au nom de la sacro-sainte protection de la nature. La nature qui est un élément important et qui est extrêmement présente dans le récit. Il ne faut pas oublier que les Metis sont sur ces terres depuis 1700 et n’entendent pas se faire déloger par des gosses de riches qui jouent aux écolos.
Tout commence par la découverte de deux de ces écologistes, retrouvés morts dans leur voiture… Mais ce crime dépasse les compétences locales et il va être traité au niveau national. On envoie le FBI enquêter sur place et ce n’est pas du goût des locaux! Mais quand on finit par se retrouver avec 16 morts…
Surtout qu’il est évident que le meurtrier est un gars du coin – ou plusieurs – , qui ne veut pas que les conditions de vie traditionnelles soient remplacées à cause de l’envie de citadins de transformer leur territoire d’élevage en parc à touristes ! Et que les locaux sont prêts à tuer hommes et loups réintroduits pour chasser ces empêcheurs de tourner en rond!
Entre les conditions météorologiques épouvantables (tempête, blizzard) , les journalistes et les manifestants écologiques, les habitants de la vallée et les forces de l’ordre… tout n’est pas simple !

Comment concilier la recherche de la vérité, l’amitié avec les habitants, l’apaisement, la protection des touristes et celle des hommes qui habitent la vallée.. Bon courage Gabriel du Pré.

J’ai plongé récemment dans l’Ouest Américain  de Sylvie Brieu « L’Âme de l’Amérique » (RL2022)  et je suis retournée dans le Montana avec plaisir.

Extraits:

On n’élève pas notre bétail pour nourrir vos fichus loups et pour que des salauds de Californiens puissent venir s’amuser dans le Montana. On l’aime comme il est, notre Montana, et ça fait une centaine d’années qu’on est là.

— Ces gens, ils pensent qu’à jouer, dit Benetsee.
— Oui, acquiesça Du Pré.
— Donc la terre les hait. Je n’ai jamais senti ça avant. La haine de la terre.

— M’avez-vous déjà expliqué ce que sont les Métis ?
— Des voyageurs, français, écossais, irlandais, tous catholiques, arrivés avec les Soutanes Noires. Des coriaces, ces jésuites. Les voyageurs* ont épousé des Indiennes et ont fait des petits Métis. Certains vivaient sur des réserves, d’autres non, la plupart sont partis. L’Amérique s’est faite ainsi, en général. Les Indiens nous traitaient de Blancs, les Blancs d’Indiens. La paix régnait grâce à nous, on prenait les merdes de tout le monde.

Mais nos politiciens estiment que de stupides gosses de riches se découvrant une passion pour l’environnement ont plus de valeur que des éleveurs remontant à six générations dont toute la vie est liée à la terre. Les gens qui sont ici depuis un siècle ou plus sont très indépendants. Ils ne sont pas simplement contrariés quand des étrangers se mêlent de leurs affaires. Ils ne le tolèrent pas du tout. 

— Vous vivez dans cette région un certain temps, vous marchez dessus, vous l’écoutez parler, vous écoutez tous ceux qui la peuplent – les rochers, les arbres, les quatre pattes, les six pattes, le peuple ailé –, vous devenez indien. 

Vous le savez aussi bien que moi, l’Ouest profond va mourir, notre merveilleux gouvernement est en train de le tuer. Ils aiment bien faire ça avec les cultures minoritaires, ils l’ont fait avec les Indiens et maintenant c’est notre tour, mais c’est ainsi que l’histoire avance. 

Je connais tout le monde ici, tous ces visages me sont familiers, songea-t-il. Le coupable est l’un d’entre vous. Si je fais une liste, écris les noms, les élimine un par un, il se passera quelque chose, un déclic, et je saurai avant de savoir. Je le trouverai, il faut juste que je le flaire.

Comme un coyote. Le coyote cherche toujours ce qui ne va pas. Un piège ici, un cercle qui ressemble à l’œil d’un truc à manger. Je piste comme ça, moi aussi. Je cherche ce qui n’est pas à sa place.

Fiston, ici ce sont des garçons du Montana et du Wyoming. Tu leur demandes de faire quelque chose, ils le feront probablement. Tu le leur ordonnes, ils te tueront.

— Avant qu’on en ait fini, nous allons découvrir des choses sur nos voisins que nous regretterons d’avoir apprises.

Vous pouvez prendre cette terre, mais alors vous lui appartenez, songea-t-il. Vous vivez un peu ici, elle pénètre dans votre sang, vos os, votre moelle, et vous ne faites plus qu’un.

Une chanson finit, oui, mais pas la musique, jamais.

On triche tous les deux plutôt bien, alors on est à égalité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *