Jónasson, Ragnar «Snjór» (2016)
Auteur : Islandais, né à Reykjavik , 1976. Ila découvert à 13 ans les livres d’Agatha Christie et a commencé à les traduire en islandais à 17 ans! Ses grands-parents sont originaires de Siglufjördur, la ville où se déroule Snjór, et où a grandi son père. Avocat et professeur de droit à l’Université de Reykjavik, il est aussi écrivain et le cofondateur du Festival international de romans policiers «Iceland Noir ».
C’est l’agent d’Henning Mankell qui a découvert Ragnar Jónasson et vendu les droits de ses livres dans quinze pays. Mörk a été élu « Meilleur polar de l’année 2016 » selon le SundayExpress et le Daily Express, et a reçu le Dead Good Reader Award en Angleterre.
Série Dark Iceland : 1er tome (Sorti en mars 2017 en poche aux éditions Points)
Tome 1 Snjór (Neige), Tome 2 Mörk (Frontière) – Tome 3 Nátt (Nuit) (2018) – Tome 4 Sótt (Fièvre) (2018) Tome 5 Vík (Baie) (2019) !! se passe avant le tome 4 – Tome 6 Sigló (2020)
Donc je continue ma découverte des auteurs islandais; après Arnaldur Indridason (voir livres commentés sous « I ») et Bergsveinn Birgisson (roman), je découvre Ragnar Jónasson; et il y en a bien d’autres : Arni Thorarinsson, Yrsa S igurdardóttir (Actes Sud) , Lilja Sigurdardóttir (Métailié), Árni Þórarinsson, Jón Hallur Stefansson, Stefán Máni, Viktor Arnar Ingólfsson, Óttar Martin Nordfjord, Eiríkur Örn Norðdahl (Métailié) , Jón Kalman Stefansson (D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds) , Einar Már Guðmundsson (Gaïa), Sjón (Rivages), Andri Snær Magnason , Auður Ava Ólafsdóttir,Hallgrímur Helgason, pour ne citer qu’eux… Cela en fait quand même un certain nombre pour un si petit pays…
Résumé : Quand la mort vient frapper aux portes des honnêtes gens. Un village sans histoire, vraiment ? Un huis-clos à l’anglaise dans le plus grandiose des décors scandinaves. Siglufjördur, ville perdue au nord de l’Islande, où il neige sans discontinuer et où il ne se passe jamais rien. Ari Thór, qui vient de terminer l’école de police à Reykjavik, y est envoyé pour sa première affectation. Mais voilà qu’un vieil écrivain fait une chute mortelle dans un théâtre et que le corps d’une femme est retrouvé, à moitié nu, dans la neige. Pour résoudre l’enquête, Ari Thór devra démêler les mensonges et les secrets de cette petite communauté à l’apparence si tranquille.
Mon avis : Mais qu’allait-il faire dans cette congère ? Quand le jeune Ari Thór postule pour un poste à Pétaouchnock-les-Olivettes (vous m’excuserez mais le nom est imprononçable et pas plus facile à écrire) sa vie se retrouve totalement bouleversée. Faut dire qu’il s’est mis tout seul dans une situation impossible. Il accepte de se rendre au bout de nulle part, sans en parler avec sa fiancée, pour une période de deux ans… Evidemment ça met un coup de (gros) canif dans leur relation amoureuse ! Donc il débarque dans son tas de neige ou en théorie il ne se passe jamais rien… et où les étrangers (comprendre les gens qui ne sont pas du coin) sont pas trop bien vus… Le moral en prend un sale coup … L’ambiance n’est pas à la rigolade, de quoi déprimer sec ( enfin non.. pas sec.. mouillé en plus) … ce qu’il va faire… Quand le personnage local décéde brusquement, histoire de s’occuper, il va se lancer dans l’investigation, au grand dam de son supérieur qui ne veut surtout pas déranger le manteau de neige qui rend cette petite bourgade bien tranquille et feutrée… Et quand on farfouille … on finit par trouver. Alors on met les moufles, on sort la pelle pour déblayer devant sa porte et on saute à pieds joints dans la poudreuse ! Dans un huis-clos oppressant et silencieux, les ombres du passé vont se matérialiser. J’ai bien aimé et je vais enchainer sur le deuxième…
Extraits :
Il n’était pas loin de minuit mais il faisait encore clair. Les jours rallongeaient. À cette époque de l’année, chaque nouvelle journée, plus lumineuse que la veille, portait en elle l’espoir de quelque chose de meilleur
Il neigeait. Elle regarda par la fenêtre ces flocons si beaux, blancs comme des perles, qui lui procuraient un sentiment de tranquillité.
Chaque fois, il retombait dans le sommeil et dans un rêve différent du précédent. Comme une série de courts-métrages dont il était à la fois le scénariste, le réalisateur et l’acteur principal.
Ses parents lui offraient toujours un livre à Noël. La tradition islandaise de lire un nouveau livre la veille de Noël jusqu’aux petites heures du matin tenait un rôle important dans sa famille.
Il avait atteint l’âge où l’on peut écrire ses mémoires, mais qui aurait pu éprouver la moindre envie de lire le récit de sa vie ? Pas lui, en tout cas. Il préférait mettre ses promenades à profit pour se souvenir. Ses mémoires, il les écrivait en pensée.
La nouvelle s’était répandue comme la première gelée de l’hiver.
Cette petite ville paisible étouffait sous la neige. L’étreinte familière de l’hiver devenait plus étouffante que jamais.
Il éprouvait le besoin de trouver des réponses aux questions que la philosophie – qu’il venait d’abandonner – ne parvenait pas à cerner. Il est possible aussi qu’il ait choisi la voie la plus éloignée de celle de son défunt père, qui était comptable. Platon ou Dieu – tout plutôt que Mammon, la divinité de la cupidité et de l’avarice.
Pour des raisons qu’elle n’avait jamais vraiment comprises, elle ne réussissait pas à suivre le rythme de ses contemporains – ou peut-être à s’accorder à leur mélodie.
Info (source Wikipédia) : Mammon, dans le Nouveau Testament de la Bible, est la richesse matérielle ou l’avarice, souvent personnifiée en divinité, et parfois incluse dans les sept princes de l’Enfer. Mammon serait un mot d’origine araméenne, signifiant « riche ». Néanmoins son étymologie est obscure. Certains le rapprochent de l’hébreu matmon, signifiant trésor, argent. D’autres le rapprochent du phénicien mommon signifiant bénéfice. Dans le Talmud, ainsi que dans le Nouveau Testament, le mot « Mammon » signifie « possession » (matérielle), mais il est parfois personnifié. « Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l’un et aimera l’autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon (Matthieu 6:24). »