Incardona, Joseph « Stella et l’Amérique » (2024) 224 pages

Incardona, Joseph « Stella et l’Amérique » (2024) 224 pages

Auteur : Joseph Incardona, né en février 1969 à Lausanne, est un écrivain, scénariste et réalisateur suisse. De mère suisse et de père sicilien, Joseph Incardona est l’auteur d’une douzaine de livres, de scénarios (pour le théâtre, le cinéma et la bande dessinée), ainsi que réalisateur de cinéma. Il habite à Genève.

Romans  : Le Cul entre deux chaises (2002 puis 2014) –  Taxidermie (2005 nouvelle) – Banana spleen (2006 ) – Dans le ciel des bars (nouvelle)- Remington (2008) – Enjeux 7 (Collectif) : 37 m², – Lonely Betty (2010  Grand prix du roman noir français) -220 volts (2011) – Trash circus (2012) – Misty (2013) – Aller simple pour Nomad Island (2014) – Derrière les panneaux il y a des hommes (2015 – Grand Prix de littérature policière) – Permis C – (2017 – Prix du roman des Romands) – Les Poings (2017 nouvelle)  – Chaleur (2020 – Prix du polar romand) : La Soustraction des possibles – Les corps solides (2022) –  Stella et l’Amérique (2024 – Prix Replay – Prix du public RTS)

Finitude Editions – 01.05.2024 – 224 pages / Pocket – 09.01.2025 – 216 pages (Prix Polar Michel Lebrun 2024Sélection Grand Prix des lecteurs Pocket 2025) 

Résumé :

Stella fait des miracles. Au sens propre. Elle guérit malades et paralytiques, comme dans la Bible. Le Vatican est aux anges, pensez donc, une sainte, une vraie, en plein vingt et unième siècle ! Le seul hic, c’est le modus operandi : Stella guérit ceux avec qui elle couche. Et Stella couche beaucoup, c’est même son métier… Pour Luis Molina, du Savannah News, c’est sûr, cette histoire sent le Pulitzer.
Pour le Vatican, ça sentirait plutôt les emmerdements. Une sainte comme Stella, ça n’est pas très présentable. En revanche, une sainte-martyre dont on pourrait réécrire le passé… Voilà un travail sur mesure pour les affreux jumeaux Bronski, les meilleurs pour faire de bons martyrs. A condition, bien sûr, de réussir à mettre la main sur l’innocente Stella. C’est grand, l’Amérique. Avec sa galerie de personnages excentriques tout droit sortis d’un pulp à la Tarantino et ses dialogues jubilatoires dignes des frères Coen, Joseph Incardona fait son cinéma.

Mon avis:
Jubilatoire! Irrévérencieux, plein d’empathie et de tendresse et avec de l’action en veux-tu en voilà.… Alors non je ne vais rien vous dévoiler. Ce serait trop dommage !
Stella est belle, jeune… mais c’est une prostituée et il faut coucher avec elle pour être guéri… Stella est empathique, pleine de compassion et de l’amour de son prochain qui soigne en offrant son amour, elle est simple, spontanée, charitable, généreuse, elle est elle-même, elle est et vit par et pour son corps.. Une sainte vivante ! Qui fait des miracles et guérit toutes sortes d’incurables . Mais voilà : une prostituée peut-elle être une sainte?
Stella va se retrouver au centre de toutes les attentions – plus ou moins (plutôt moins) avouables…Parmi le panel de personnage, il y a Santa, une voyante et son mari et amour de toujours, Tarzan, il y a les frères jumeaux Bronski – des mercenaires -, le journaliste Molina, le prêtre ex-Navy Seal – principale force spéciale de la marine américaine – et il y a aussi l’Eglise qui aimerait faire de la recup’ à sa manière…
J’ai adoré ce méli-mélo , cet OLNI (objet livresque non identifié) plein d’ironie, d’humour, de drôlerie, d’inventivité et ses personnages détonnants.
Un road-movie comme je les aime… avec de l’action, du burlesque, de l’émotion, des vrais gentils et des vrais méchants. 

Extraits:

Un des clients d’hier. Il avait une de ces maladies sur le visage et les mains, du synopsis…? catharsis…?
— Psoriasis.

À quoi bon être guéri dans son corps si c’était pour se sentir coupable dans son âme ?

Car deux corps qui se rencontrent, ce n’était jamais rien, jamais anodin. Quoi qu’on en pense et qu’on en dise.

Donner était éprouvant. Donner sans relâche. Et à présent qu’elle avait découvert que le don allait bien au-delà de son corps, elle avait l’impression de vieillir prématurément dans son âme.
Comme si elle se froissait à l’intérieur d’elle-même.

Oppressé non par la solitude en elle-même, mais par celle éprouvée en présence de l’autre, la pire qui soit.

La seule façon qu’elle avait trouvée de n’appartenir à personne était de se donner à tout le monde. 

La pudeur est une mesure possible de la délicatesse. 

Une main dans la vôtre, fermez les yeux, voilà ; le toucher, réfléchissez-y bien, une main dans la vôtre quand cette main vous dit quelque chose, quand elle palpite, peu importe qu’elle soit douce ou rêche ou froide ou tiède, peu importe, quand cette main serre la vôtre, qu’elle demande, comme une quête, un peu de compassion.
Une main, songez-y : c’est immense.

Quand on ne fait plus que causer parce que la vie est ailleurs, comme quand on écrit parce que tout ce qui n’est pas dit se perd.

« La seule journée facile c’était hier. » Autrement dit, une application concrète et sémantique de la loi de Murphy où le pire est une certitude.

La compersion fait que vous êtes heureux du bonheur de l’autre.

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