Grebe, Camilla «L’archipel des larmes» (2020) 571 pages

Grebe, Camilla «L’archipel des larmes» (2020) 571 pages

Autrice : Détentrice d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’École d’économie de Stockholm, elle fonde la maison d’éditions Storyside, spécialisée dans le livre audio. Elle y cumule les fonctions de directrice du marketing et de directrice générale, puis dirige une société de conseil.

En 2009, elle écrit, en collaboration avec sa sœur Åsa Träff, une psychiatre, « Ça aurait pu être le paradis » un roman policier qui se déroule dans le milieu des cliniques psychiatriques.

Série :  Les enquêtes de Hanne Lagerlind-Schön « Un cri sous la glace » son premier roman en solo sort en 2017 ; en 2018 elle publie « Le Journal de ma disparition » (Prix du meilleur roman policier suédois en 2017, le Glass Key Award qui couronne le meilleur polar de tous les pays nordiques réunis en 2018 et le Prix des Lecteurs du Livre de Poche en 2019). «L’ombre de la Baleine » parait en 2019 , suivi de « L’Archipel des larmes » qui a lui aussi remporté le Prix du meilleur roman policier suédois en 2019, et plus exceptionnel encore, à nouveau le Glass Key en 2020.

Elle publie « L’horizon d’une  nuit » en 2022 et « L’Enigme de la Stuga » en 2023 (Grand Prix des lectrices de ELLE Policier 2023)

Calmann-Lévy – 26.02.2020 – 464 pages – Livre de Poche – 03.02.2021 – 571 pages

Résumé : 

Trop de larmes ont coulé sur l’archipel de Stockholm 

Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol. Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort. Dans les années quatre-vingt, le meurtrier récidive mais ce n’est qu’aujourd’hui que des indices refont surface. Britt-Marie, Hanne, Malin… A chaque époque, une policière se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s’avérer dévastatrices. 

L’Archipel des lärmes, magistralement construit, nous fait traverser les décennies suédoises en compagnie de femmes hors du commun, avides de justice, et déterminées à arrêter un monstre.

Mon avis:

Trop longtemps que je l’avais dans la pile !!! Coup de coeur. Décidément les suédois savent placer des enquêtes passionnantes dans un contexte social qui interpelle et qui est savamment documenté. Carton plein. 
Un livre qui met en scène des femmes qui ont toutes les peines du monde à se faire une place dans un monde d’hommes (et même de femmes ) pour qui le travail passe avant tout ( surtout les gosses et les obligations familiales) . Des femmes qui luttent alors que la société est supposée s’ouvrir aux femmes. On a beau parler d’égalité… on en est loin.. Comment imaginer une femme policière, allant sur le terrain… mais on rêve!!! Vous les voyez dans un monde d’hommes, celui de la police. Ce livre parle de discrimination, de violence faite aux femmes, de femmes engagées et volontaires, et nous brosse le portrait d’une époque interessante, en pleine mutation, tout en nous plongeant en plein suspense, dans une enquête qui se déroule sur plus d’un demi-siècle. 
S’affirmer comme femme compétente est déjà difficile, alors en plus une femme seule avec un enfant… on est soit une bonne à rien, soit une trainée… 

1944, 1974, les années 80, de nos jours… des femmes sont tuées de la même manière, dans le même quartier… un tueur en série? Un seul? Car comment pourrait-il opérer pendant un laps de temps aussi long? « L’Assassin des bas-fonds » va occuper quatre équipes de police, et dans chaque équipe il y a une femme : Elsie, Britt-Marie, Hanne, Malin … Je vous invite à les suivre dans leur quotidien, tant au travail que dans leur environnement social et familial. Les pièges sont partout, l’ambiance glaciale, le suspense au rendez-vous de manière permanente.

Extraits:

Le manque la ronge la nuit, essaie de la mordre le jour, comme une bête mesquine qui s’est installée chez elle sans son consentement.

Elle se rappelle également qu’au début de sa première affectation dans le maintien de l’ordre, elle était nerveuse et mal à l’aise, avant de se faire à l’idée que les hommes en uniforme ne sont que des hommes sans uniforme, revêtus d’un uniforme.

La grande ombre du passé s’allonge comme toujours beaucoup plus loin que l’événement qui la projette. Bien que les années s’écoulent, les plaies ne se referment jamais tout à fait et le mal se propage inexorablement dans l’espace et dans le temps.

Par ailleurs, ses origines bourgeoises lui ont donné cette confiance naturelle qui ne peut jamais vraiment s’acquérir. C’est une sorte d’armure dans laquelle elle peut se mouvoir avec un calme apparent dans toutes les couches de la société.

Elle est cruelle, elle le sait. Mais tout ce qu’elle ressent, c’est la satisfaction exubérante qui se diffuse dans ses veines comme l’ivresse. Et comme l’alcool, elle a envie d’y goûter à nouveau.

La vie continue, c’est tout ce qu’elle peut faire.

Malin regarde les étoiles. Sa mère disait souvent qu’elles sont de minuscules orifices à travers lesquels on aperçoit l’éclat du paradis.

les ténèbres sont si profondes, si étouffantes qu’elles engloutissent les mots. L’obscurité est une mer ; les mots sombrent, font naufrage.

Nous exerçons notre pouvoir sur tous ceux qui représentent une menace, parce que nous le pouvons, et nous le voulons.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *