Fergus, Jim « May et Chance » (2022) 320 pages (Les journaux de June Wolf Hadley) tome 4 de « Mille femmes blanches »

Fergus, Jim « May et Chance » (2022) 320 pages (Les journaux de June Wolf Hadley) tome 4 de « Mille femmes blanches »

Auteur : Jim Fergus est né à Chicago en 1950 d’une mère française et d’un père américain. Il vit dans le Colorado. Journaliste réputé, il écrit des articles sur la gastronomie, la chasse, la pêche et la nature dans les magazines Newsweek, The Paris Review, Esquire Sportmen, Outdoor Life, etc. Il est l’auteur de deux ouvrages consacrés à ses souvenirs, Espaces sauvages (2011) et Mon Amérique (2013), qui a reçu en 2013 le prix François Sommer, prix littéraire de la fondation du même nom récompensant des ouvrages portant les valeurs de l’écologie humaniste.
Son premier roman « Mille femmes blanches » (2000), salué par l’ensemble de la critique américaine et dont les droits ont été achetés par Hollywood, s’est vendu à plus de 400 000 exemplaires en France. Après La Fille sauvage (2004), Jim Fergus a publié Marie-Blanche (2011), Chrysis (2013, repris chez Pocket sous le titre Souvenir de l’amour), Mon Amérique (2013) – La Vengeance des mères (2016) et Les Amazones(2019) et May et Chance(2022)  (Les journaux de June Wolf Hadley) ( la suite de Mille femmes blanches) .
Tous ces ouvrages ont paru au Cherche Midi éditeur et sont repris chez Pocket.

Le Cherche-Midi – 03.11.20122– 320 pages – Jean-Luc Piningre (Traducteur)

Série : Mille femmes blanches (Les carnets de May Dodd) – La Vengeance des mères (Les journaux de Margaret Kelly et de Molly McGill) – Les Amazones (Les journaux perdus de May Dodd et de Molly McGill, édités et annotés par Molly Standing Bear) – May et Chance (Les journaux de June Wolf Hadley)

Tome 4 : May et Chance – Les journaux de June Wolf Hadley

Résumé : 1875. Du fait de son mode de vie anticonformiste, May Dodd, jeune femme de la bourgeoisie de Chicago, est séparée de ses enfants avant d’être enfermée par sa famille dans un asile. Sa seule façon de s’en sortir : rejoindre un convoi de femmes blanches destinées à épouser des guerriers cheyennes. Devenue l’épouse du chef Little Wolf, May prend fait et cause pour les Indiens face aux traîtrises du gouvernement. 

1877. May quitte le camp des Cheyennes pour Chicago, où elle espère retrouver ses enfants. L’accompagnent dans ce long voyage son amant, Chance Hadley, un jeune Cheyenne, Horse Boy, et sa compagne de toujours, Martha Atwood. Après bien des péripéties, la petite troupe arrive enfin dans la métropole, où elle va devoir s’adapter à un mode de vie radicalement différent. Pour May et les siens, l’aventure se conclura en 1889 en France, d’abord à Paris au moment de l’Exposition Universelle, puis en Camargue, dans des circonstances que rien n’aurait pu laisser présager.

Avec May et Chance, Jim Fergus retrace le parcours captivant d’une héroïne hors du commun. On y retrouve toute l’empathie et le sens du romanesque qui ont fait le succès de Mille femmes blanches .

Mon avis:

Quel plaisir de retrouver May Dodd, qui avait quitté Chicago en 1875… Trois ans plus tard, elle part retrouvé son monde, le monde civilisé, pour reprendre ses deux enfants, qui lui ont été enlevés de la manière la plus ignoble.! Chicago :  May et Chance vont retourner… Ou plutôt des que May va entrainer Chance – son nouveau mari – et Mo, un jeune indien qu’elle a pris sous son aile… Le retour sera rude… bien plus rude que la vie en terre indienne…
May va avoir se déguiser en indienne pour que son père ne soupçonne pas son retour, et fuir pour sauver sa peau… Mo sera rejeté par les blancs mais adopter par les Noirs, et il va jouer du baseball.
Dans ce journal de vie,  May parle de superstitions (les Indiens sont extrêmement superstitieux) de traditions, de haines ancestrales (les Comanches et les Cheyennes sont ennemis depuis des siècles), du parcage des Indiens dans des réserves, du voyage pour regagner Chicago et du voyage pour en repartir, de leurs rencontres, dont  celle avec un certain Bill Cody, qui monte un spectacle sur l’Ouest Américain, le Wild West Show »; il y joue le personnage de Buffalo Bill ( le personnage et le Wild west Show de Buffalo Bill  ne sont pas des inventions : le spectacle « de cirque » avec cowboys et indiens a effectivement existé)
Ce roman parle aussi de relations familiales, et surtout d’amour! 

J’ai beaucoup aimé mais cela n’a pas été jusqu’au coup de coeur. Moins historique que les précédents, mais je suis très contente d’avoir suivi May (devenue June) jusqu’à son retour à la civilisation… 

Extraits:

Être décédée présente certains avantages. Ou, plus exactement, être présumée disparue. On se donne le luxe de parcourir le monde comme un fantôme – invisible, anonyme, telle une toile vierge sur laquelle créer un personnage entièrement nouveau.

Lorsqu’on vit un certain temps chez les Indiens, on finit par croire à quantité de choses improbables…

Certes, j’ai l’impression qu’il me manque un membre quand je ne peux pas coucher les événements sur le papier, aussi anodins soient-ils. 

Ce sont souvent les amours contrariées qui nous hantent, celles qui n’ont pas eu la chance de s’épanouir.

— C’est ce que les Blancs appellent la destinée manifeste, mon ami. La mission divine qui leur donne, croient-ils, le droit de chasser les natifs de leurs terres, de les abattre ou de les emprisonner, de s’approprier leur pays et d’en faire ce qu’ils veulent.

Ni les Comanches ni les Cheyennes ne sont humbles ou faibles, remarque-t-il. Il se trouve que les Blancs sont plus nombreux et mieux armés. La race la mieux outillée hérite de la terre, voilà. Cela a toujours été comme ça, non ?

Mais cela me réjouit qu’il trouve une place parmi ces jeunes qui le respectent comme un des leurs. Ils en savent plus long sur l’exclusion que n’importe qui, à l’exception, peut-être, des Indiens américains… En quelque sorte, ces gars et leurs familles forment une nouvelle tribu pour Mo qui, comme eux, ne sera jamais accepté par les Blancs.

Cela tient au fait que les langues indigènes sont seulement orales. Quand les Cheyennes rencontrent une autre tribu, qui ne parle pas la leur, ils utilisent le langage des signes, purement visuel, qui ne comporte pas d’adjectifs.

Il est naturel que, dans un journal, nous écrivions pour nous-mêmes et que nous y parlions surtout de nous.

Quand j’étais petite, à l’école, j’aimais bien qu’à la fin d’une leçon on me demande d’effacer le tableau noir. Aujourd’hui adulte, j’y vois une juste métaphore de l’existence.

Les Cheyennes croient que tout ce qui a lieu quelque part y reste enfoncé dans la terre, et j’ai fini par le croire aussi.

— Elle n’est pas si pimentée que ça, cette salsa. Je n’aurais pas détesté un peu plus de jalapeños, dedans. En tout cas, l’eau n’a aucun effet, ma chérie. Il faut mordre un citron pour que ça passe.

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