Walker, Wendy «Emma dans la nuit» (2018)

Walker, Wendy «Emma dans la nuit» (2018)

Auteur : Ancienne avocate spécialiste en droit de la famille, en droit commercial et banquière d’affaires, Wendy Walker est aujourd’hui romancière et éditrice dans le comté de Fairfield, Connecticut. Elle commence son travail d’écriture pour les éditions St Martin’s Press avec deux romans féminins, puis la série Chicken Soup for the Soul. Tout n’est pas perdu est son premier thriller psychologique. Avant même sa parution, il est très vite repéré par l’équipe de production de Gone Girl de David Fincher et est en cours d’adaptation par la Warner Bros.

Wendy Walker s’intéresse particulièrement à la psychologie et aux avancées de la recherche scientifiques sur la mémoire. L’auteur analyse dans « Tout n’est pas perdu » les mécanismes du souvenir et du syndrome post-traumatique. « Emma dans la nuit » est son second roman publié en France, en 2018.

Sonatine – 15.02.2018 – 312 pages

Résumé : Emma, 17 ans, et Cass, 15 ans, sont les sœurs Tanner, devenues tragiquement célèbres depuis leur inexplicable disparition. Après trois ans d’absence, Cass frappe à la porte de chez ses parents. Elle est seule. Elle raconte comment sa sœur et elle ont été victimes d’un enlèvement puis retenues captives sur une mystérieuse île. Emma y serait toujours. Mais la psychiatre qui suit cette affaire, le Dr Abigail Winter, doute de sa version des faits et s’intéresse de plus près aux Tanner.
Elle finit par découvrir, sous le vernis des apparences, une famille dysfonctionnelle régentée par une mère narcissique. Que s’est-il réellement passé trois ans auparavant ? Cass dit-elle toute la vérité ? Passée maître dans l’art de tisser sa toile psychologique, l’auteur de Tout n’est pas perdu réussit une fois encore à nous emporter avec ce récit sombre et fort. Chaque personnage livre peu à peu sa personnalité, fascinante, trouble et complexe, et les liens familiaux deviennent bientôt comme un bâton de dynamite dont on aurait allumé la mèche.

Mon avis : C’est suite à une  vidéo que j’ai découvert ce livre.  Et comme j’aime la psychologie, j’ai ajouté le titre à ma liste. Et j’ai accroché, comme j’avais accroché pour le premier. En plus d’être instructif et intéressant, c’est du suspense. Le roman repose sur la pathologie du Narcissisme maternel, qui est extrêmement bien expliquée et documentée dans le roman.

J’ai aussi été interessée par le choix des noms / prénoms et leur signification. Emma signifie « grand, puissant « , Cassandra « celle qui protège ». Quant à Judy, si cela vient de Juda, cela veut dire   « opportuniste et ambitieux ».

Mais quelle famille recomposée ! Les relations entre les enfants et les parents sont anormales, le demi-frère est tordu, les pères … on n’en parle pas… les liens entre les différents membres de la famille sont pleins de secrets et de non-dits, la défiance et la trahison sont partout.

A l’origine, le mythe de Narcisse et la façade de protection que les narcissiques érigent pour se protéger du monde extérieur, et le manque de conscience des autres, peu importe qu’il s’agisse d’adultes ou de leurs propres enfants. Tout le livre est construit sur la relation mère /filles et comment fonctionne une mère narcissique.  Mis à part le contexte, l’histoire que nous raconte Cass est le récit de la disparition de deux jeunes filles de 18 et 15 ans … Pourquoi ? Où ? Comment ? mystère. Et le suspense va durer jusqu’à la dernière page. Machiavélique et tout en psychologie. Si vous souhaitez de l’action et du sang, le livre n’est pas pour vous. Mais si vous aimez la psychologie, vous allez vous régaler ! Ecoutez Cass … vous ne serez pas déçus. Et si vous apprenez à repérer certains traits de caractères des mères narcissiques, c’est toujours utile…

 

La vidéo citée : Avis de Severine Lenté  (Ilestbiencelivre)  : https://www.youtube.com/watch?v=IvwuAy4OSK4&t=1s&fbclid=IwAR3F84RsEFph20ZYhERdAEbhODtWNfBSufJO631uq0sjvyRqpPkvLsfFwJE

 

Extraits :

Vanter les mérites de quelqu’un qui vous ressemble, qui a les mêmes attitudes et porte les mêmes vêtements que vous, c’est un peu comme s’adresser des compliments à soi-même. Sauf que, si on y réfléchit bien, c’est une arnaque. D’une certaine manière, l’autre vous pique des compliments qui vous étaient destinés

De ces moments, il ne me reste que des bribes de souvenirs, des morceaux qui ne s’emboîtent plus, comme des bris de verre usés, leur tranchant émoussé.

