Fforde, Jasper « L’Affaire Jane Eyre » (2004) 410 pages (Série Thursday Next – tome 01)

Fforde, Jasper « L’Affaire Jane Eyre » (2004) 410 pages (Série Thursday Next – tome 01)

Auteur: Jasper Fforde, né le 11 janvier 1961 à Londres, est un écrivain britannique qui vit au Pays de Galles, à Hay on Wye, petit village paisible du Pays de Galles qui abrite trente librairies. 

Son premier roman, « L’Affaire Jane Eyre« , a essuyé 76 refus d’éditeurs avant d’être finalement accepté et publié par Penguin. Le livre a connu, dès sa sortie, un grand succès. L’auteur y raconte l’histoire d’une héroïne nommée Thursday Next qui travaille à la section de la brigade littéraire. Son rôle est d’empêcher les méfaits dont les cibles sont les livres, ou d’enquêter sur eux. Un métier bien tranquille, voire ennuyeux, jusqu’à ce jour où un terrible meurtrier kidnappe Jane Eyre, l’héroïne de son roman fétiche.

Série Thursday Next:
L’affaire Jane Eyre – Délivrez-moi – Le puits des histoires perdues – Sauvez Hamlet! – Le début de la fin – Le Mystère du hareng saur – Petit enfer dans la bibliothèque – The Locked Room Mystery Mystery (nouvelle)
Série La Tyrannie de l’arc-en-ciel:
La Route du Haut-Safran
Série Jennifer Strange : Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons – Jennifer Strange, dresseuse de Quarkons – The Eye of Zoltar, (non traduit) 

Fleuve noir – 08.04.2004 – 387 pages / 10/18 – 19.05.2005 – 410 pages (traduit par Roxane Azimi) 

Résumé:

Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu’une brigade spéciale a dû être créée pour s’occuper d’affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l’origine des plus folles inventions, on a parfois envie d’un peu plus d’aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l’héroïne du livre fétiche de Thursday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d’une fin certaine…
 » Au croisement du roman policier et de l’uchronie déjantée, Jasper Fforde signe un ouvrage jubilatoire.  » Le Monde des livres.

Mon avis:

J’ai découvert cet auteur grâce à l’émission « Les carnets de route » de François Busnel. Cet auteur mêle polar, fantastique, absurde, science-fiction et littérature (Il y a un grand nombre de romans de la littérature britannique cités ! Je ne les connais pas tous ! De loin pas ! Et je me dis que j’aurais dû relire « Jane Eyre » de Charlotte Brontë  et découvrir le Dickens « Martin Chuzzlewit » pour apprécier peut-être encore davantage ce roman. Les références sont des clins d’oeiuls … Le Bar a pour nom «Le chat du Cheshire » (référence à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll) J’ai lu quelque part qu’il se situait à la frontière entre le thriller littéraire et le conte fantastique.
J’ai plongé dans le roman et j’ai été transportée dans un autre monde. Les personnages sortent des romans et les humains y entrent… Certains avec de bonnes et d’autres de mauvaises intentions. On y parle littérature et on se promène dans une réalité géo-politique quelque peu manipulée, avec une Angleterre toujours en guerre de Crimée dans les années 1980… et les distorsions ne s’arrêtent pas là; le père de Thursday en est la preuve vivante, lui qui voyage dans le temps.
Thursday Next (Jeudi prochain) travaille pour Le Service des Opérations Spéciales (OpSpecs), une organisation indépendante de la Police et très spécialisée. Il y a 30 niveaux dans la Hiérarchie de cette organisation, la OS-01 était la plus importante et confidentielle. Les sections sont extrêmement spécialisées : il y a même la OpSpec 17  chargée de l’Élimination de Vampires et de Loups-Garous (les suceurs et mordeurs).
Thursday est affectée à la Brigade Littéraire (OS-27) mais va être prêtée à la OS-05 pour une mission confidentielle et va donc être beaucoup plus considérée du fait de son importance. Pour remplir sa mission elle va être mutée dans la ville de son enfance. Un inconvénient de taille: elle va y recroiser l’homme qu’elle aurait dû épouser ( je vous laisse découvrir ce qui a été un obstacle au mariage). Coté famille, Thursday a un père qui apparait et disparaît en figeant le temps et un oncle, Mycroft, inventeur fou mais génial. Il a inventé entre autres un olfactographe ( c’est comme un appareil pour reconnaitre les empreintes digitales mais qui détermine l’empreinte olfactive propre à chaque individu) et le « Portail de la Prose »…
La OS-27 s’occupe entres autres de contrefaçon, de plagiat, de marché noir et des libertés prises vis-à-vis du texte.
Elle va se trouver confrontée à son ancien professeur Acheron Hadès, frère de Styx qui fait disparaitre des personnages des romans… Acheron Hadès… ce n’est pas rien ! Hadès, c’est le Maître des Enfers, Acheron, l’un des cinq fleuves des Enfers, tout comme Styx..
Acheron est recherché pour chantage, meurtres et bien d’autres choses… et il est porté disparu, et même considéré comme mort… mais…
Pour mener à bien sa mission, sauver Jane Eyre et détruire Achéron, Thursday va devoir sauter dans le roman, sans être sûre de pouvoir un jour retourner dans son propre monde… 

