Jónasson, Ragnar «Nátt» (2018)

Jónasson, Ragnar «Nátt» (2018)

Auteur : Islandais, né à Reykjavik , 1976. Il a découvert à 13 ans les livres d’Agatha Christie et a commencé à les traduire en islandais à 17 ans! Ses grands-parents sont originaires de Siglufjördur, la ville où se déroule Snjór, et où a grandi son père. Avocat et professeur de droit à l’Université de Reykjavik, il est aussi écrivain et le cofondateur du Festival international de romans policiers «Iceland Noir ».

C’est l’agent d’Henning Mankell qui a découvert Ragnar Jónasson et vendu les droits de ses livres dans quinze pays. Mörk a été élu « Meilleur polar de l’année 2016 » selon le SundayExpress et le Daily Express, et a reçu le Dead Good Reader Award en Angleterre.

Série Dark Iceland :   3ème tome –
Tome 1 Snjór (Neige), Tome 2 Mörk (Frontière) – Tome 3 Nátt (Nuit) (2018) – Tome 4 Sótt (Fièvre) (2018) Tome 5 Vík (Baie) (2019) !! se passe avant le tome 4 – Tome 6 Sigló (2020)

Note de l’éditeur : les événements de Nátt se situent un peu après Snjór, premier volume de la série des enquêtes d’Ari Thór, et un peu avant Mörk, le deuxième volume. Tous les romans de Ragnar Jónasson peuvent toutefois être lus de façon indépendante.

Editions La Martinière – 8.3.2018- 340 pages

Résumé : En Islande, les fjords et les volcans dissimulent des secrets macabres. Une seule règle : ne pas se fier aux apparences. C’est l’été à Siglufjördur. Le climat de ce village du nord de l’Islande est si rude que le jeune policier Ari Thór voit arriver avec soulagement cette saison où le soleil brille à toute heure du jour et de la nuit. Mais le répit est de courte durée. Un homme battu à mort est découvert sur les bords d’un fjord tranquille.

Une jeune journaliste vient fouiner d’un peu trop près. Que cherche-t-elle à découvrir ? Ou à étouffer ? Surtout, l’éruption spectaculaire de l’Eyjafjallajökull recouvre peu à peu toute l’Islande d’un épais nuage de cendres. Cette étrange « nuit » – nátt, en islandais – fait remonter les secrets les plus enfouis. Personne ne sera épargné. Pas même Ari Thór, qui doit pourtant boucler son enquête au plus vite, s’il veut éviter de nouveaux crimes.

Mon avis : Cette fois ci on n’est pas enfoui sous la neige, ni dans l’obscurité hivernale. Mais on n’échappe pas à la noirceur du fait de l’éruption de l’Eyjafjallajökull qui disperse ses cendres partout à la ronde et même plus loin… Normalement on ne devrait pas pouvoir fermer l’œil de la nuit car il devrait faire jour 20 heures par jour… mais il y a les cendres pour nous rendre l’atmosphère glauque à souhait  L’obscurité règne, à l’unisson avec les caractères des personnages.  Une fois encore les petites villes isolées sont le théâtre d’histoires pas jolies jolies. Entre la violence domestique, la violence sur mineurs, la différence entre la capitale et les campagnes. Ah c’est qu’ils sont plutôt torturés et mal dans leur peau les personnages de Jónasson. Ils sont authentiques, purs produits du climat et de la solitude, des conditions de vie dans des contrées difficiles. Ce sont des taiseux, des violents, des gens en manque de communication.  Entre leurs histoires d’amour qui péclotent grave et leur passé qui leur colle à la peau comme un boulet …

Une jeune journaliste, Isrùn, qui en a marre de ne pas être prise en considération par son chef va s’inventer un informateur pour se rendre sur le lieu du crime. A la base elle souhaite également en savoir plus sur sa famille, et principalement sur sa grand-mère, à laquelle elle ressemble mais qu’elle n’a jamais connue.

J’ai bien aimé que l’auteur nous fasse visiter un peu l’Islande dans ce roman, ce qu’il n’avait pas trop fait dans les deux autres.

Extraits :

Il se réveillait juste à temps pour le JT du soir qu’il regardait en se préparant à dîner : poisson quatre fois par semaine, steak haché le vendredi, poulet le samedi et agneau le dimanche.

Il en allait ainsi chaque semaine, dans une répétition infinie, à la fois rassurante et étouffante.

Avec le temps, il s’était comme vidé de ses émotions ; rien ne le touchait ni ne l’affectait.

Ari Thór buvait son thé de Noël. Il avait le même goût que n’importe quel autre thé – aucun arôme particulier. Il se demanda si, au fond, Noël était censé avoir un goût spécial. Il n’y avait jamais pensé. Il se rappela que sa mère lui avait un jour expliqué que pour elle Noël était associé à l’odeur des pommes, sans doute parce que les pommes étaient rares en Islande à l’époque où ses parents étaient des enfants.

Je regarde par la fenêtre quand je me lève, le matin. S’il y a du monde dans les rues, c’est la semaine, sinon, c’est le week-end. Ça me suffit. La vie est tellement simple quand personne n’en a rien à foutre de vous !

Nous étions dans son salon, si tant est qu’on puisse appeler ça un salon : la maison était si petite que le séjour et la cuisine se trouvaient dans la même pièce.

Peut-être qu’un peu de changement me ferait du bien.
Il retomba un moment dans le silence.
— Je ne sais pas. Et si j’étais trop vieux ? On ne peut pas arracher un arbre quand ses racines sont enfouies trop profond.
— Ça vaut le coup d’y réfléchir.

Elle était d’humeur sombre, si sombre que l’été semblait incapable de pénétrer dans sa maison.

Photo : l’Eyjafjallajökull

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