Elle était réactive et adaptable. Peu lui importait l’issue. Seul l’instinct de préservation l’animait.

Mais à quoi sert de connaître l’avenir si on n’a pas le pouvoir de le changer ?

Chaque détail joué et rejoué à l’infini. Les regrets vivaient en moi ; ils me dévoraient de l’intérieur.

En dépit de ce qu’on racontait aux informations, les adolescents ne disparaissaient pas par hasard. Il y avait généralement un traumatisme grave en arrière-plan. Négligence chronique, maltraitance, instabilité, dysfonctionnement. Le trou noir du manque.

Mais quand on est jeune, on considère que tous les gens plus âgés sont simplement « vieux » et on n’imagine pas qu’ils puissent vieillir encore.

Sa douleur, songea-t-elle, était un parasite qui s’était nourri de lui pendant tout ce temps. Et rien ne pourrait remplacer les morceaux manquants.

Je pense qu’il y a deux sortes de personnes : celles qui ont un cri à l’intérieur et les autres. Les premières sont toujours trop en colère, trop tristes ou elles rient trop fort, jurent trop, prennent des drogues ou ne tiennent pas en place. Parfois, elles chantent à tue-tête avec les vitres baissées. Je ne crois pas qu’on naisse avec le cri. Ce sont les autres qui vous le mettent à l’intérieur, avec ce qu’ils vous font, vous disent ou ce que vous les voyez faire ou dire. Et je ne pense pas qu’on puisse s’en débarrasser. Si vous n’avez pas le cri, vous ne pouvez pas comprendre.

Les gens croient ce qu’ils ont envie de croire.

Mais ce n’était pas simple de préserver les apparences. Les sujets narcissiques devaient donc devenir des manipulateurs de premier ordre. Ils s’entouraient de gens qu’ils pouvaient contrôler et dominer. Et ils apprenaient à les reconnaître au premier coup d’œil. Ils savaient être charmants et dégager de l’assurance pour attirer leurs proies.

Je trouvais ça réconfortant de comprendre, même s’il s’agissait d’une chose déplaisante.

Elle ne précisa pas que c’était un comportement typique de mère narcissique : briser l’alliance qui se formait contre elle par tous les moyens, sans hésiter à recourir à la violence et à la terreur pour rappeler ses sujets à l’ordre.

Aucun secret n’est en sécurité. Jamais. À moins de ne se confier à personne. C’était évident.

à partir du moment où vous accordez votre confiance à quelqu’un, il peut vous trahir un jour. Peu importe qui est cette personne, et si elle le fait exprès ou non.

le mal existe, et qu’il peut prendre les traits de l’amour de manière si convaincante qu’il rend les gens aveugles.

Après un coup pareil, on doute de tout. On se méfie de son propre jugement, de vérités qu’on tenait pour acquises, parfois si profondément enracinées en nous qu’on ignorait qu’elles étaient là et façonnaient nos pensées.

Elle se moquait de découvrir un jour qu’elle n’était pas invincible. C’était comme la beauté. Elle voulait en profiter tant qu’elle pouvait. Sinon, à quoi bon ?

il arrivait un moment dans la vie où les notes et la réussite scolaire avaient peu d’importance. Ce qui comptait, c’était le nom de l’établissement qu’on avait fréquenté et celui de l’université à laquelle il permettait d’accéder. Puis c’était le nom de l’endroit où on travaillait, de son employeur, et pourquoi pas de la fac si on devenait professeur. Des noms, des noms et encore des noms.

J’avais l’impression de tirer sur une corde et que rien ne se produisait. Elle s’enroulait, c’est tout, mais rien ne bougeait. Rien ne bougeait ! Rien ne se passait !

Quels sont les principes de base ? L’ego parfait, mais fragile, qui a constamment besoin d’être nourri. Toujours affamé.

Elle allait être le théâtre d’une bataille intérieure. Son moi et son alter ego allaient se disputer le contrôle de son esprit.

C’est ce qui se produit quand on n’a plus confiance. On veut des preuves. Les mots et les promesses ne suffisent plus.

Les meilleurs mensonges sont ceux qui sont le plus proches de la vérité.

La vérité, c’est que rien n’est important, sauf si on décide que ça l’est.

 

 

Infos : Mythologie : Freya, la déesse de l’amour et de la fertilité dans la mythologie nordique :   https://mythologica.fr/nordique/freyia.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *