Robert, Emmanuelle « Immaculée connexion » (2025) 456 pages
Autrice : Née en 1975 à La Chaux-de-Fonds, Emmanuelle Robert a grandi à Montreux. Preuve que le latin mène à tout, elle a été journaliste et a travaillé pour diverses organisations non gouvernementales avant de rejoindre le service public. Avec «Malatraix», cette passionnée de course à pied et de polar signe son premier roman en 2021. Elle revient avec « Dormez en Peilz » (2023) , « Le festin de la bête» (2024) , « Immaculée connexion » (2025) – Retrouvez-la sur emmanuellerobert.ch.
Editions Slatkine – 12.08.2025 – 456 pages
Résumé:
Qui n’a pas rêvé de tout plaquer pour repartir de zéro ?
Le 11 novembre 1985, la police fribourgeoise démantèle un laboratoire d’héroïne aux Paccots, révélant la plus grosse saisie de drogue jamais réalisée en Suisse. Trente-huit ans après, ce roman imagine le destin des « petites mains » de cette affaire. Les femmes fatales ont l’âge d’être grand-mères, les vieux gangsters sont fatigués. Cependant, un jeune homme un peu perdu va raviver, malgré lui, d’anciennes blessures. Alexandre assiste par hasard au meurtre d’un dealer sur la place de la Gare, à Vevey. Paniqué à l’idée d’être soupçonné, il prend la fuite. Il est recueilli par une vieille dame du quartier puis dans un chalet de montagne. Pour se protéger, il doit se déconnecter de l’intelligence artificielle qui le fascine.
Toutes et tous ont en commun de chercher leur place dans un monde incertain, avec la soif de vivre chevillée au corps.
Après le succès de Malatraix et de Dormez en Peilz, Emmanuelle Robert explore le basculement de destins ordinaires en signant un thriller foisonnant, entre crimes du passé et interrogations contemporaines. Elle questionne aussi le silence sur le rôle des femmes dans les organisations criminelles.
Mon avis:
Troisième roman de cette autrice suisse que je lis. Après les randonnées en montagne, la plongée dans le lac, place à la « neige ». Pas celle qui vient immédiatement à l’esprit quand on parle de la neige en Suisse. Et pourtant…
Sympa l’idée d’imaginer la suite d’une histoire qui a vraiment eu lieu, 40 ans après, le point de départ du récit se situant en 1985. Et je trouve sympa de suivre les « truands » de 1985 maintenant… différents, plus âgés, rangés des voitures, mais toujours là…
Tout commence par un jeune homme qui se fait assassiner. Un jeune dealer de drogue et les vieux sortent de l’anonymat, bien malgré eux…
Les personnages sont juste comme j’aime! Le duo totalement improbable de la vieille dame et du jeune homme toujours en retard et accro à son téléphone…qui va se retrouver en pleine cambrousse, totalement déconnecté, sans téléphone, sans internet, … Chez Anne-Marie, c’est la zone… un vieux transistor, des vieux bouquins, des promenades en foret.. pas un troquet à l’horizon. Le calme plat chez une vieille paysanne bourrue qui fut cuisinière dans sa jeunesse… mais attention… il ne faut pas toujours se fier aux apparences… A Vevey, il y a la copine d’Anne-Marie, la mamie Madeleine, et sa petite voisine qui travaille en EMS (EPAD pour les Français) … Sans oublier un personnage qui donne des conseils qui sont peut-être pleins de bon-sens mais attention de bien réfléchir avant de les suivre : le fameux ChatGPT ou plutôt Ji-Pythie. Sans oublier le jeune immigré clandestin qui est près à tout pour rapatrier le corps de son frère, le jeune dealer qui s’est fait tuer et se retrouve dans le monde des anciens…
Des lieux à priori bien tranquilles : la petite ville de Vevey, la petite station de ski Les Paccots… vous savez, ces endroits où il ne se passe jamais rien dans cette petite Suisse bien proprette et tranquille…
C’est aussi avec plaisir qu’on y retrouve l’inspectrice Antigone (mais elle ne fait que rappeler son existence). Comme dans les romans de cette autrice, le vocabulaire local est bien présent. C’est bien la première fois que je retrouve le « tintébin » dans mes lectures 😉
Au programme : le trafic de drogue et de médocs, Naples, la Mafia, les règlements de compte, le crime organisé, les combats truqués, les relations du passé… et les personnages les plus improbables cachent de bien étranges secrets du passé… et surtout la place des femmes n’est pas négligeable
Evidemment j’ai adoré !
Un grand merci aux éditions Slatkine pour leur confiance et à l’autrice pour sa jolie dédicace. Et je trouve que la couverture du livre est très réussie ( Attention moi je n’ai pas mis la couverture mais une vue des Paccots…)
Extraits:
Il en avait sa claque de cette place qui monopolisait l’attention parce que les trafics s’y déroulaient au vu et au su de tout le monde. Il aurait aimé que l’on braque les projecteurs sur des misères autrement discrètes, à l’exemple de ces gens qui préféreraient crever plutôt que de demander des aides auxquelles ils avaient pourtant droit; ces femmes terrorisées par leur conjoint, qui refusaient de porter plainte; ces enfants déscolarisés, couverts de crasse et probablement abusés. Ces tragédies se déroulaient en silence, derrière des portes closes.
La nostalgie, c’est comme la rouille, si tu ne fais pas attention, elle finit par te ronger complètement.
Moi j’ai réfléchi et la vraie question qu’on ne pose pas, c’est pourquoi les gens ont besoin des paradis artificiels. Les vrais coupables, qui ne seront jamais jugés, c’est ceux qui font que cette société broie les gens, que les jeunes ne trouvent pas leur place et qu’il y a tellement de suicides. Je dis ça, je dis rien.