C’est un roman foisonnant qui fait voyager dans le temps, dans l’imaginaire, au pays du mal et du bien… On y croise des animaux disparus, des personnages de roman, on peut même rêver – ou cauchemarder – de changer le cours de l’histoire… 

Il faut absolument lire cet auteur ! C’est jubilatoire !!!! 

Extraits:

L’air froid tiédit sur mon visage ; le chemin s’évanouit ; le cheval, le cavalier, la jeune femme et le chien regagnèrent les pages du livre d’où ils avaient surgi. La salle du musée se matérialisa autour de moi. Les images, les odeurs se retransformèrent en paroles pendant que la lectrice terminait sa phrase.

… Il n’y a point de meilleure raison pour commettre des actes odieux et détestables  – et, soyons francs, je me targue d’être un expert en la matière  – que la simple beauté du geste. L’appât du gain, c’est très bien, mais ça rabaisse la malveillance à un niveau accessible à quiconque souffre d’une cupidité hypertrophiée. Le mal véritable et gratuit est aussi rare que le bien à l’état pur  – or nous savons tous combien ceci est difficile à trouver…

j’étais sur la piste d’un grand criminel capable de voler des pensées et de projeter des images à volonté ; qui était invisible sur pellicule et pouvait rire et tuer en même temps.

— Les mots sont comme des feuilles, Thursday. Et comme les gens, du reste, ils préfèrent rester entre eux.

Quarante-deux meurtres, mon ami. Le plus dur, c’est le premier. Après, ça ne compte plus ; on ne vous pendra qu’une seule fois. C’est un peu comme quand on entame un paquet de sablés au beurre ; impossible de s’arrêter au premier.

– Je pense que vous auriez pu mettre à profit votre immense intellect pour servir l’humanité, plutôt que de lui nuire.

Archéon eut l’ai blessé.
– Quel intérêt ? La bonté est faiblesse, l’amabilité est délétère, la sérénité est médiocrité et la gentillesse, c’est pour les perdants. Il n’y a point de meilleure raison pour commettre des actes odieux et détestables – et soyons francs, je me targue d’être un expert en la matière – que la simple beauté du geste. L’appât du gain, c’est très bien, mais ça rabaisse la malveillance à un niveau accessible à quiconque d’une cupidité hypertrophiée. Le mal véritable et gratuit est aussi rare que le bien à l’état pur…

Les barrières entre réalité et fiction sont plus minces que nous ne l’imaginons, un peu comme un lac gelé. Des centaines de personnes peuvent le traverser, mais un soir, ça dégèle à un endroit, et quelqu’un tombe dans le trou. Le lendemain matin, la couche de glace s’est déjà reformée. 

Tous les livres qui existent sur la planète, sous quelque forme que ce soit, résultent de cet acte initial de création. Si l’original change, ils sont obligés de changer aussi. Imaginez que vous remontez cent millions d’années en arrière pour modifier le code génétique du premier mammifère ; nous serions tous complètement différents à l’heure qu’il est. Eh bien, ici, c’est pareil.

C’était austère et peu accueillant. Je remarquai tout cela, mais par-dessus tout, je remarquai le silence ; le silence d’un monde sans machines volantes, sans circulation automobile et sans grandes métropoles. L’ère industrielle avait à peine commencé ; la planète avait atteint le tournant du C’était Mieux Avant.

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