De Giovanni, Maurizio « Nocturne pour le Commissaire Ricciardi » (2022) 384 pages (Série Ricciardi tome 9)

De Giovanni, Maurizio « Nocturne pour le Commissaire Ricciardi » (2022) 384 pages (Série Ricciardi tome 9)

Auteur : Banquier, il remporte en 2005 le prix national Tiro Rapido avec la nouvelle I vivi e i morti (Les vivants et les morts) qui servira de base au L’Hiver du commissaire Ricciardi (Il senso del dolore. L’inverno del commissario Ricciardi), publié en 2007. Depuis, auteur de plusieurs romans policiers se déroulant à Naples, il partage un temps sa vie entre ses occupations professionnelles à la banque et l’écriture. La série ayant le commissaire Ricciardi pour héros compte une dizaine de titres.
Il est également devenu commentateur des grands journaux nationaux et de productions au théâtre. Grand sportif et partisan de l’équipe de football de Naples, il publie plusieurs ouvrages sur son équipe. Il travaille maintenant pour des journaux de sa ville natale et est régulièrement invité par le réseau des sports de la Rai.
En 2012, il fait paraître La Méthode du crocodile (Il metodo del coccodrillo), lauréat du prix Scerbanenco et premier roman d’une série consacrée aux enquêtes du commissaire Lojacono. En janvier 2017, la Rai 1 diffuse I bastardi di Pizzofalcone, une mini-série en 6 épisodes réalisée par Carlo Carlei, avec Alessandro Gassmann dans le rôle du commissaire Lojacono.

Série : Commissaire Ricciardi (Naples 1931) –
Page sur la série Les enquêtes du Commissaire Ricciardi : (
voir article) 

Editions Rivage/Noir – 05.10.2022 –384 pages – Serenata senza nome. Notturno per il commissario Ricciardi (2016) – traduit par Odile Rousseau

9ème enquête

Résumé : Quinze années se sont écoulées depuis que Vinnie Sannino a émigré en Amérique. Là-bas, il a réussi et est devenu champion du monde de boxe dans la catégorie des poids moyens. Mais son dernier adversaire, un boxeur noir, est mort par sa faute. Il est rentré chez lui pour retrouver un amour jamais oublié, Cettina, la jeune fille qui avait pleuré lors de son départ. La vie a continué pour elle aussi : elle est maintenant femme et épouse. 

Veuve aussi, parce que son mari est retrouvé mort. Quelqu’un l’a assassiné en l’achevant d’un coup à la tempe, semblable à celui, qu’un soir maudit, Vinnie a donné sur un ring.Pour le commissaire Ricciardi commence une longue semaine sous la pluie napolitaine.

Mon avis:

Quel plaisir de retrouver le commissaire Luigi Alfredo Ricciardi, baron de Malomonte, le brigadier Maione, Bambinella, et bien sûr Enrica… dans la ville de Naples pendant les années 1930.
Un Commissaire obligé de sortir dans le monde, d’assister à des réceptions, de se montrer aux bras des femmes, d’une en particulier, Bianca, une créature somptueuse suite au mauvais tout que lui a joué Livia, son ancienne amante.
Une série que j’aime pour ses personnages (dont il fait suivre la vie et donc il FAUT lire la série dans l’ordre) , pour les intrigues et pour l’ambiance.
Deux problèmes dans ce roman : le problème principal, celui qui concerne le meurtre du mari d’une jeune femme, Cettina, meurtre qui coïncide avec le retour au pays de son amour de jeunesse, Vinnie Sannino qui l’avait conjurée de l’attendre pour fonder une famille et qui tardera 15 ans avant de refaire surface. Quand il revient, il est Champion du monde de boxe, le joyau de l’Italie pour le Duce, mais… comme il a décidé de raccrocher les gants, il est tombé en disgrâce et tout le monde politique rêve de l’abattre. Il est le coupable tout désigné, mais Ricciardi est loin d’en être convaincu…
Et le deuxième, qui concerne Malone et Bambinella qui est au désespoir  et nous permet d’en apprendre un peu plus sur  l’enfance de Rafe’ (Maione) et les enfants qu’il fréquentait à l’école, l’ami d’enfance avec lesquels il jouait..
Sans oublier la relation non-dite entre le Commissaire et Enrica; ils sont toujours soudés l’un a l’autre de loin et on se demande bien si ce tome sera celui du rapprochement entre ces deux êtres.
Enfin on ne peut s’empêcher d’admirer la similitude des souffrance de Ricciardi et Sannino, le tout sur un fond de sérénade. 

Extraits:

La magie présente dans le langage de ce rite l’avait toujours frappé. Il est juste de dire que la sérénade « se porte » et non se chante. Elle se porte. Parce qu’elle est un message. Comme une lettre écrite sur une feuille couleur crème avec une longue plume d’oie, confiée à la musique plutôt qu’à la poste.

Il n’était pas parti pour ne pas être envoyé au front, mais pour fuir le manque d’espoir. L’Amérique, c’était comme miser au loto, une illusion de richesse.

Lui qui écoutait la souffrance des morts et ne comprenait pas les vivants.

Les gens comme nous, on se rencontre et on se tient un peu compagnie. Pour s’aimer vraiment, il faut aller bien, et les gens comme nous, on va jamais bien.

L’amour est un dieu perfide. À certains moments, j’aurais préféré que tu me haïsses. La haine est toujours une émotion chargée de couleur, pas comme l’affection qui n’est que de l’aquarelle. Mais désormais, mon amour s’est cristallisé en une cathédrale de verre ; je n’ai pas de regrets, c’est la plus belle chose que j’ai réussi à construire en moi. 

Nous ne pouvons pas l’arrêter sous prétexte que ses vêtements sont sales et déchirés. Dans ce cas, la moitié de la ville serait en prison.

La nuit, tu sais, soit on dort, soit on rêve, soit on est réveillé mais on rêve également. C’est pendant la nuit que nous nous retrouvons face à nous-mêmes, et c’est pendant la nuit qu’il n’y a pas d’excuses. Si je t’envoie un message la nuit, tu ne peux pas choisir de l’écouter ou non. Tu dois accueillir mes paroles et t’en laisser imprégner. Pour cela, une sérénade a besoin de la nuit.

La sérénade est notre nocturne. Sauf que les nocturnes, ces musiques très douces et sans paroles pour le piano, sont à peine une plainte, tandis que les sérénades sont un cri de désespoir.

Celui qui est au milieu de sa vie espère une réponse. Celui qui est à la fin de sa vie sait que la réponse, peut-être, n’arrivera jamais. Voilà la différence.

Désespoir et solitude. Désespoir, solitude et amour. Les sentiments qu’il recueillait chaque jour et qu’il gardait en lui.

si le cœur grandit autour d’une personne, la place ne se libère pas

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